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L'après-Saïed se prépare maintenant
Publié dans Business News le 06 - 12 - 2021

Après plus d'un mois de prison, l'ancien ministre Samir Taïeb a été libéré. Son dossier, ainsi que celui du chef d'entreprise Kerim Benzarti et deux autres codétenus, était vide. C'était la conclusion du juge d'instruction qui a décidé de leur libération. Mais le parquet ne voulait pas de cette libération et a interjeté appel, maintenant ainsi les prévenus en prison. Il a fallu attendre quelques jours, le temps que le dossier soit examiné par la chambre des mises en accusation pour que le quatuor soit libéré. Cette chambre a constaté l'évidence confirmant ce que disaient les avocats de M. Taïeb depuis le début : le dossier est vide ! Pourquoi le juge, qui a émis le mandat de dépôt, s'est rétracté un mois plus tard en décidant la libération ? Quel a été le rôle du parquet qui dépend hiérarchiquement du pouvoir exécutif ? Pourquoi l'appel et le maintien d'innocents en prison ? Va-t-il indemniser les quatre innocents pour leur captivité ? Non ! Aura-t-il des comptes à rendre à la société ? Non !
Ce qui s'est passé dans le dossier de Samir Taïeb à Tunis se passe dans le dossier de Mehdi Ben Gharbia à Sousse. Là-bas aussi, le dossier est vide, jurent ses avocats. Là-bas aussi, il y a de fortes chances que le juge d'instruction se rétracte et décide la libération ou, au pire des cas, cette libération soit décidée par la chambre des mises en accusation.
Ici et là, des avocats et des magistrats nous témoignent de la pression exercée par des procureurs sur les juges. Le Conseil supérieur de la magistrature est au courant, mais sa marge de manœuvre est limitée, car lui aussi est menacé par le pouvoir exécutif.
Ce pouvoir exécutif a besoin de présenter des offrandes à une populace assoiffée de revanche. Cette populace ne peut pas supporter l'idée que des hommes de pouvoir et des chefs d'entreprises, soient blancs, soient propres, soient innocents. Pour cette populace, et pour ce pouvoir exécutif, si tu es riche, c'est que tu es corrompu. Au mieux, tu es suspect.
Dans ce pays, on déteste les fortunés, on n'aime pas les riches, on abhorre le succès. Ils sont la preuve absolue de l'échec des ratés, des feignants et des idiots. Plutôt que d'avouer son échec et le vaincre, cette populace préfère accabler celui qui a réussi, le salir et le casser.
Kaïs Saïed est de cette trempe-là. Il a beau avoir réussi à accéder à la présidence de la République, il demeure aigri. Il n'arrive pas à comprendre comment ses concitoyens peuvent devenir milliardaires à la sueur de leurs fronts. Pour lui, tout comme pour la populace, être milliardaire, c'est être suspect. Il ne conçoit pas les choses autrement.
Profitant d'être le maître absolu du pays, avec de très larges pouvoirs, et sous prétexte de lutte contre la corruption, Kaïs Saïed met la pression sur toute la machine judiciaire et extrajudiciaire pour mettre en prison des personnalités politiques et des chefs d'entreprise. A chaque maillon de la chaîne, on a peur et on préfère se prémunir soi-même pour ne pas être accusé de complicité de corruption, quitte à mettre des innocents en prison. Cela va de l'enquêteur de la brigade de l'Aouina jusqu'au juge d'instruction, en passant par la Ctaf, les banques et les différents experts. Pour lutter contre la corruption, Kaïs Saïed est en train de corrompre toute la chaîne.

C'est une règle et elle a été maintes fois prouvée. Quand la justice commence à vaciller, cela veut dire que le maître n'en a plus pour longtemps. Aucun pouvoir ne peut fonctionner longtemps avec une justice partiale, aucun ! Notre justice vacille, c'est une évidence. Elle enfreint ses propres règles basiques, notamment celle de la présomption d'innocence et celle des libertés. Une justice saine ne met un suspect en prison que dans un cas extrême. La liberté est la règle, la prison est l'exception. Sous Saïed, c'est l'inverse. Rien que pour cela, on peut avancer que la fin de l'ère Saïed s'approche.
Vu qu'il a tous les pouvoirs, le président de la République a décidé ce week-end de limoger deux consuls généraux, celui de Paris et celui de Milan. Pourquoi ? Allez savoir !
La semaine d'avant, il a décidé de limoger deux gouverneurs. Pourquoi ? Allez savoir !
Le mois d'avant, il a également décidé de limoger des gouverneurs. Pourquoi ? Allez savoir !
Nous sommes à trois semaines de la fin de l'année et nous n'avons toujours pas de loi de finances. Les entreprises vont devoir fonctionner à l'aveuglette pour 2022 et ne peuvent rien budgétiser à l'avance. C'est du jamais vu, ni sous Bourguiba, ni sous Ben Ali, ni sous la sinistre troïka. Pourquoi nous n'avons pas de loi de finances ? Allez savoir !
La populace ne cherche pas à savoir et continue à faire confiance à son chef. Mais le peuple, le vrai, exige de savoir. Quand on est citoyen exemplaire, qui paie ses taxes et connait ses devoirs, c'est le normal des choses que d'exiger ses droits. Le fait de savoir pourquoi le chef a limogé un consul ou un gouverneur, fait partie de ces droits.
Quand un chef commence à violer les droits de ses citoyens, il n'en a plus pour longtemps. C'est une règle. Rien que pour cela, on peut avancer que la fin de l'ère Saïed s'approche.

Les cheminots ont observé la semaine dernière une grève générale, parce que leurs salaires de novembre n'ont pas été versés. Quand on n'est pas payé, on grogne, c'est normal, c'est naturel, c'est évident.
Sfax, deuxième ville du pays, étouffe sous les déchets depuis plus d'un mois. Aucune solution à l'horizon. Le village de Tebourba (Grand-Tunis) est également enseveli par les ordures. Bientôt, ça va être le cas de l'Ariana (Grand-Tunis) à cause des perturbations enregistrées au niveau des décharges de Borj Chekir et du centre de traitement de Chotrana. Quand les rues sont pleines d'ordures et que l'air est nauséabond, on grogne, c'est normal, c'est naturel, c'est évident.
Les salariés fictifs des sociétés d'environnement n'ont pas été payés depuis le mois de septembre. Quand on a été habitués à vivre sur le dos du contribuable et de l'Etat depuis des années et qu'on vous coupe les vivres du jour au lendemain, on grogne. Ce n'est pas normal, mais ça grogne quand même.
Les Tataouinais sont mécontents aussi parce que l'Etat n'a pas respecté ses engagements des accords du Kamour. Quand on est trompé par son propre Etat, on grogne, c'est normal, c'est naturel, c'est évident.
Quelques uns parmi les aficionados de Kaïs Saïed commencent à grogner, eux aussi, sous prétexte que leur chef n'a pas mis les islamistes en prison. Ce n'est pas normal, mais ça grogne quand même.
Ça grogne un peu partout et quand ça grogne un peu partout, c'est que la fin de l'ère de Saïed approche.

Pour étouffer la colère et calmer les esprits, il faut des solutions. Si certaines solutions exigent une certaine intelligence et savoir-faire (Kaïs Saïed n'a ni l'une ni l'autre), d'autres exigent de l'argent. Or les caisses sont vides.
Que peut faire le chef pour remplir les caisses ? Les pays amis, comme les Emirats, préfèrent investir dix milliards de dollars en Turquie et acheter des Rafale aux Français à seize milliards d'euros, que de donner quelques miettes à Kaïs Saïed.
Après avoir méprisé les agences de notation, qu'il a qualifiées d'Ommek Sannefa, Kaïs Saïed a fermé les portes devant les instances de crédit internationales.
Parce que les réformes sur lesquelles les précédents gouvernements se sont engagés n'ont pas été réalisées, le FMI risque de dire non à un nouveau prêt.
Que peut faire Kaïs Saïed pour payer les cheminots le mois de décembre, ainsi que les millions d'autres fonctionnaires et agents des services publics ?
Il ne lui reste qu'une seule et unique solution : faire marcher la planche à billets. Pour cela, il doit obtenir l'aval de Marouane Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie.
M. Abassi acceptera-t-il d'être lâche aux yeux de l'opinion publique nationale et internationale ? Acceptera-t-il d'être complice de Kaïs Saïed pour cet acte qui va « libaniser » la Tunisie ? Rien n'est moins sûr.
S'il accepte et décide d'imprimer de l'argent afin de payer les salaires, ce sera une inflation à deux chiffres et une grogne générale vers la mi-2022.
Si Marouen Abassi refuse, il sera remplacé par un « tartour » pour faire la sale besogne. Entre-temps, les salaires ne seront pas versés et ce sera une grogne générale dès janvier.
Dans un cas comme dans l'autre, il y aura grogne générale qui viendra s'ajouter à tous ceux qui grognent déjà et ce sera la fin de l'ère Saïed.

Une fois ce constat établi, on se doit de penser dès maintenant à l'après Saïed et ce n'est pas le rôle des journalistes et chroniqueurs, mais celui des hommes politiques.
Qu'ont fait nos politiques pour ce lendemain qui s'approche à grands pas ? On ne voit pas grand-chose, hélas.
On entend quelques-uns crier au scandale, comme Abir Moussi, Fadhel Abdelkefi, Hafedh Zouari ou les islamistes. Mais concrètement, quelle alternative proposent-ils ? Aucune !
Quelles sont leurs solutions pour résoudre les problèmes des déchets de Sfax, remplir les caisses de l'Etat, payer les salaires, etc ? On ne les entend pas !
Quelles sont leurs solutions pour réindustrialiser le pays, en ce moment même où les Européens cherchent une alternative de proximité pour ne plus dépendre des usines chinoises ? Aucune !
Quelles sont leurs solutions pour encourager l'investissement privé, seul véritable créateur de richesses, d'emplois et de croissance ? On ne les entend pas !
Sous d'autres cieux, avec de pareilles crises, on entendrait les politiques sur tous les plateaux TV dire : « Moi si j'étais au pouvoir, voilà ce que j'aurais fait pour résoudre tel problème et solutionner telle crise ». Chez nous, on n'entend qu'une chose : le président est en train de violer la constitution et il doit cesser. Les plus courageux parmi eux diront qu'il doit déguerpir.
Or ce n'est pas cela un politique. Un politique, un vrai, propose des solutions et fait rêver les gens. Rien de tel chez nous.
Nos hommes et femmes politiques se doivent de coller à la réalité du terrain et cesser de théoriser avec leur lexique inaccessible au peuple. Ils se doivent de proposer des solutions aux problèmes du quotidien de la population.
Une population qui se moque de l'article 80 et du décret 117, des menaces identitaires, de la corruption, de l'assemblée, de la Palestine ou si la révolution est fêtée le 17 décembre ou le 14 janvier. Un homme, ou femme politique qui propose une solution concrète pour Sfax est mille fois plus efficace et plus audible que tout ce que raconte Kaïs Saïed de bout en bout.
Et c'est parce que nos politiques ne proposent aucune alternative concrète qu'on continue à retrouver Kaïs Saïed en haut des sondages. Plus pour longtemps. La grogne est là et bien là pour l'éjecter, mais il n'existe pour le moment aucun véritable politique pour le remplacer.


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