La réception du premier lot de bus usagés samedi dernier a fait couler beaucoup d'encre, entre ceux qui saluent l'initiative vu la situation financière de la Transtu et des finances publiques et ceux qui affirment que la Tunisie est devenue la poubelle de l'Europe. Abderraouf Essalah, PDG de la Société des transports de Tunis (STT), communément appelée Transtu, a répondu, lundi 21 août 2023, à tous les détracteurs de la société, en expliquant que ce marché était la solution urgente pour répondre aux besoins actuels avec un coût raisonnable pour la société.
Au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, le responsable a ainsi précisé que la STT fournit trois types de transport (bus, métro et train ligne TGM) et que la flotte est devenue vétuste. Le nombre du bus assurant quotidiennement l'ensemble des dessertes au Grand Tunis ne dépassant pas les 420 bus, ce qui ne répond pas aux besoins face une demande en croissance. Ainsi, le premier impératif était d'assurer le service au citoyen, notamment en fournissant des moyens de transports. La solution urgente était le marché passé avec la Régie autonome des transports parisiens (RATP) pour l'acquisition de bus usagés : une solution circonstancielle, pour renforcer la flotte actuelle et répondre à la demande rapidement. Et de noter que les procédures allant du lancement de l'appel d'offres à la signature de l'accord puis la réception des véhicules, demandent au moins deux ans de délai. Le responsable a précisé que le bus usagé coûte 51.000 dinars, alors qu'un bus neuf coûte 450.000 dinars et le bus accordéon 710.000 dinars. M. Essalah a souligné que la société a déjà acquis des bus d'occasion entre 2015 et 2017 dont la durée de vie est de cinq ans. En réponse à l'interrogation de l'animateur, il a affirmé que l'affaire judiciaire de bus usagés en cours ne concerne pas la Transtu mais la Société de transport entre les villes. S'agissant de l'état des véhicules, le PDG a tenté de rassurer les Tunisiens : « Toute une équipe technique, composée d'ingénieurs et spécialistes de la société, du ministère de Transport et de l'ATTT, a été envoyée pour faire une expertise de pointe », a-t-il soutenu. On notera, cependant, que les chiffres avancés par le PDG et le ministère ne coïncident pas. Le ministère annoncé la réception d'un premier lot de 300 bus, et que cent bus seront réceptionnés en octobre. Pour sa part, le responsable a soutenu que la société a réceptionné 122 bus et réceptionnera 178 fin octobre prochain.
S'agissant de la tarification, Abderraouf Essalah a indiqué que la politique utilisée est celle d'une tarification à bas prix pour la dimension sociale : une tarification gelée depuis 2010 (0,5 dinar, un dinar et 1,5 d). La plus grande population d'usagers utilisant la tarification de 0,5 dinar. Il a rappelé dans ce cadre que tous les intrants du coût de transport (carburant, salaire, pièces de rechange, …) ont augmenté exponentiellement alors que la tarification est restée la même depuis treize ans d'où le déséquilibre financier de la société, et son incapacité à mener à bien les investissements nécessaires. Et de préciser, à titre d'exemple, que pour l'acquisition de 175 bus il faut un budget de un milliard de dinars. Ainsi, pour y remédier, l'augmentation des tarifications est une des propositions formulées. Autre chose importante, le PDG a assuré que la société n'obtient une compensation que pour le transport scolaire et universitaire.
Rappelons que le ministère du Transport a annoncé samedi 19 août 2023 la réception au port de la Goulette, du premier lot d'une opération d'acquisition de 300 bus usagés, dont 32 bus articulés. Il s'agit de bus de la marque Iveco Irisbus, écologiques, équipés de filtres à particules répondant aux normes Euro 5. Cet achat opéré auprès de RATP a coûté seize millions de dinars.