Réagissant à la décision du dirigeant du Front de salut national, Jaouhar Ben Mbarek, d'entamer une grève de la faim ouverte, à partir du mardi 26 septembre 2023 à minuit, l'avocat Abdelaziz Essid, coordinateur du comité de défense des prisonniers politiques, a affirmé que le comité de défense ne s'y attendait pas et qu'il a été pris de court.
Au micro de Elyes Gharbi lors de son passage à l'émission Midi Show, Me Essid a expliqué qu'une équipe du comité de défense était en visite à la prison de la Mornaguia, la veille, et qu'elle a appris la nouvelle sur place. Et de souligner que Jaouhar Ben Mbarek proteste contre ce qu'il considère comme une « mascarade judiciaire », en référence au traitement judiciaire de l'affaire de complot contre l'Etat. Ainsi, ce dernier n'était pas en train de demander conseil à son comité de défense mais avait pris une décision ferme d'entamer une grève de la faim et de ne la suspendre que si cette injustice est levée ou que s'il est libéré ainsi que les autres détenus dans ce dossier. L'avocat a assuré que le dirigeant du Front de salut national se considère innocent. Et de noter que son client n'a rencontré le juge d'instruction qu'une seule fois, le 24 février dernier, où un mandat de dépôt a été émis à son encontre, après lui avoir posé trois questions sur les liens qu'il entretenait avec les autres détenus politiques. « Nous avons essayé de le dissuader, craignant pour son intégrité physique. Il a déjà passé sept mois en prison et cela a eu des répercussions négatives sur son corps », a indiqué Abdelaziz Essid. Et de poursuivre : « Nous soutenons vigoureusement Jaouhar Ben Mbarek et nous soutenons toutes les actions, individuelles ou collectives, entreprises par les détenus politiques ».
Pour lui, on est « loin d'un procès équitable ». Et d'expliquer les lenteurs dans ce dossier par l'absence de preuves matérielles : « Dans un dossier de complots, il faut des preuves de préparatifs, d'intention de violence ou d'usage d'armes, de volonté d'opérer des actes terroristes ou d'en planifier, etc. Mais, même l'expert qu'ils ont mandaté pour décrypter les messages et conversations des prévenus n'a rien trouvé sauf l'organisation de réunions pour un projet de dialogue national ». Me Essid a martelé : « Alors s'il n'y a pas de preuves d'intention d'actes terroristes, que font nos clients au pôle judiciaire antiterroriste ? ». Et de surenchérir, en affirmant : « Le PV de l'interrogatoire de Chaima Issa est identique à celui de Jaouhar Ben Mbarek, alors pourquoi on l'a libérée et pas lui ?».
Hier, le comité de défense a annoncé l'entrée de Jaouhar Ben Mbarek en grève de la faim pour protester contre ce qu'il qualifie de mascarade judiciaire conduite par le juge d'instruction du bureau 36 près le pôle judiciaire antiterroriste.