L'Association des magistrats tunisiens (AMT) a organisé, le 4 juin 2022, un conseil national urgent suite à la révocation par décret présidentiel de 57 magistrats. S'exprimant à cette occasion et président la séance, le juge et président de l'association, Anas Hmaidi a déploré l'ingérence du pouvoir exécutif et la tentative de soumettre la justice tunisienne. Il a qualifié la ministre de la Justice, Leila Jaffel, de traître. Il a considéré qu'elle cherchait à s'attirer les bonnes grâces du président de la République, Kaïs Saïed. Tour à tour, les magistrats révoqués par Kaïs Saïed ont pris la parole afin d'exprimer leur colère et de réagir à cette décision. S'exprimant dans ce cadre-là, le président de l'Association tunisienne des jeunes magistrats (ATJM), Mourad Massaoudi a considéré que son limogeage était une décision politique et résultait de son opposition au processus entamé depuis le 25 juillet 2021. De son côté, le président du Conseil supérieur de la magistrature, Youssef Bouzakher, a considéré que la décision du chef de l'Etat était une démonstration de force et qu'il cherchait à intimider les magistrats tunisiens et à les soumettre à sa volonté. Par la suite, la magistrate, Khira Ben Khlifa, régissant à sa révocation, a assuré que le limogeage des 57 magistrats s'inscrivait dans le cadre d'un règlement de comptes personnel. Elle a révélé avoir fait l'objet de campagnes de harcèlement orchestrées par la première dame, Ichraf Chebil. Elle a expliqué que cette dernière avait chargé sa sœur, Atika Chebil de représenter des créanciers et d'intervenir afin de leur procurer des avantages afin d'en faire des actionnaires dans une entreprise faisant l'objet d'une procédure judiciaire. Eclatant en sanglots, elle a affirmé que sa révocation résultait de son refus d'accéder à la requête de la sœur de la première dame. D'autres magistrats ont affirmé que leur révocation résultait de leur refus de se soumettre aux instructions du ministre de l'Intérieur. Ce dernier leur aurait demandé d'accélérer les procédures dans certains dossiers, cherchait à s'ingérer dans le déroulement d'une enquête et exigeait l'arrestation de certains individus sans justifications. Le procureur de la République près du tribunal de première instance de Gafsa, Abdelkarim Aloui, a affirmé que sa révocation résultait de ses désaccords avec la méthode de travail des représentants du pouvoir politique et les forces de police de la région. Il a expliqué s'être opposé à plusieurs reprises à des descentes et à des raids illégaux.