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À El Omrane, des enseignants qui tyrannisent nos enfants
Publié dans Business News le 07 - 12 - 2022

Polémique à Tunis depuis 48 heures autour de l'histoire d'El Omrane que plusieurs enseignants veulent étouffer la catégorisant comme un fait divers anodin digne d'un tabloïd à scandale.
Sauf que non, ce n'est pas un fait divers et ça ne doit pas l'être. Sous d'autres cieux, l'affaire ferait la une des médias et on lui consacrera plusieurs plateaux dans les chaînes d'information continue, jusqu'à ce qu'il y ait des têtes qui tombent.

Dans l'affaire d'El Omrane, la seule tête qui est tombée (pour le moment), c'est celle de Nour Ammar, adolescente de seize ans, étudiante au lycée pilote des arts d'El Omrane.
Nour fait de la musique et elle la fait bien. Régulièrement, elle publie des clips musicaux sur YouTube et elle est bien connue dans le milieu de son âge. Nour est une graine d'artiste, voire de grande artiste.
Il y a quinze jours, l'étudiante participe au cours de théâtre donné par Mhadheb Remili, acteur de feuilletons de série B.
Le cours se passe mal, l'enseignant l'aurait humilié et moqué indirectement son derrière, en usant d'approximations et de phrases qui pourraient être interprétées comme ayant une connotation sexuelle. C'est, du moins, la version de l'étudiante. Au théâtre, comme en art généralement, c'est la perception qui prime sur l'intention. Des phrases entre les lignes et des mots suggestifs sont monnaie courante. Le mot autour duquel il y a eu polémique est « derrière » en langue arabe. Il aurait été dit dans le sens « postérieur » par l'enseignant, il a été compris dans le sens « fesses » par la fille.
Durant ce même cours, Mhadheb Remili aurait multiplié les humiliations à l'encontre de Nour Ammar provoquant les moqueries d'une partie de la classe.
Ce ne serait pas une première. Toujours selon la version de l'étudiante, M. Remili serait un habitué des phrases à double connotation, des humiliations et de l'intimidation à l'encontre de ses étudiants. « Plusieurs sortent de son cours en pleurant après avoir été humiliés », déplore Nour dans une vidéo TikTok qui a fait le buzz parmi les étudiants d'El Omrane.
Elle dénonce cet enseignant qui rabaisse et harcèle ses étudiants, elle le critique violemment en disant de lui qu'il est nul, qu'il n'est pas artiste et n'a pas l'attitude d'un artiste.
Tout est parti de là. Lynché dans les commentaires, Mhadheb Remili ne supporte pas l'affront et saisit la direction de l'école.
Sentant le danger et la sanction venir, l'étudiante alerte sa mère qui la somme d'aller s'excuser et de retirer sa vidéo. Nour va voir l'enseignant, mais peine perdue, ce dernier lui refuse le pardon. Sa mère prend le relais et écrit une lettre d'excuses au prof. Ce dernier reste droit dans ses bottes.
Un conseil de discipline s'est tenu illico presto et le collège d'enseignants, avec le directeur, décide de renvoyer définitivement de l'école l'adolescente.
On n'a même pas eu besoin de vérifier ses dires et ses graves accusations, ce qui était pourtant facile à faire. C'était la parole de Mhadheb Remili contre la vidéo de Nour Ammar. Corporatistes à souhait, les enseignants adultes se sont ligués contre l'étudiante adolescente pour lui imposer une sentence fatale, un vrai tournant dans sa vie ! On parle bien d'un lycée pilote, on parle bien d'un lycée d'artistes !
Bienvenue en Tunisie de 2022 qui ne diffère pas trop d'un pays vivant encore au moyen-âge où les notions de la libre expression et de l'art sont encore méconnues.

La sentence est nauséabonde et l'affaire l'est encore davantage. Supposons que l'étudiante ait menti et qu'elle s'en est prise à un enseignant saint des saints. Son mensonge mérite-t-il une sentence si sévère pour autant ? Ces enseignants et leur directeur qui ont pris cette sentence sont-ils conscients de la gravité de leur décision et de ses conséquences sur la vie de la petite et de sa famille ?
Sauf que l'étudiante n'a pas menti, si l'on se réfère aux multiples témoignages des étudiants.

Oublions les témoignages qui n'ont même pas été entendus par le collège d'enseignants.
Au vu des posts Facebook de Mhadheb Remili lui-même, c'est une évidence que le bonhomme n'a pas la graine d'un pédagogue, ni celle d'un artiste. Il épingle les journalistes qui le critiquent avec un langage de rue où la virilité est le maître-mot. Devant notre ex consœur Sondes Zarrouki, il réemploie le mot « derrière » ne se souciant guère de la signification que pourraient lui donner les lecteurs.
Mieux encore, il relaie le post Facebook de l'ancien animateur Samir El Wafi, un multirécidiviste qui collectionne les peines de prison pour ses grossièretés et ses escroqueries.


Face à la polémique, il joue l'intimidation et menace de saisir la justice. Il l'a fait avec l'étudiante la poussant à retirer ses vidéos de TikTok.
Pour se faire une idée, nous n'avons plus besoin du témoignage de Nour et de ses camarades, ses posts Facebook suffisent.
Le monsieur n'a rien d'un pédagogue, il ne mérite pas d'être enseignant, il ne mérite pas d'éduquer nos enfants, il ne mérite pas d'être payé par l'argent du contribuable.
Le monsieur est dangereux pour nos enfants, il les tyrannise.
Plus dangereux que Mhadheb Remili, le collège d'enseignants et du directeur qui ont composé le conseil de discipline et décidé le renvoi définitif de Nour Ammar. Ces gens, que nous payons, n'ont aucune idée de ce qu'est la liberté d'expression, de ce qu'est un artiste, de ce qu'est la présomption d'innocence, de ce qu'est la clémence. Ce sont des corporatistes dont la mission première est de se défendre les uns les autres et non de protéger nos enfants !

Sous d'autres cieux, dans les pays qui respectent, leur sentence nauséabonde est suffisante pour qu'ils soient immédiatement renvoyés du ministère de l'Education. Ils ne peuvent pas éduquer, ils ne sont pas éduqués eux-mêmes ! Ils ne peuvent pas transmettre l'art, car l'art, la clémence et le pardon vont de pair !
Sous d'autres cieux, l'enfant est considéré comme l'avenir d'une nation et il est au centre de toute l'attention de la société.
À El Omrane, les enseignants-corporatistes n'ont aucune considération pour l'enfant, nos enfants, et ne méritent, par conséquent, aucune considération de la part de la société.
Si le ministère de l'Education se respecte, il devrait licencier l'ensemble du collège d'enseignants qui n'ont pas cherché à savoir si leur collègue est harceleur ou pas et qui ont tenté de foutre en l'air l'avenir d'un enfant que la société leur a confié.
De pareils injustes enseignants non-pédagogues, le pays n'en a pas besoin.
Tous les enseignants ne sont pas corporatistes, loin s'en faut.
Dans ce registre, retenons les deux post Facebook de Khaled Zoghlami, professeur des lycées, ils résument tout : « Je suis enseignant et mon grand souhait est que ma classe soit remplie de tels icônes qui sortent de l'ombre à la lumière » (Nour signifie lumière en arabe). « Indépendamment de son métier, s'il était artiste (bac + 6), il aurait dépassé l'erreur d'une artiste (bac -1) ».


Un proverbe arabe dit que l'enseignant a failli être prophète. Dans notre histoire, notre enseignant s'est suffi du même piédestal qu'une adolescente.


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