C'était la goutte qui a fait déborder le vase ! Faouzi Mehdi, ministre de la Santé, décide à la dernière minute et sans aviser personne d'organiser des journées portes ouvertes le jour de l'aïd el kebir, fête du sacrifice, sacrée pour une majorité de Tunisiens. Pour sa décision prise et annoncée la veille, le ministre de la Santé n'a informé personne au préalable. Ni ses équipes sur terrain pour qu'elles prennent leurs dispositions, ni son supérieur hiérarchique, le chef du gouvernement. Conséquence, le jour J, ce sont des milliers de personnes qui ont afflué sur les centres de vaccination, très rapidement débordés puisqu'ils ne s'étaient pas préparés à l'avance. Comment le pouvaient ils, puisqu'ils ont été informés de leur mobilisation un jour de fête la veille et par voie de presse ? Certains centres n'avaient qu'un millier de vaccins à fournir, d'autres étaient restés fermés à l'heure de l'ouverture car le gardien qui avait les clés était en train de fêter l'aïd en famille et personne n'a jugé bon de lui dire qu'il travaillait. Devant les centres, c'est le tohu-bohu, les citoyens en attente de vaccination sont déboussolés sous un soleil de plomb et ont du mal à respecter les distanciations nécessaires. Le scandale n'a pas tardé à éclater. Le chef du gouvernement Hichem Mechichi était furieux de ce qu'il appellera amateurisme total. C'est lui qui encaisse le coup et c'est lui qu'on accuse de tous les maux sur les réseaux sociaux où l'on ne compte plus les injures et les insultes à son encontre. Il lui fallait un bouc émissaire et il est tout trouvé : le ministre de la Santé est limogé le jour même. Mieux, il lui rend la monnaie de sa pièce. Puisqu'il a été informé des journées portes ouvertes par voie de presse, c'est aussi par voie de presse qu'il lui annonce son limogeage. Tard dans la soirée, il fait annuler les journées portes ouvertes et c'est par voie de presse, encore, qu'il informe les équipes médicales des centres de vaccination. Le ministre de la Santé a fauté, il n'y a pas à dire. Il est responsable, mais il n'est pas coupable. Médecin militaire à la base, Faouzi Mehdi est un vrai soldat (blanc) qui comme, tout militaire a un devoir d'obéissance total à la hiérarchie. Et son supérieur, à ses yeux, n'est pas Hichem Mechichi, mais Kaïs Saïed. C'est bien le président de la République qui l'a nommé là où il est et c'est bien le président de la République qui lui a demandé d'organiser les journées portes ouvertes. Sans réfléchir aux conséquences de la décision, Faouzi Mehdi a exécuté tout de suite l'ordre du chef suprême des armées. Il n'a pas jugé utile d'informer Hichem Mechichi avec qui les relations sont plus que tendues, puisque l'ordre venait directement de Carthage. Sur la touche depuis des mois, comptable d'un bilan des plus négatifs et considéré comme le pire ministre de la Santé de l'Histoire, Faouzi Mehdi paie les frais de son allégeance au président de la République et de son obéissance aveugle à ses ordres, même les plus farfelus. Hichem Mechichi savait depuis longtemps que son ministre de la Santé était incompétent et il lui a nommé un successeur. Mais le refus du président de la République d'organiser la cérémonie de prestation de serment des nouveaux ministres validés par l'assemblée a fait que le ministre de la Santé demeure à sa place. Hichem Mechichi devait donc « subir » l'amateurisme du ministre et son manque total de planification. On l'a vu avec le débordement des centres de vaccination le jour de l'aïd, mais aussi avec l'épuisement des stocks d'oxygène il y a quelques jours. L'incident d'hier était la goutte qui a fait déborder le vase. Il fallait en finir avec ce ministre quitte à offenser le président de la République. Hichem Mechichi en a ras le bol de devoir subir, devant l'opinion publique, les erreurs du président de la République et de ses protégés.