Le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie, Naoufel Amira, a indiqué que la loi tunisienne interdisait l'emploi de gérant ou l'accès à des associés dans les officines. Il a souligné l'importance de réviser la loi n°73-55 du 3 août 1973, organisant les professions pharmaceutiques afin de fournir plus d'opportunités aux jeunes pharmaciens. Invité le 24 août 2023 à Midi show d'Elyes Gharbi sur Mosaïque Fm, Naoufel Amira a expliqué que les jeunes pharmaciens étaient inscrits sur des listes d'attente et que la répartition des officines se faisait de façon à servir la santé publique. Les pharmaciens sont dans l'obligation de travailler dans les zones intérieures. Revenant sur l'amendement de la loi n°73-55 du 3 août 1973, organisant les professions pharmaceutiques, Naoufel Amira a indiqué qu'un projet de loi allant dans ce sens avait été élaboré par le ministère de la Santé. Ceci a eu lieu, assure-t-il, dans un cadre participatif. Il sera bientôt soumis à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Naoufel Amira a précisé que 500 ou 600 officines se trouvaient dans les zones rurales. Celles-ci ne sont pas rentables, mais elles existent par la force de la loi. Au total, près de 2.500 officines sont déployées sur l'intégralité du territoire tunisien. Il a, aussi, précisé que le nombre d'officines nécessaires était calculé en fonction de la densité de la population, mais aussi, du pouvoir d'achat d'une zone donnée. Il a assuré que ce système se distinguait par sa transparence. Pour ce qui est des médicaments consommés en Tunisie, Naoufel Amira a expliqué que 60% étaient produits en Tunisie et 40% importés par la Pharmacie Centrale. Il existe des difficultés au niveau de la production locale. Il s'agit, selon lui, d'un simple flottement, mais rien de grave. Concernant les 40%, on trouve un problème au niveau de la Pharmacie Centrale, qui à son tour traverse une crise financière. Il a souligné l'importance de préserver la Pharmacie Centrale et a mis en garde contre sa privatisation. Son caractère étatique lui permet de garantir la qualité des produits, leurs prix acceptables, l'équilibre dans la distribution des médicaments ou encore l'accessibilité aux produits pharmaceutiques. Il a appelé à encourager la production des médicaments génériques et de se pencher sur la possibilité d'octroyer des compensations pour la production nationale. Le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie a estimé que chaque médicament avait son degré d'importance, en particulier ceux dont l'utilisation est urgente. Il a cité l'exemple des médicaments contre le cancer ou du vaccin contre le Coronavirus. Il a expliqué que l'arrêt de distribution d'un laboratoire pharmaceutique de ses produits en Tunisie signifiait l'arrêt de l'acheminement de tous les médicaments qu'il produit. « L'arrêt ne touche pas un seul segment, mais tous les segments… Quelques-uns font le tri… Le patient tunisien ne jouit pas de tous ses droits. Il y a un problème au niveau de l'accessibilité et de la couverture… Il y a un problème au niveau de l'octroi des autorisations de mise sur le marché et de la prise en charge par la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam)… La Cnam n'est pas en train d'élargir la liste des médicaments pris en charge de façon acceptable », a-t-il dit. Naoufel Amira a critiqué la lenteur de l'octroi de l'autorisation de mise sur le marché pour les médicaments. Celle-ci peut prendre jusqu'à six ans. Il a, aussi, estimé que le manque de médicaments était dû à 90% au manque de moyens financiers. La dette de la Pharmacie Centrale, selon lui, s'élève à 800 millions de dinars. Il n'y a pas eu de hausse de la dette en raison d'une politique de rationalisation des achats. Le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie a critiqué l'absence d'un PDG à la tête de la Pharmacie Centrale. Il a souligné l'importance d'y remédier afin de rétablir la relation de confiance au sein de ce secteur. Naoufel Amira a estimé qu'aucun pays ne pouvait atteindre l'autosuffisance en matière de production de médicaments. Il a expliqué que l'occident produisait des médicaments depuis plus de 200 ans alors que la Tunisie n'avait entamé cela que depuis une trentaine d'années. Il y a un écart au niveau des capacités et des connaissances et de la maîtrise des technologies. Il a, aussi, expliqué que certains médicaments étaient consommés à de très petites quantités en Tunisie et qu'il n'était pas judicieux de créer toute une usine pour les produire. « Aucun Etat n'est à 100% autosuffisance... La loi oblige la Pharmacie Centrale et les fabricants de médicaments à avoir un stock stratégique de trois mois pour chaque molécule… Ce stock existe pour la production nationale mais pas pour tous les médicaments importés… Les pharmaciens, en cas de besoin, contactent les fournisseurs… Ils opèrent selon un cahier des charges. Il existe 70 fournisseurs en Tunisie… Il s'agit d'intermédiaires entre la Pharmacie Centrale ou les producteurs tunisiens et les officines…Ce secteur commence à se fatiguer en raison des faibles marges de profits fixées par le ministère du Commerce », a-t-il poursuivi. Naoufel Amira a considéré que certaines personnes exploitaient les pénuries et cherchaient à mettre en place un marché parallèle des médicaments. Il a mis en garde contre les produits contrefaits circulant dans plusieurs autres pays. Le président du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie a indiqué que certaines réformes étaient faciles à appliquer. Il a indiqué que la Pharmacie Centrale dépensait 50.000 dinars en compensations de médicaments importés ayant des produits similaires fabriqués en Tunisie. Il a, aussi, expliqué que la Cnam pourrait prendre en charge les dépenses de ses affiliés s'approvisionnant chez les officines externes relevant de la Pharmacie Centrale. Celle-ci n'a pas, selon lui, à endurer de telles dépenses. Il a estimé que ces réformes pouvaient réduire les dépenses de la Pharmacie Centrale et lui permettre d'augmenter ses revenus. Naoufel Amira affirmé que la dégradation de la situation des hôpitaux résultait de la défaillance de la Cnam. Celle-ci est créancière de huit milliards de dinars. Il s'agit de dettes non-honorées. Le non-recouvrement des créances de la Cnam l'empêche à son tour d'honorer ses engagements auprès des hôpitaux. Ces derniers se retrouvent, par conséquent, dans une situation financière difficile.