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Le secteur bancaire tunisien sous la loupe de l'OCDE
Publié dans Business News le 19 - 12 - 2023

Le secteur bancaire fait l'objet de plusieurs débats et critiques, notamment en raison des emprunts au profit de l'Etat souvent présentés comme étant malsains, voire néfastes pour l'économie tunisienne et le secteur privé. De plus, la question de la concurrence au sein de ce secteur n'a toujours pas fait l'objet d'un débat national objectif et franc.
Depuis un certain temps, parler des banques de la place conduit directement à un débat autour de l'endettement de la Tunisie et les prêts intérieurs. Selon la loi de finances rectificative de l'année 2023, la Tunisie envisage de contracter des prêts à près de douze milliards de dinars, dont 10.563 MD sous forme de prêts intérieurs. Une somme assez importante qui nous pousse à évoquer l'effet d'éviction. D'après les experts, en prêtant à l'Etat, les banques choisissent indirectement de limiter les ressources devant théoriquement être mobilisées au profit du secteur privé et des consommateurs.
Ainsi, les entreprises seraient les premières victimes du recours de l'Etat aux emprunts intérieurs. Le nombre de sociétés ayant obtenu un prêt serait insatisfaisant par rapport aux nombres de demandes déposées auprès des banques. D'un point de vue quantitatif, l'information a été confirmée par l'étude de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), Etude de marché de la concurrence dans le secteur de la banque de détail en Tunisie. Le document affirme que les prêts aux MPME (Micros, Petites et Moyennes entreprises) sont limités.
Néanmoins, l'étude évoque d'autres raisons : « L'absence d'un bureau privé d'information sur le crédit réduit les informations dont disposent les banques pour évaluer les profils de risque des nouveaux emprunteurs, ce qui exacerbe les effets des avantages des banques en matière d'information sur les clients existants. Le plafonnement des taux d'intérêt débiteurs réduit encore la capacité des banques à évaluer et à tarifer le risque de crédit avec précision, ce qui peut les amener à recourir de manière disproportionnée aux garanties. La longueur des procédures judiciaires pour obtenir la propriété des garanties en cas de défaillance de l'emprunteur et l'absence de registre des actifs mobiliers ».
D'après l'étude menée par l'OCDE, les participants ont évoqué les relations d'affaires entretenues par les banques avec un certain groupe d'emprunteurs. L'organisation a rappelé que cinq groupes industriels contrôlaient plus de 60% des chiffres des entreprises privées les plus importantes du pays et sont en lien direct avec les banques (données collectées par l'OCDE dans son enquête de 2019). « Cela peut potentiellement réduire l'accès au crédit pour les entreprises qui ne sont pas liées à ces groupes », a ajouté la même source.
L'OCDE a considéré que la structure du marché et le système réglementaire étouffaient la concurrence. Elle a évoqué la question des structures de propriété des banques pouvant conduire à un partage des informations liées à la commercialisation et aux stratégies. Ceci augmente les risques d'un comportement coordonné des banques. Cette remarque peut être liée aux critiques évoquant des ententes et des accords tacites entre les banques ayant conduit à l'absence d'offres concurrentielles ou d'un catalogue de services variées au niveau du secteur bancaire.
L'étude a, aussi, tenu l'Etat tunisien responsable de la chose en raison du rôle qu'il joue. L'Etat est à la fois autorité et acteur du secteur puisque la Tunisie est l'actionnaire majoritaire de trois des plus grandes banques du pays. Ceci aurait pour conséquence d'affaiblir davantage la concurrence. « Les banques publiques sont généralement moins incitées que les autres à améliorer leur efficacité et à innover », a poursuivi la même source.
Afin d'appuyer ce constat, l'OCDE est revenue sur les données révélées par une étude menée auprès des MPME. Elle comprend un échantillon dont 100% avaient besoin d'un financement. De ce groupe, 43% n'ont pas déposé de demande de crédit. D'un autre côté, seulement 26% des MPME ont accédé à des fonds alors que 57% avaient déposé une demande à ce sujet. Le même graphe explique que 23% des demandes déposées par cet échantillon ont été rejetées.
L'étude menée par l'OCDE a, aussi, expliqué la défaillance au niveau de la concurrence entre les banques par le comportement des consommateurs. Elle s'est penchée sur l'accès aux services bancaires, notamment les comptes courants. L'organisation a constaté que l'engagement des clients dans le segment des comptes courants était faible. 64% des consommateurs tunisiens n'ont pas de compte courant personnel. Pour ce qui est des clients des banques, quatre consommateurs sur cinq et deux petites entreprises sur trois ne comparaient pas les frais lors de l'ouverture d'un compte. Ces chiffres représentent respectivement 80% et 66,66%. De plus 62% des consommateurs ont indiqué ne pas connaître les frais qu'ils paient auprès des banques.
D'un autre côté, seulement 3% des consommateurs et 4% des petites entreprises ont changé de banque au cours de l'année 2022. Selon l'étude, les consommateurs et les petites entreprises : « ont tendance à rester fidèles à leur fournisseur pendant de longues périodes. Lorsqu'elles recherchent un financement, les entreprises ont tendance à ne s'adresser qu'à leur fournisseur de compte courant… En Tunisie, les banques ne facilitent pas l'accès des consommateurs aux informations nécessaires et de façon comparable sur les frais. Les banques créent des barrières monétaires et non-monétaires à la fermeture des comptes qui réduisent en fin de compte la mobilité et la capacité des clients à changer de fournisseur ».
Ainsi, l'attitude des banques en Tunisie, parallèlement à ces barrières, réduit considérablement la concurrence entre ces structures. En l'absence de concurrence, les banques sont moins sensibles à une révision des prix et à une amélioration des services afin d'attirer plus de clients.
Enfin, l'étude de l'OCDE a critiqué les restrictions aux services de paiement. Elle a qualifié les barrières réglementaires d'inutiles. D'après l'étude : « plusieurs dispositions juridiques créent des obstacles inutiles à l'entrée des prestataires de services de paiement et entravent la concurrence. La procédure et les conditions d'agrément des prestataires de services de paiement comprennent des exigences en matière de capital minimum qui sont entre 12 et 76 fois plus élevées que dans d'autres pays ». L'OCDE a, également, évoqué une longueur des procédures réduisant la transparence et la hausse des coûts. Ainsi, et sur le plan pratique, les affiliés des groupes bancaires existants étaient les plus aptes à obtenir une licence pour exercer ce genre d'activité. Malheureusement, les sociétés de fintech ne jouissent pas du même soutien, bien que celles-ci aient joué un rôle important dans la stimulation de la concurrence et de l'inclusion financière en fournissant des alternatives innovantes et moins chères aux services des banques traditionnelles. Malheureusement, la législation tunisienne s'est révélée être dissuasive et a découragé les entreprises. Elle pousse les sociétés fintech à ne pas entrer dans le secteur de la banque en détail.
Pour conclure, les éléments abordés ci-dessus ne peuvent que mettre en lumière une seule et unique réalité : la nécessité de passer à des réformes, et ce, le plus rapidement possible. Le secteur bancaire, notamment de la banque en détail, fait face à des défis économiques et à une défaillance au niveau de la législation en vigueur. La Tunisie doit se doter des mécanismes permettant de passer vers une concurrence pure, parfaite et loyale afin que l'accès aux services de paiement soit plus facile, que les banques s'alignent sur les standards internationaux de transparence et de bonne gouvernance et que les consommateurs intègrent les services bancaires. Vu la sitaution économique du pays et la dégradation de son économie, il serait, certainement, temps d'agir et de suivre le progrès !


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