Le nouvel ambassadeur américain, Joey R. Hood, a organisé, à sa résidence, une rencontre avec des représentants de plusieurs médias tunisiens, dans la matinée du 22 février 2023. A cette occasion, l'ambassadeur a déclaré que son premier objectif durant son mandat, en tant que représentant des Etats-Unis d'Amérique, est de doubler le volume des échanges commerciaux entre son pays et la Tunisie. Actuellement, le volume de ces échanges est d'à peu près un milliard de dollars. Il a souligné que cela permettrait de créer des emplois aussi bien en Tunisie qu'aux Etats-Unis.
Dans cette optique, Joey R. Hood a fait état des différents domaines de coopération tuniso-américaine en précisant, par exemple, que la première destination des produits artisanaux tunisiens était les Etats-Unis, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans. M. Hood a également déclaré que les USA ont été aux côtés de la Tunisie lors du combat contre le terrorisme avec une coopération avec les forces de l'ordre évaluée à près d'un milliard de dollars. Il a évoqué la lutte contre le Covid-19 pendant laquelle les USA ont fourni 3 millions de doses à la Tunisie malgré la rareté du vaccin à l'époque. « Aujourd'hui, la Tunisie combat la corruption et le manque d'efficacité. Les USA veulent aider la Tunisie, non seulement à travers le siège que l'on occupe au sein du Fonds monétaire international (FMI) mais également à travers des projets et des programmes qui permettent la création d'emploi », a-t-il expliqué. En guise d'exemple, l'ambassadeur a évoqué le programme Visit Tunisia auquel 50 millions de dollars ont été alloués et qui doit permettre la création de près de 15 mille emplois.
Sur un autre plan, répondant aux interrogations des journalistes, l'ambassadeur américain a évoqué la normalisation avec Israël et la possibilité que ce soit une condition imposée à la Tunisie par les USA. Il a répondu que ce n'était pas le cas et que le choix de normaliser, ou pas, les relations était un choix souverain du peuple et de l'Etat tunisien précisant que les Etats-Unis respectaient le choix fait par les Tunisiens à travers les urnes. Il a ajouté qu'il s'agissait d'une question de souveraineté nationale. Revenant sur son intervention polémique devant le sénat américain, Joey Hood a expliqué qu'il y avait des interrogations sur le sujet de la part de certains élus et sur sa position personnelle par rapport à la question. Dans le même contexte, l'ambassadeur US a apporté des précisions sur le fait de « mettre la Tunisie sur le chemin de la démocratie », une expression prononcée lors de la même audition devant le sénat et qui avait provoqué des remous en Tunisie. Ainsi, il a déclaré qu'il est sain et normal que deux démocraties s'entraident et dialoguent pour maintenir et aller plus loin dans le cheminement démocratique. Pour illustrer son propos, Joey Hood a évoqué le fait que les autorités américaines ont demandé, en 1860, au Bey de Tunis, des conseils à propos de l'abolition de l'esclavage en Tunisie, alors que la guerre faisait rage aux USA, à la même époque, à cause de la même question. Pour lui, deux démocraties peuvent apprendre l'une de l'autre à travers le dialogue. « Nous avons besoin l'un de l'autre. Nous avons besoin l'un de l'autre en tant que démocraties », a-t-il souligné. Répondant à une question concernant la tendance américaine à vouloir imposer un modèle démocratique partout dans le monde, Joey Hood a déclaré : « On ne peut imposer aucun modèle à n'importe quel pays car les pays et les peuples ont leurs propres souverainetés ». Par contre, il a indiqué que la Tunisie pouvait jouer un rôle de modèle à suivre pour la région en terme de démocratie, d'économie ouverte et inclusive et de coexistence.
En réponse à une interrogation de Business News sur la coopération militaire entre les deux pays, l'ambassadeur américain a confirmé qu'elle serait revue à la baisse pour le moment « parce que nous ne sommes pas sûrs de la forme que prendra la démocratie tunisienne ». Par contre, il a assuré que cette démarche n'entrait pas en ligne de compte lorsqu'il s'agit de garantir les prêts tunisiens, y compris auprès du FMI, car il s'agit là d'un outil utilisé par l'administration américaine, hormis des cas rares et déterminés. L'ambassadeur Joey R. Hood a aussi mis l'accent sur le fait que les Etats-Unis d'Amérique ont fourni 60 millions de dollars dans le cadre du programme de sûreté sociale qui sont allés directement en faveur des couches pauvres et précaires. Pour lui, la priorité est économique et il faut travailler à créer de l'emploi à travers, notamment, le tourisme et le développement des échanges commerciaux. Joey R. Hood a répété : « La Tunisie n'est pas un pays pauvre ». Dans sa lecture, la Tunisie n'est pas un pays qui a besoin d'une aide humanitaire de long terme. Il s'agit d'un pays qui a besoin d'un appui ponctuel le temps de mettre en place ses propres réformes.