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Bilan économique : 2020, l'année des tristes records
Publié dans Business News le 31 - 12 - 2020

Depuis la révolution, chaque année pour se rassurer on se disait qu'on avait touché le fond au niveau économique et qu'on ne pouvait pas tomber plus bas. Et chaque année, on arrivait à faire pire. Mais avec la crise du Covid-19, la situation a carrément dégénéré mettant en péril un grand pan de l'économie nationale et révélant au grand jour toutes les défaillances. 2020 restera ainsi dans les annales et dans la mémoire collective tunisienne, comme étant l'une des pires années depuis l'indépendance du pays et comme l'année des tristes records de la Tunisie moderne. Retour sur une année pas comme les autres.

Le constat est affligeant : la pandémie a laissé des séquelles profondes en Tunisie. Même si, il faut bien l'admettre, elle n'a fait qu'accélérer une crise déjà existante, héritage des différents gouvernements qui se sont succédé après la révolution.
Les chiffres sont assez éloquents et certains font carrément froids dans le dos. Ainsi et selon les résultats d'une étude réalisée par l'INS et la Banque mondiale, 54% des entreprises parlent d'une fermeture définitive ; 75% des entreprises exportatrices rapportent une diminution de la demande extérieure alors que leur taux d'imposition va passer à 18% ; 74% des entreprises touristiques, qui emploient 60.000 personnes, évoquent la possibilité d'une fermeture définitive ; et 50% des entreprises avouent avoir des difficultés de financement et des difficultés à se fournir en matière première.
Plusieurs secteurs sont plus que sinistrés notamment le tourisme (notre reportage à Djerba est très parlant) et le secteur des industries mécaniques et électriques, avec à leur tête celui des composants automobiles et électriques. Premier exportateur, ce dernier est en baisse nette de régime et une étude de EY estime que les pertes uniquement dans le secteur des composants automobiles peuvent atteindre 17.537 emplois à la fin de l'année 2020.


En termes de croissance, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une contraction de croissance de 7% en 2020. Des prévisions revues à la baisse, car en avril dernier, il prévoyait une contraction de 4,3%. Côté gouvernement tunisien, en juillet 2020 et suite à des études réalisées, le gouvernement tablait sur une contraction de la croissance de 6,5% (la cinquième fois après l'indépendance où l'on enregistre une croissance négative et deuxième fois après la révolution).
Pour sa part, et selon les chiffres de l'Institut national de la statistique (INS), le produit intérieur brut a diminué de 6% au cours du troisième trimestre de 2020 par rapport au troisième trimestre de 2019. L'économie tunisienne a enregistré au cours des neuf premiers mois de cette année une baisse de 10% par rapport à la même période l'an dernier.
S'agissant de l'emploi, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)-Tunisie estime une hausse du taux de chômage de 21,6% contre 15% au premier trimestre 2020, soit près de 274.500 nouveaux chômeurs sur l'année 2020.
Les chiffres publiés par l'INS ne confortent pas cette tendance, puisque le taux de chômage a augmenté sensiblement au deuxième trimestre pour atteindre 18% puis il s'est replié à 16,2% au troisième trimestre 2020. Mais en prenant en considération les chiffres sur les fermetures définitives d'entreprises, les effets de la crise Covid-19 sur l'emploi peuvent survenir dans les mois prochains.
Le tout, sachant que 44,8% de la population active soit 1.598.500 personnes travaillent dans le circuit informel, en se référant à des enquêtes réalisées par l'INS au cours des 2ème, 3ème et 4ème trimestres 2019 et publiée en septembre dernier.

Côté investissement, les chiffres des onze premiers mois de 2020 avancés par l'Agence de promotion de l'industrie et de l'innovation (APII) sont assez optimistes avec une hausse des investissements déclarés dans le secteur industriel de 2,6% pour atteindre un montant de 2.712,6 millions de dinars (MD) contre 2.642,7 MD avec 3.102 projets déclarés qui permettront la création de 47.041postes d'emplois.
Ceux de l'Agence de Promotion de l'Investissement Extérieur (Fipa) sont beaucoup plus terre à terre et reflètent la situation du pays. Selon l'agence, les investissements étrangers en Tunisie ont sensiblement baissé pendant les neuf premiers mois de 2020. Ils sont passés de 2.048,4 millions de dinars, fin septembre 2019, à 1.506,6 millions de dinars (MD), fin septembre 2020.

Coté commerce extérieur, le déficit commercial a poursuivi sa chute des suites du raz-de-marée du Covid-19, selon les chiffres de l'INS. La contraction pour les onze premiers mois de 2020 a été conséquente de près du tiers (-34,45%) en diminution de 6,13 milliards de dinars, mais elle est due à une contraction de l'ensemble de nos échanges (imports et exports) et non pas une hausse des exportations.
En outre, le plus gros du déficit est énergétique : 34,6% du total du déficit. Toutefois, il a baissé significativement de plus de 42,37% pour s'établir à plus de 4,03 milliards de dinars au mois de novembre 2020.
La contraction du déficit commercial a engendré une régression importante du déficit de la balance des paiements courants au cours des onze premiers mois de 2020 pour revenir à 6,2% du PIB, contre 7,9% durant la même période de l'année précédente.
La réalisation d'un bon niveau des revenus du travail (+7%) a permis de couvrir une partie du déficit, malgré la forte baisse des recettes touristiques de 63,9%. Cette situation a contribué à la consolidation du niveau des avoirs nets en devises qui ont atteint 22.924 MD ou 160 jours d'importation au 29 décembre 2020 contre 19.125 MD et 108 jours d'importation à la même date de l'année précédente.

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En ce qui concerne le budget de l'Etat, les choses ne sont pas meilleures. Au menu, déficit budgétaire record et endettement record, le tout pour subvenir au paiement des salaires et aux augmentations salariales.

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Cette année 2020 a été ponctuée par une baisse conséquente des ressources fiscales (30, 22 milliards de dinars en 2020 contre 35,86 milliards de dinars en 2019), accouplée à une hausse conséquente des dépenses (41,71 milliards de dinars en 2020 contre 39,19 milliards de dinars en 2019). Le déficit budgétaire s'est carrément envolé augmentant de 3,44 fois, passant de 3,33 milliards de dinars en 2019 à 11,49 milliards de dinars en 2020. Les estimations évoquent ainsi un déficit budgétaire de 14%. « Un chiffre jamais atteint dans l'histoire moderne de la Tunisie », selon les propres termes du ministre de l'Economie, des Finances et de l'appui à l'Investissement, Ali Kooli.

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Au menu, une masse salariale de l'Etat atteignant 19,5 milliards de dinars en 2020, soit 17 à 18% du PIB. Outre, un milliard de dinars de plus, suite à la régularisation de la situation de 31.000 ouvriers de chantier.
Bien sûr, comme tous ses prédécesseurs, ce gouvernement n'a pas dérogé à la régle et a courbé l'échine devant l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Tout passe en augmentations salariales et primes, régularisation de situation, etc. Car pandémie ou pas, la centrale syndicale ne compte pas laisser tomber les négociations pour les augmentations salariales.
Résultat des courses, l'Etat a eu besoin de 7,36 milliards de dinars de ressources des emprunts extérieurs et 11,95 milliards de dinars de ressources des emprunts intérieurs pour boucler son budget de 2020 t pas moins de 18,5 milliards de dinars d'emprunt l'année 2021, pour un total de dépenses de plus de 40 milliards de dinars.

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Autre fait important, on apprend en se référant au projet de Loi de Finances complémentaire de 2020 que sur les 1,2 milliard de dons reçus, ainsi que les 745 millions de dollars (soit 2,2 milliards de dinars) du FMI comme soutien pour lutter contre le Covid-19, seulement 1,1 milliard ont été dépensés à cet effet. Donc, le reste ayant été utilisé ailleurs.

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Beaucoup de services vitaux de l'Etat et la production de plusieurs secteurs stratégiques demeurent entravés, et pour ceux où des accords ont été conclus, rien n'est garanti et il suffit d'une arrestation pour remettre tout en cause

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Dans ce flot d'indicateurs inquiétants, certains chiffres mettent du baume au cœur. On peut citer dans ce cadre la baisse significative du taux d'inflation qui est passé de 5,7 % en octobre 2020 à 4,9% en novembre 2020, soit le plus faible taux depuis juin 2017. Prenant en considération cette tendance baissière, le 30 septembre dernier, la Banque centrale de Tunisie a décidé de baisser le taux d'intérêt directeur de cinquante points de base pour le ramener à 6,25%, afin de contribuer à la mise en place des conditions favorables pour relancer l'investissement. Avant la crise du Covid-19, le taux directeur était situé à 7,75%.

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Autre bonne nouvelle pour cette fin d'année, alors que la pression fiscale a atteint des sommets ces dernières années, (passant de 20,1% en 2010 à 23,1 en 2018 puis 24,9 en 2019 et qui devait atteindre 25,1% en 2020 en faisant abstraction de la crise du Covid-19), le Parlement a voté pour une révision à la baisse de l'impôt sur les sociétés (IS) qui passera à 15% pour celles qui étaient soumises au régime des 25%. Une disposition qui s'appliquera sur les bénéfices réalisés à partir du 1er janvier 2021 et déclarés en 2022 et les années suivantes. Ceci permettra de donner une bouffée d'oxygène aux PME, après cette année infernale de 2020.

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2020, une année chaotique pour le monde entier qui laissera des séquelles profondes sur l'économie tunisienne. Il est plus que nécessaire aujourd'hui d'engager les réformes structurelles douloureuses qui ont été temporisées pour des raisons populistes. Nos politiques et nos gouvernants seront-ils à la hauteur de ce nouveau défi ? Rendez-vous en 2021. Bonne année à tous.

Imen NOUIRA
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