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Kaïs Saïed a peur et il le fait savoir
Publié dans Business News le 06 - 05 - 2022

Jeudi 5 mai 2022, tard le soir, très tard. Il est presque minuit à l'avenue Habib Bourguiba, avenue principale de Tunis. Le président de la République sort du ministère de l'Intérieur et fait quelques pas en direction d'une petite foule qui s'est amassée pour l'acclamer, pour lui crier familièrement « Kaïsoun », « le peuple est avec toi », « nous voulons une nouvelle république ».
Kaïs Saïed a bien besoin de ce bain de foule, théoriquement improvisé. Il a besoin d'être rassuré par ces badauds errant à minuit au centre-ville en milieu de semaine. Ces derniers jours ont été particulièrement éprouvants pour lui visiblement.

L'inflation est à 7,5%, d'après les derniers chiffres de l'Institut national de la statistique. Les négociations avec le FMI traînent encore, alors qu'elles auraient dû s'achever depuis le 31 mars. L'investissement est en berne depuis des mois faute de stabilité politique et de visibilité. L'Europe, premier marché de la Tunisie, s'apprête à subir une grave crise économique et une inflation galopante. Le pouvoir d'achat du Tunisien est au plus bas et l'avenir ne présage rien de bon à cause des prévisions de pénuries liées à la guerre russo-ukrainienne.
Ces aspects devraient être la priorité de tout chef d'Etat, mais ce n'est pas ça qui préoccupe Kaïs Saïed.
Le président n'a même pas évoqué ces sujets lors de son monologue d'une quinzaine de minutes prononcé hier devant les hauts cadres du ministère de l'Intérieur et leur ministre.
Ce qui préoccupe Kaïs Saïed, c'est cette opposition réunie sous la bannière du Front du salut national citée à plusieurs reprises lors de son speech. Ce qui le préoccupe aussi, ce sont les incendies observés ces derniers jours un peu partout sur le territoire de la République.Enfin, ce qui le préoccupe, c'est l'atteinte à l'honneur des gens, sujet qu'il a évoqué à plusieurs reprises également. Par là, il cible les conversations téléphoniques fuitées de son ancienne cheffe de cabinet. Des conversations étalant des secrets de famille et des secrets d'Etat.

Comment se fait-il que les préoccupations du peuple soient à mille lieues de celles du président ?
Pourquoi le président de la République visite le ministre de l'Intérieur à une heure tardive la nuit ? Pourquoi parle-t-il aux sécuritaires de sujets de politique politicienne ? Qu'est-ce que les sécuritaires ont à voir avec le référendum, la liberté d'expression, les incendies et les conversations téléphoniques de son ancienne cheffe de cabinet ?
Dans la tête du président, le sécuritaire est la clé de tout. On l'a déjà vu, il y a trois mois, avec les pénuries de semoule. Il a alors donné des ordres de combattre les spéculateurs. Une large campagne policière visant les grossistes et les entrepôts s'en est suivie pour aboutir à zéro résultat. C'est juste que le ministère de l'Intérieur s'est ridiculisé en attrapant quelques kilos de riz par ci et quelques tonnes de sucre par là. Dans la foulée, il y a eu quelques casses collatérales, comme la visite musclée à une usine de semoule (ce qui a fait réagir les syndicats et le patronat).
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Malgré ce qui s'est passé au mois de février et le résultat désastreux des campagnes sécuritaires du mois de février, Kaïs Saïed répète la même erreur au mois de mai et interpelle sa police à propos de sujets qui devraient lui être totalement étrangers.
Les incendies ? Ils sont forcément criminels, d'après le président, et visent le référendum prévu en juillet. « Ils jouent la carte de la terre brûlée », dit-il sûr de lui.
Y a-t-il eu une enquête pour déterminer que ces incendies sont criminels ? Pas que l'on sache.
A-t-on une seule preuve, ou ne serait-ce qu'un indice, qu'il y a des parties politiques derrière ces incendies ? Rien de rien !
N'est-ce pas courant, en Tunisie et ailleurs et ce depuis toujours, qu'il y ait des incendies concomitants en périodes de chaleur, de sécheresse et de vents ?
Kaïs Saïed balaie d'un revers ces questions évidentes et ordonne aux sécuritaires de multiplier les patrouilles autour des fermes.

Le président évoque le Front du salut et s'élève contre ces figures de l'opposition qui s'unissent contre lui, alors qu'elles étaient adversaires il y a quelques années.
Que peut faire la police contre cette opposition ? Quel est le message qu'il lance aux sécuritaires ? Qu'est-ce qu'il attend d'eux ? On n'en sait rien.
Cette opposition pèse-t-elle sur le terrain ? A-t-elle mobilisé les foules, barré les routes et empêché le pays de fonctionner ? Rien de cela, le maximum que peut faire l'opposition du « Front du salut » est de réunir quelques journalistes dans une salle de conférences.
Alors de quoi Kaïs Saïed a peur, au point de l'évoquer devant les plus hauts cadres du ministère de l'Intérieur, à minuit ?
L'ancien président Moncef Marzouki a déclaré hier, que Kaïs Saïed est atteint de paranoïa. Il doit s'y connaitre… Il confirme cependant les propos de Nadia Akacha qui a déclaré, dans l'une de ses conversations téléphoniques, que le président souffre de troubles psychiques et prend des cachets.
Avec sa visite de minuit au ministère de l'Intérieur, son speech décousu et son bain de foule improvisé, Kaïs Saïed donne du crédit à ses dénigreurs.
Il montre qu'il est sensible à des sujets futiles qui n'intéressent point le peuple.
En laissant de côté les véritables préoccupations du peuple (la crise économique) et en s'occupant de ces sujets futiles, Kaïs Saïed montre qu'il a peur des agissements de ses opposants, qu'il n'est pas sûr de lui et de ce qu'il fait, qu'il a besoin de l'appui des sécuritaires et qu'il cherche à être rassuré par quelques badauds réunis on ne sait trop comment à minuit devant le ministère de l'Intérieur.
Kaïs Saïed sait au fond de lui, qu'il est en dehors de la légitimité, qu'il a violé la loi et la constitution et qu'il ne peut pas continuer longtemps cette fuite en avant.
Il a été lâché par ses plus proches collaborateurs, les partis qui l'ont adoubé le 25 juillet ont pris leurs distances, les organisations nationales (à l'exception des avocats) l'ont démenti publiquement et ont annoncé qu'elles ne vont pas adouber son projet de dialogue national où elles ne seraient que des faire-valoir, les médias main stream le critiquent violemment...
Kaïs Saïed se sent seul et il a peur de cette solitude. Il s'accroche alors à n'importe quel radeau pour obtenir le moindre appui. Il croit que l'obéissance policière, due au respect de la hiérarchie, est un adoubement à ses yeux et ça le rassure. La foule venue l'acclamer est rassurante, même si ces gens- ne se trouvaient pas là par hasard. Les propos laudateurs et grossiers d'une courtisane le rassurent au point de la recevoir au palais de Carthage pour mieux écouter ses éloges.
Oui, Kaïs Saïed a peur, il a beau le nier, il a beau le cacher, son comportement, son verbe et sa gestuelle le trahissent.

Raouf Ben Hédi


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