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La grande question de ramadan
Publié dans Business News le 12 - 04 - 2022

Il y a une question à laquelle le ramadan de cette année a répondu sans le savoir. Sans détour et sans interprétation. Non, ce n'est pas celle à laquelle vous pensez. Celle de savoir si les Tunisiens sont – en majorité - des êtres civilisés a déjà depuis longtemps été rangée dans le tiroir. Pas moyen de rendre un peuple civilisé si les lois si superbement existantes ne sont aucunement appliquées. Ceci est mathématique.
Ce mois-ci, la grande question, à mon humble et modeste avis, est de savoir si la femme, en Tunisie, est vraiment bien nantie. Que ses droits sont garantis et que rien ne viendra les perturber. Roulement de tambours, rentez votre souffle, le suspense est intenable…la réponse est un non retentissant amis lecteurs ! Mais j'entends dans l'assistance des soupirs, l'un de vous me siffle que j'abuse avec ce sujet et que je vois des menaces partout. Comme le monde n'est pas noir ou blanc et que les grands débats ne sont pas tranchés de manière manichéenne, la question mérite un débat. Regardez autour de vous et prenez le temps de réfléchir.

S'il y a un mois anti-féministe par excellence c'est bien celui de ramadan. Comme si le reste de l'année n'était pas suffisant, on en demande encore plus aux femmes durant le mois saint des musulmans. En plus de vous acquitter de vos tâches habituelles, celles de travailler (ou pas), de vous occuper de votre progéniture (ou pas), celle de cuisiner pour toute la famille un repas dont le tiers finira à la poubelle et qui devra malgré tout satisfaire les désirs les plus fous de chaque membre de la famille, il y a un droit dont vous êtes allégrement privée durant ramadan. Le privilège suprême de prétendre à « hachichet romdhan ». Ce droit, jalousement gardé par le temple des citoyens mâles, vous donnerait accès à tous les comportements les plus extrêmes. Tant que vous faites ramadan, il faudra tout vous pardonner. Bâcler votre travail, raccourcir vos heures de productivité, conduire comme un possédé, agresser vos concitoyens dans la rue, grincher, pester et prétendre à plus de paresse et de nonchalance que d'habitude. Voilà un droit auquel les femmes aspireraient bien. Mais ceci n'est pas pour vous. Vous devez travailler pendant que votre collègue louche sur une cigarette, préparer le diner pendant que votre cher et tendre fait la sieste et être patiente avec tous les chauffards qui vous agresseront dans la rue. Ceci, sans râler ni vous plaindre….
Anecdotique ? Je vous l'accorde certes. Sous d'autres cieux, on parlerait de patriarcat, de charge mentale, de manspreading, de male gaze... Mais passons, ceci n'a pas sa place chez nous. Parlons de choses plus crues. Dans le pays du code du statut personnel, des droits de la femme, ceux que nos voisins nous jalousent tant, le débat tourne depuis le début du mois sur des questions – sans surprise – liées à la condition de la femme.

Polygamie, mariage orfi (coutumier), harcèlement, violences contre les femmes…Ces sujets, soulevés par la quasi-majorité des productions artistiques, nombreuses durant le mois du jeûne, agitent le débat. Oui il s'agit de fiction et la fiction est libre. Mais Game of Thrones n'a pas remis au jour le sujet de l'inceste tout comme les Peaky Blinders n'ont pas choqué avec leur violence. Pourquoi les feuilletons tunisiens déchaînent-ils autant les passions, au point que le ministère de la Femme finit par s'en mêler ? Tout simplement car on accuse ces productions artistiques de menacer des acquis déjà fragiles. De mettre en lumière des tranches de vie bien existantes et qu'on refuse de voir. Il est certes plus facile de se gargariser de lois obsolètes qui étaient une révolution il y a une soixantaine d'années, que de voir la réalité en face et d'admettre qu'elles sont dépassées, insuffisantes et, surtout, non appliquées en pratique.
Chaque année, les feuilletons ramadanesques tunisiens mettent en lumière la précarité économique des petites travailleuses au noir, les femmes battues et trompées par leur mari sous l'œil acquiesçant de la société, les viols et les violences de toute sorte. Elles donnent naissance à un lynchage en règle de ces actrices qui ont osé, durant le mois saint, dévoiler un peu trop de peau, parler de sujets qui fâchent et faire tout ce que n'importe quel homme s'autorise tous les jours à faire.

Les lois protégeant les femmes au quotidien et faisant d'elles des êtres à part entière, respectés et valorisés et - soyons fous amis lecteurs - égales à leurs concitoyens mâles, rappellent celles devant faire de nous des citoyens civilisés. Ecrites noir sur blanc, dans les faits, elles restent de la pure théorie.
Ces lois ressemblent à votre voisin qui vous foudroie du regard car vous fumez votre cigarette tranquille dans votre balcon en plein jour. Qui vous fait la morale sur les bienfaits du jeûne pour le corps et l'esprit et qui, dès que le muezzin appelle à la prière du maghreb, se jette sur son bol de chorba et tuerait père et mère pour sa brika aux œufs. Celui qui vous sermonne lorsque vous écoutez de la musique dans votre voiture pendant l'appel à la prière mais se gare en troisième file et bloque une dizaine de voitures pour ne pas rater ses tarawihs. Il y a la théorie d'êtres pieux et spirituellement irréprochables et la réalité de citoyens non civilisés et hypocrites.
Il y a aussi la théorie de femmes libres, émancipées et protégées et celle de femmes exploitées, battues, agressées et insultées, de féminicides et de tous ces droits bafoués.

Encore une fois, je vous souhaite un excellent ramadan à vous tous. Bonne cigarette dans le balcon après votre café du matin, excellents tarawihs après une journée de jeûne et bonne chorba à tout le monde…


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