L'expert en économie, ancien ministre, ancien gouverneur de la Banque centrale et président du Centre international Hédi Nouira de prospective et d'études pour le développement (CIPED), Taoufik Baccar a considéré que la loi de Finances 2023 (LF 2023) manquait de vision. Il s'attendait à plus de mesures portant sur l'encouragement des investissements et de la croissance économiques. Il a souligné l'inflation continue du budget de l'Etat. Il a rappelé que la LF 2023 évoquait une somme proche des 70 milliards de dinars soit près de 43% du PIB tunisien. Invité le 24 décembre 2022 à l'émission "Le Grand Débat" animée Myriam Belkadhi et diffusée sur Shems Fm, Taoufik Baccar a indiqué que la Tunisie faisait face à un problème de mobilisation de fonds pour financer le budget de l'Etat. Il a expliqué que l'emprunt auprès des banques tunisiennes provoquait un effet d'éviction. L'Etat se transformait en concurrent de l'ensemble des acteurs économiques au niveau des prêts et ceci conduira à l'exclusion de certains d'entre eux. Il s'est, également, interrogé sur la question des emprunts auprès du marché international. Il a considéré qu'il serait difficile d'acquérir les seize milliards de dinars évoqués par la loi de Finances même en cas de conclusion d'un accord avec le FMI. Il a affirmé que la dette tunisienne ne permettait plus au pays de parler d'indépendance. La dette a évolué à un point ne permettant plus au pays de parler de souveraineté, selon ses dires. Taoufik Baccar a considéré que la loi de Finances ne comportait pas de mesures portant sur la relance économique. Il a considéré que l'Etat dépensait trop et de façon erronée. Il a rappelé que le budget de l'Etat était égal à treize milliards de dinars en 2010. Il est passé à 70 milliards de dinars au bout de dix ans sans réaliser de croissance économique. Il a évoqué la hausse continue de la masse salariale et le blocage au niveau de l'investissement. Il a mis l'accent sur la gravité de la situation économique du pays. Il a estimé que la scène politique devrait se focaliser sur la préservation du pouvoir d'achat et la lutte contre le chômage et la pauvreté. Taoufik Baccar a critiqué l'absence de plusieurs mécanismes permettant de réaliser une croissance économique du pays. Il a évoqué la suppression, durant plusieurs années, des mécanismes de planification et de programmation. Il a expliqué que le budget de l'Etat était élaboré depuis le mois de juillet à travers des réunions entre les équipes des ministères du Développement et des Finances. M. Baccar a considéré que la nouvelle constitution aurait pu comporter une règle limitant le déficit budgétaire de l'Etat. Il a, également, considéré que la Tunisie n'avait pas besoin d'adopter un nouveau mode de développement. Evoquant la question des entreprises communautaires, il a relevé l'exemple des coopératives et les conséquences néfastes de cette expérience.