Le ministère des Affaires religieuses avait annoncé, le 19 avril 2022, que les mosquées seraient autorisées à accueillir la prière du tahajoud durant les dix dernières nuits de ramadan. Le ministère avait même appelé les citoyens à profiter des derniers jours du mois saint en multipliant les prières et les bonnes actions. Cette annonce a suscité une réaction de la part de la Fédération générale des affaires religieuses relevant de l'UGTT. L'organisation s'est interrogée, dans un communiqué publié tard le soir du même jour, sur les fondements de l'appel à la prière du tahajoud dans l'école Malikite du dogme sunnite. La fédération a fortement critiqué l'absence de mesures concernant la tenue de cette prière. Le communiqué a posé plusieurs questions portant sur l'exploitation des mosquées à des fins suspectes. Il a mis l'accent sur la consommation excessive d'énergie en temps de crise et a rappelé l'incapacité du ministère à honorer ses engagements auprès de la Steg et de la Sonede. La fédération a, également, déploré l'absence de mesures concernant les postes vacants au sein des mosquées et la lutte contre la propagation du salafisme dans les lieux de prières et les postes.
Face à un tel discours, les internautes s'attendaient à un long communiqué répondant à l'ensemble de ces interrogations et expliquant la raison de l'appel à cette prière, les conditions de déroulement de cette dernière et la stratégie du ministère sur le court et le moyen terme. A la grande surprise de tous, rien de cela n'a eu lieu ! Nous avons eu droit à une réponse digne d'une instagrameuse ou d'un rappeur et non pas d'un ministre doté d'un budget et appartenant à un gouvernement existant au 21ème siècle ! Nous nous sommes retrouvés face à une capture d'écran du communiqué de la Fédération générale des affaires religieuses. La page officielle du ministère l'a accompagnée de ce qui semble être une « punchline » du ministre Ibrahim Chaibi. S'adressant aux syndicalistes qui exigent un prix pour la prière du tahajoud, le ministre a insinué qu'il n'avait pas besoin d'eux et qu'il n'avait pas à s'exprimer à ce sujet. Il a continué en affirmant que les véritables hommes seront au chevet de la Tunisie, une phrase de "bonhomme" qui cherche à montrer qu'il est le nouveau "boss" du quartier. Bien évidemment, ce clash n'est pas passé inaperçu. Le syndicaliste, Ghassen Ksibi, a directement répondu au ministre en affirmant que l'état de son département était chaotique et qu'il était dans une situation dans laquelle il ne s'était jamais retrouvé auparavant.