La situation hydrique est très difficile et la rationalisation de l'usage de l'eau est devenue un impératif. C'est ce qu'a affirmé, lundi 27 mars 2023, le consultant expert en ressources en eau et ancien secrétaire d'Etat chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdallah Rabhi.
Au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, l'expert a affirmé : « Notre situation hydrique est très difficile. Depuis janvier, j'ai assuré qu'il fallait annoncer la sécheresse, notamment à cause de la baisse des précipitations. Certains avaient encore de l'espoir qu'il y ait des précipitations en février et en mars, mais rien ne s'est passé ». Et d'expliquer les choses via ce qu'il a considéré comme « des chiffres alarmants » : « De 2017 à 2020, en juin, le barrage de Sidi Salem (le plus important barrage du pays, ndlr) accumulait 250 millions de m3 d'eau, alors qu'aujourd'hui, il y a un peu plus de 96 millions de m3 d'eau, alors qu'on ne peut pas descendre en dessous des 80 millions de m3 d'eau à cause des odeurs et de la sécurité du barrage. La quantité est très petite. Nous sommes face une situation exceptionnelle. De ma vie, je n'ai jamais vu une telle situation au niveau du taux de remplissage. Il s'agit d'un dérèglement climatique et depuis quatre ans nous sommes dans un état de sécheresse : En 2019, le taux de remplissage était de 42% ; en 2018, il est passé à 32%, puis à 40% en 2021 et les apports en eau ont atteint 326 millions de m3 d'eau depuis le début de l'année et jusqu'à la date d'aujourd'hui. Si l'on versait toute cette quantité dans le barrage de Sidi Salem, il ne serait pas rempli. Nos besoins se situent à 1,49 milliard de m3 d'eau. Or, on manque de 1,16 milliard de m3 d'eau ». M. Rabhi a précisé que 800.000 m3 d'eau sont transférés quotidiennement du Nord vers d'autres régions : sept millions de personnes sont ravitaillées grâce à ces transferts en eau. Et de noter qu'il n'y a eu que 51% de précipitation au nord-ouest, qui représente le réservoir d'eau pour toute la Tunisie, et 22% de précipitation au sud-ouest. Pour lui, il faut rationaliser nos réserves en eau. S'agissant des coupures d'eau récurrentes ces derniers temps, l'ancien secrétaire d'Etat a estimé que la Sonede n'avait pas d'autre solution. En outre, il recommande que les citoyens participent à l'effort de l'Etat dans la rationalisation de l'eau.