L'Afrique regorge d'opportunités et l'implantation effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) accroîtrait ces possibilités. Il y a des ressources insoupçonnées qu'il va falloir développer. Cela ne pourra se faire sans un soutien financier, notamment de groupes bancaires panafricains comme Attijariwafa Bank, qui est présent dans seize pays. C'est ce qui ressort globalement de la 3ème AfricaDev Session organisée en ligne par le groupe Attijariwafa Bank, mardi 19 juillet 2022, autour du thème : "Exploiter les opportunités de la Zone de libre-échange continentale africaine".
Dans ce cadre Mouna Kadiri, directrice du Club Afrique Développement du groupe Attijariwafa Bank, a rappelé que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), opérationnelle depuis 2021, est considérée comme la plus large zone de libre-échange au monde. Elle représente l'un des projets phares de l'agenda 2063 de l'Union africaine. Il s'agit d'un accord commercial signé par 54 pays et qui a une grande ambition : créer un marché continental unique en levant les barrières commerciales pour stimuler les échanges commerciaux et les investissements à l'intérieur du continent. Le dernier rapport de la Banque mondiale estime que cet accord mis en œuvre permettrait un gain additionnel pour les pays africains de revenu de 9%, soit une estimation de 570 milliards de dollars et permettrait d'ici 2035 de sortir près de 50 millions de personnes de la pauvreté.
Prenant la parole Cynthia E. Gnassingbe- Essonam, senior advisor pour l'engagement du secteur privé auprès du secrétaire de la Zlecaf, a souligné la nécessité de la transformation et restructuration de l'économie africaine pour qu'elle devienne compétitive. Car malgré ses ressources naturelles importantes, l'Afrique peine à décoller alors que des pays comme Singapour avec des ressources très limitées est l'un des quatre dragons asiatiques. Et de soutenir que le projet en marche de la Zlecaf. 43 sur les 54 pays ont déposé leurs instruments de ratifications, acceptant le cadre et document général relatif à la zone de libre-échange. Les perspectives de PIB d'ici l'horizon 2035 sont de 7.000 milliards de dollars. Pour elle, l'Afrique doit miser sur des secteurs à forte valeur ajoutée et forte employabilité comme le secteur automobile, le secteur pharmaceutique ou même la transformation agroalimentaire et de ressources naturelles, comme à titre d'exemple le café, qui peut engendrer de vraies opportunités pour les pays africains. D'où la nécessité d'investir dans ces secteurs stratégiques pour l'Afrique, chose qui ne peut se faire sans la mobilisation de fonds importants. Et d'évoquer dans ce cadre certaines lignes de financement mises en place par Afreximbank à cet effet outre une palette d'accompagnement et de sensibilisation.
Pour sa part, Mossadeck Bally, fondateur et président du groupe Azalaï hôtels, a parlé de l'expérience de son groupe suite aux deux chocs (la crise du Covid-19 et les répercussions de la crise en Ukraine). Ainsi, il a souligné que ses établissements ont dû fermer leurs portes et qu'il a fallu s'adapter et innover pour ne pas disparaître. Son groupe s'est ainsi rabattu sur le business local et découvert qu'il y avait un potentiel important qui était négligé. En parallèle, il a dû accélérer la digitalisation pour minimiser les contacts entre clients/clients et clients/staff. Grâce à ces chocs, le groupe a développé une nouvelle conception du tourisme en Afrique centrée sur le client Africain et le client de proximité. En ce qui concerne la Zlecaf, M. Bally pense qu'il y a une volonté politique mais qu'elle n'est pas appliquée sur le terrain, d'où la nécessité de dialoguer avec ceux qui sont sur le terrain notamment les entrepreneurs et industriels. Mais pour lui, le plus important est que l'entrepreneur africain croie et ait confiance en lui et surtout qu'il croie en l'Afrique et à son énorme potentiel.
Dans ce cadre, le fondateur et président du groupe Azalaï hotels a évoqué plusieurs freins aux investissements, notamment les obstacles à la libre circulation entre les 54 pays membres, le manque de connexion entre pays africains et les prix de transport exorbitants, le manque de financement, le manque de formation des jeunes africains, le problème sécuritaire et le manque d'infrastructure.
Daouda Coulibaly, directeur général d'Attijari West Africa, groupe Attijariwafa Bank, a estimé, quant à lui, que les deux chocs ont permis aux entreprises africaines de se réinventer, de se poser les bonnes questions et d'avancer, notamment en se concentrant sur le local. Ainsi, il y a eu un fort développement des startups et des IT dans les domaines de l'éducation, des Fintechs et même de l'hôtellerie, révélant le génie africain. Ces chocs ont aussi permis de révéler la complémentarité des pays africains et la nécessité de développer lorsque c'est possible une agriculture local, des échanges locaux et du commerce intra-africain.
M. Coulibaly a souligné, dans ce cadre, que le groupe Attijariwafa Bank croit en l'Afrique et en son potentiel de développement. Il croit aussi que l'Afrique ne peut se développer que par les Africains eux même. Le groupe a mis en place un plan stratégique "@mbitions 2025", où il y a une vraie volonté de renforcer sa présence, son financement et son accompagnement des entreprises africaines. Ce plan s'articule autour de trois axes essentiellement : fournir une offre à la carte et sur mesure qui répond aux besoins spécifiques de chaque entreprise, accompagner financièrement les clients, fournir un accompagnent non-financier aux clients en leur offrant des mises en contacts entre eux, l'information, la formation et tout autre accompagnement. L'objectif étant que le client soit au centre de la relation.
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) offre un réel potentiel. Si cet accord était mis en œuvre, il permettrait un gain additionnel pour les pays africains de revenus de 9%, soit une estimation de 570 milliards de dollars et permettrait d'ici 2035 de sortir près de 50 millions de personnes de la pauvreté. D'où la nécessité de concrétiser la mise en place d'une véritable zone de libre-échange. Chose qui ne pourra se faire sans un appui financier, notamment de groupes bancaires qui croient en l'Afrique et qui y sont implantés, comme Attijariwafa Bank.