Le porte-parole des tribunaux de Mahdia et Monastir, Farid Ben Jha, s'est exprimé, jeudi 27 octobre 2022, dans l'émission Sbeh Eness sur Mosaïque Fm, au sujet de la jeune Linda, fillette de quatre ans arrivée, la semaine dernière, en Italie à bord d'une embarcation clandestine.
Au micro de Jihene Miled, il a tenu à réfuter les rumeurs circulant selon lesquelles les parents ont bénéficié d'un non-lieu et qu'ils partiront en Italie, sur demande des autorités italiennes, afin de rejoindre leur enfant.
Farid Ben Jha a d'abord expliqué que les autorités tunisiennes ont demandé le rapatriement de l'enfant en Tunisie afin de veiller à son « intérêt supérieur » ajoutant que les deux parents sont actuellement interdits de voyage afin de pouvoir être, par la suite, interrogés dans le cadre de l'enquête. « Le juge d'instruction du tribunal de première instance de Monastir a pris en considération le caractère humain de cette affaire, décidant ainsi de libérer les deux parents. Cependant, afin de veiller au bon déroulement de l'enquête, les deux parents demeurent interdits de voyage. Il s'agit d'une procédure préventive qui permettra au tribunal de pouvoir les interroger. Le dossier étant lié à une affaire d'association de malfaiteurs dans le but d'organiser une traversée clandestine », a-t-il précisé.
Cette affaire est actuellement sujet de conflit entre la Tunisie et l'Italie. Sur Shems Fm, Farid Ben Jha a déclaré que les autorités italiennes refusent le retour de l'enfant en Tunisie et qu'ils ont chargé un avocat du dossier de Linda. Le porte-parole des tribunaux de Mahdia et Monastir a détaillé la position des autorités tunisiennes dans ce dossier, affirmant que « le juge d'instruction a adressé une requête au juge de famille afin de veiller à l'intérêt supérieur de l'enfant étant victime d'une tentative de migration clandestine. Le juge de famille a décidé, le 24 octobre, le rapatriement de l'enfant dans son pays et auprès de sa famille. Le délégué de protection de l'enfance, qui se trouve actuellement à Lampedusa, se chargera de ce rapatriement ». Farid Ben Jha a expliqué que l'Italie est tenue de respecter la décision des tribunaux tunisiens dans le cadre de la convention de coopération judiciaire entre les deux pays. Il a précisé que d'après l'article 7 du code de droit international privé : « Les tribunaux tunisiens sont compétents pour connaître des actions connexes à des affaires pendantes devant les tribunaux tunisiens ». « Nous continuerons à défendre la position tunisienne et même si l'Italie émettait une décision différente, nous ferions appel de ce jugement », a-t-il ajouté
Mardi 18 octobre, une fillette de quatre ans est arrivée seule à l'île de Lampedusa sur une embarcation de migration clandestine. Les parents et leur autre enfant de sept ans sont, eux, restés bloqués sur la plage d'où l'embarcation a pris le large vers l'Italie. Celle-ci serait partie avec la fillette de quatre ans uniquement dans la précipitation à un moment de panique. L'enfant a immédiatement été prise en charge par l'association Save The Children. Citant le porte-parole de l'association Giovanni Di Benedetto, l'agence Ansa a précisé que le cas avait été signalé dans la foulée aux autorités compétentes et que l'enfant avait été transférée dans « une communauté protégée ». Ses parents avaient, d'abord, été placés en garde à vue, mercredi 19 octobre 2022, selon le porte-parole de la Garde nationale, Houssem Eddine Jebabli. Jusqu'au 15 septembre 2022, près de 14.000 Tunisiens sont arrivés en Italie après une traversée non-règlementaire de la Méditerranée, selon les chiffres publiés par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).