Le veto américain contre le projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies pour un cessez-le-feu à Gaza initié par le secrétaire général de l'ONU à travers l'article 99 de la Charte a tout d'une symbolique. Le veto opposé le 9 décembre, à la veille du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme du 10 décembre 1948, fait ainsi fi de ce document jugé pourtant charnière dans les relations internationales. Le geste est symbolique aussi à travers la complicité avec l'entité occupante des terres palestiniennes. Complicité grave, puisqu'il s'agit de crimes contre l'Humanité et les crimes de guerre perpétrés à Gaza et en Cisjordanie occupée. En outre, le veto met les Etats-Unis dans une situation de complicité de crimes internationaux, mais aussi les isolent fortement sur la scène internationale. Non seulement, c'est le seul pays à avoir osé utiliser un veto (un privilège qui devrait être revu et examiné et même aboli) dans ces circonstances, mais il est parmi les rares pays à encore appuyer cette position au sein de l'Assemblée générale des Nations unies qui vient d'adopter à la quasi-unanimité et sous les applaudissements universels une résolution pour un cessez-le-feu à Gaza. Rare, dans l'histoire moderne, on n'a vu une prise de position aussi fanatique que celle des Etats-Unis sur ce dossier. Une prise de position qui lui coûte très cher et qui va à l'encontre de ses propres intérêts politiques. Aucune administration américaine, aucun secrétaire d'Etat, aucune ambassade américaine ne peut plus prétendre adopter le discours interventionniste des droits de l'Homme ni de la démocratie. C'est fini. Tout cela s'inscrit dans une période durant laquelle beaucoup de changements géopolitiques sont en train d'être réalisés ailleurs et à une cadence accélérée. Le Sud global et les Brics gagnent du terrain politique, économique, et même militaire sur d'autres théâtres d'opérations. L'occupant des terres palestiniennes est en train de sombrer dans les ruelles de Gaza. Visiblement, les Etats-Unis se sont portés volontaires pour sombrer avec lui politiquement sur la scène internationale.
*Mohamed Mehdi Soufargi Maître Assistant en Droit public Expert en Géopolitique Ancien Doyen