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Kaïs Saïed pose de bonnes questions et apporte de mauvaises réponses
Publié dans Business News le 09 - 03 - 2022

C'est depuis le siège du ministère de l'Intérieur, vers 23 heures le 8 mars 2022, que le chef de l'Etat, Kaïs Saïed, a déclaré la guerre à la spéculation et au monopole qui frappent l'approvisionnement en produits de base. Dans son intervention, le président Kaïs Saïed s'est montré menaçant vis-à-vis des spéculateurs en promettant un nouveau décret pour réglementer les circuits de distribution et ainsi préserver le pouvoir d'achat du peuple et garantir l'approvisionnement en produits subventionnés à des prix contrôlés.

Il est incontestable que la Tunisie souffre depuis des dizaines d'années d'un problème structurel important au niveau des circuits de distribution des produits de base et des produits agricoles. Des dizaines d'années que les différents gouvernements ont eu plus ou moins de succès à juguler cette hémorragie qui fait que les deux bouts de la chaine payent le prix fort. L'agriculteur et le producteur se trouvent souvent obligés de vendre à perte, tandis que le consommateur final est confronté à des prix déraisonnables. Il est clair qu'une telle configuration, ébranlée par des crises économiques locales ou des influences internationales, ne peut être viable. Le président de la République a mille fois raison de s'attaquer à ce problème et de poser la question. Toutefois, il y apporte de mauvaises réponses. D'abord, c'est le ministère du Commerce qui est directement responsable de la régulation dans l'approvisionnement, et non le ministère de l'Intérieur. D'un autre côté, les professionnels sont unanimes pour dire qu'une nouvelle loi n'est pas suffisante pour résoudre le problème, surtout si elle s'astreint à alourdir les peines encourues en cas de violation de la loi. Les produits subventionnés et leurs circuits de distribution sont un problème bien plus profond dans lequel l'Etat a sa part de responsabilité. Par ailleurs, le traitement de ce sujet implique forcément de s'intéresser à au moins deux grands chantiers dont la Tunisie a un cruel besoin : la réforme du système de subvention et celle du secteur agricole. Kaïs Saïed ne fait qu'effleurer le problème en tentant d'y apporter une réponse uniquement sécuritaire et répressive. Dans le meilleur des cas, il réussira à mettre les spéculateurs en prison, ce qui serait une réalisation importante. Mais le système qui produit des spéculateurs et favorise le monopole sera préservé et en produira d'autres.

Cet art d'apporter les plus mauvaises réponses possibles à des préoccupations pourtant si pertinentes s'est vu également sur le plan politique. Le président Kaïs Saïed a placé, dans sa ligne de mire, le parti islamiste Ennahdha lui faisant porter la responsabilité de la détérioration du paysage politique et en lui imputant un bilan désastreux depuis la révolution de 2011. Il s'agit d'un constat qua partage une large frange de la population, ce qui lui a valu un soutien hors normes lorsqu'il a pris les décisions du 25 juillet. Il s'est, en plus, appuyé sur les manifestations qui ont eu lieu ce jour-là et le fait que plusieurs bureaux régionaux aient été pris pour cible. Toutefois, près de huit mois plus tard, le résultat est plus que mitigé. Les décisions du président de la République ont eu pour effet de resserrer les rangs des islamistes, de les unir et même de renforcer leur solidarité sous le slogan de la lutte contre le coup d'Etat. Il y a également eu des mises en résidence surveillée inefficaces ou qui ont eu l'effet inverse de celui désiré. Ainsi, la mise en résidence surveillée du dirigeant du parti, Anouar Maârouf, puis sa levée, restent aujourd'hui mystérieuses et n'ont eu aucun effet. Plus récemment, la mise en résidence surveillée de Noureddine Bhiri, puis sa levée, ont fait que les islamistes ont pu capitaliser sur ce qu'ils décrivent comme une victoire contre l'oppresseur, et ainsi s'attirer de nombreuses sympathies. Kaïs Saïed a commis des erreurs politiques qui ont renforcé ses adversaires.

Le président de la République a également gaffé avec l'UGTT en prononçant des mots très durs envers la centrale syndicale qui, pourtant, ne demandait qu'à être son alliée. L'UGTT a même été très docile devant le coup d'Etat qu'il a perpétré le 25 juillet et qu'il a installé avec le décret 117 du 22 septembre. Il s'en est même pris à des partis qui ont soutenu sa démarche en les traitant d'opportunistes et d'avides de pouvoir. Malgré ses moqueries visant les partis qui hier se disputaient et qui aujourd'hui sont contre lui, Kaïs Saïed aura réussi le coup de force d'unifier la classe politique contre lui, de Abir Moussi jusqu'à Rached Ghannouchi. Même le parti Echaâb, dont certains cadres ont composé de la poésie pour Kaïs Saïed, a du mal à suivre et parle aujourd'hui, dans une entourloupe de bas étage, du mouvement du 25-juillet qui se poursuivra « même sans le président ». Or, Kaïs Saïed ne semble pas avoir la maturité nécessaire pour savoir qu'on ne gagne pas de guerre sans alliés, et surtout, que l'on ne gagne pas une guerre contre tout le monde.

Sur un autre plan, le président de la République, Kaïs Saïed, cherche à construire un nouveau modèle politique en s'en remettant totalement au peuple tunisien. D'abord, il fait preuve d'une déconcertante naïveté en omettant que c'est ce même peuple qui a produit le paysage politique des dix dernières années. Il omet également que c'est le même peuple qui a placé Ennahdha et Qalb Tounes en tête des votes. Il omet également que son score de plus de 70% au deuxième tour est dû, en premier, à la personnalité de son concurrent Nabil Karoui, et ensuite au report de voix venant d'Ennahdha et d'Al Karama, entre autres. Pourtant, tout cela n'empêche pas Kaïs Saïed de sacraliser ce même peuple et de lui soumettre une consultation nationale électronique. Encore une fois, Kaïs Saïed tire à côté. En admettant que cette consultation n'est pas qu'une large supercherie visant à légitimer un plan ou un texte déjà établis, l'intention de pratiquer un exercice démocratique de haute voltige est en soit louable. Mais Cette intention s'est traduite par une consultation électronique développée loin de toute transparence et sans aucun effort de communication ou de sensibilisation, du moins dans un premier temps. Le résultat est une consultation obscure, composée de questions insensées et donc, largement boycottée par les Tunisiens. Poussant le bouchon jusqu'au bout, le président a évoqué avec sa cheffe du gouvernement la gratuité de la connexion internet pendant une semaine. Certains disent qu'il n'est pas exclu que les délais, initialement prévus pour le 20 mars, soient prolongés pour tenter d'avoir plus de participation.

Plusieurs politiciens de tous bords le répètent, il existe actuellement un vrai problème de compétence au sommet de l'Etat. Tout le monde connait les problèmes qui existent et les diagnostics sont prêts dans tous les domaines. Toutefois, la capacité à résoudre les problématiques a toujours fait défaut. Cela fait partie des reproches adressés au gouvernement de Hichem Mechichi et qui ont précipité son éviction au bout de onze mois d'exercice. Le président de la République Kaïs Saïed a pris les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, il y a un peu plus de sept mois…


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