L'opération « Déluge d'Al Aqsa » continue pour la deuxième journée successive. Elle a fait jusqu'à présent des centaines de morts et des milliers de blessés du côté israélien comme du côté palestinien, en plus de plusieurs dizaines de prisonniers militaires et civils parmi l'armée et les membres des colonies juxtaposant la bande de Gaza. Nul doute, compte tenu des rapports de force internationaux actuels, que les civils palestiniens, à Gaza et ailleurs, paieront lourdement la vengeance aveugle et l'arbitraire des représailles israéliennes dans les jours et les mois prochains, sous les regards indulgents et complices de la communauté internationale. Mais cela ne changera rien à la nouvelle donne dans la confrontation israélo-palestinienne. Sur le terrain, il y aura désormais l'avant et l'après « le Déluge d'Al-Aqsa » et rien ne sera plus jamais comme avant. Le rapport de force militaire reste et continuera à être, pendant des années, des décennies même, en faveur de l'armée israélienne qui bénéficiera de plus d'aides financières et logistiques alors que les Palestiniens, tous les Palestiniens, seront mis sur le ban des nations par les Occidentaux, mais pas seulement. Toutefois, malgré toute la supériorité militaire, technique et technologique dont dispose l'armée, les Israéliens savent que dorénavant, ils ne seront plus en sécurité. Les colons ne dormiront plus tranquilles sous la protection des soldats et des barbelés qui entourent leurs habitations. C'est là l'un des principaux enseignements des derniers développements. Les Israéliens (et le reste du monde) retiendront, que pour la première fois dans l'histoire du conflit avec les Palestiniens, ils ne sont pas confrontés à un acte isolé, à une opération éclair, à un groupe armé. Ils sont bel et bien face à une incursion militaire, une opération d'envergure, terrestre, aérienne et maritime, bref face à une véritable armée de libération palestinienne. Qu'elle porte le nom de Kacem ou autre, c'est un détail que les Palestiniens auront à régler entre eux. Face à cette armée de libération motivée à bloc, l'armée israélienne a manqué de combativité et les renseignements israéliens sont tombés de leur piédestal et ont essuyé un échec cuisant. Ils retiendront aussi que le conflit israélo-arabe n'est qu'un subterfuge, un miroir aux alouettes. Le véritable conflit est avec le peuple palestinien spolié de sa terre et qui lutte pour recouvrir ses droits légitimes et inaliénables. Israël ne connaitra jamais la paix si les Palestiniens, eux aussi ne vivent pas en paix dans leur pays, la Palestine libre, indépendante et souveraine. Les régimes arabes retiendront de leur côté que l'opération « Déluge d'Al-Aqsa » sonne le glas de soixante quinze ans de mercantilisme odieux et nauséabond de leur part. Les Palestiniens leur signifient aujourd'hui que désormais ils ont ras-le-bol de leurs trahisons et qu'ils n'ont plus besoins d'eux. Ils peuvent maintenant développer en plein jour leurs relations avec Israël, normalisées en cachette depuis belle lurette. À Tunis, le communiqué de la présidence de la République était très attendu. Une très large frange de Tunisiens l'a accueilli favorablement parce qu'il a réaffirmé le soutien permanent et indéfectible au peuple palestinien. En effet, les Tunisiens, pour des raisons historiques, affectives et parfois idéologiques, ont toujours porté à bras le corps la cause palestinienne et nourri une haine envers l'entité sioniste qui a bombardé Hammam-Chott en 1985 et envahi le territoire tunisien à trois reprises pour assassiner Abou Iyad, Abou Jihad et Mohamed Zouaoui. Seulement, le communiqué de la présidence de la République sape les fondements de la position historique de la Tunisie concernant la question palestinienne. Alors que la position historique de la Tunisie défend l'existence de deux Etats sur la base des résolutions onusiennes 234 et 338, le communiqué de la présidence de la République ignore totalement cette position et parle de recouvrement de toute la Palestine. Il invoque les enseignements religieux et les valeurs humanitaires sans aucune référence à la légalité internationale. Il est évident que le positionnement idéologique, dans son sens large, du président de la République a pesé sur le contenu du communiqué de la présidence. N'aurait-il pas fallu un débat national, ou même une consultation virtuelle, sur la question ou c'est trop demander à notre cher Président ?