Professeurs et doyens s'insurgent contre la détention abusive des prisonniers politiques    Les températures dépassent les 52 degrés au Pakistan    Emission d'un mandat de dépôt contre l'avocat Samir Abdelli    Hyundai Tunisie reçoit le Label "Best PR" lors de la convention régionale de Hyundai MotorCompany à Jakarta    Béja: Les agriculteurs réclament la mise en place de l'Office national des fourrages [Vidéo]    Derby : 27 mille supporters pour le CA    Kaïs Saïed quitte la Tunisie, direction la Chine    Goethe-Institut Tunis lance la 3e édition de Ciné Jnina, des projections en plein air du 2 juin au 14 juillet    Protection civile : 8 décès et 221 blessés en une journée    Mahdia : La garde maritime intercepte les migrants pour empêcher les naufrages    Qui est Tarek Ben Salem, nouveau secrétaire général de l'Union du Maghreb Arabe    Roland Garros : Ons Jabeur face à un nouveau défi    Cristiano Ronaldo : Record de 35 buts en une saison    La Tunisie et l'hydrogène vert: 120 milliards d'euros d'investissements requis    Tourisme: L'ONTT célèbre le 98e anniversaire d'un touriste allemand qui visite la Tunisie depuis 1966    Au Palais de Carthage : Le Président de la République reçoit le journaliste palestinien Wael Dahdouh    Enfin, la réouverture imminente du passage frontalier de Ras Jedir    Charlatanisme : Contre des centaines de milliers de dinars, une femme promet des fortunes et des trésors    Lasagnes gourmandes à la ricotta et aux épinards    Monde Arabe: Premier vol direct entre la Syrie et l'Arabie saoudite depuis 12 ans    Daily brief national du 28 mai 2024: Kaïs Saïed : Restituer les fonds spoliés au peuple tunisien    Mövenpick Hôtel du Lac Tunis : vernissage de l'exposition "Les Trésors Abyssaux" et nomination du nouveau directeur Eric Vittenet    Frappes à R-a-f-a-h: Le Conseil de sécurité se réunit ce mardi en urgence    Des faits et des chiffres    CONDOLEANCES    Région Mena – Principaux centres financiers en 2024 : Capital humain, fiscalité et infrastructures comme mot d'ordre    « Récits d'Argile » à la chapelle Sainte-Monique -IHEC : 1.001 briques, la ville dans tous ses états    Dhikra Mohamed, ressuscitée en hologramme, le 6 juin au Théâtre de la ville de Tunis : Un spectacle qui promet de marquer les esprits    Chèque sans provision : la présidence révèle les détails du projet de loi    Engagement tuniso-suisse pour une action climatique conjointe en Tunisie    Journée de l'Afrique: Hommage à d'illustres figures    Golfe d'Hammamet: Une secousse tellurique d'une magnitude de 3 degrés    Artes propose la distribution d'un dividende de 0,4 dinar par action    Kaïs Saïed reçoit le journaliste palestinien Wael Dahdouh    Météo de ce mardi    Kaïs Saïed reçoit Khaled Nouri et Sofien Ben Sadok    Le gouvernement fixe de nouveaux avantages fiscaux pour le FCR    Mövenpick Hôtel du Lac Tunis : cocktail de nomination du nouveau General Manager Eric Vittenet    La situation de la FTF au coeur d'une rencontre entre Kamel Deguiche et une délégation de la Fifa    Wael Dahdouh accueilli à Tunis au siège du SNJT    Ons Jabeur se qualifie au second Tour de Roland Garros 2024    Ce que la Palestine apporte au monde : Une exposition de l'institut du monde arabe à l'IFT Tunis    L'Arabie Saoudite nomme son premier ambassadeur en Syrie depuis 2012    Ligue 1 – Play-out – 12e journée : L'ASM relégué    Ligue des champions – L'EST n'a pas réussi à piéger Al Ahly au Caire : Conformément aux moyens !...    Ligue 2 – 23e journée : Sprint final entre la JSO et Jendouba    Festival de Cannes – La palme d'Or pour Anora de Sean Baker : Un palmarès surprenant    Tunis accueille l'exposition "Ce que la Palestine apporte au monde"    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Marouane El Abassi, un bon gouverneur s'en va
Publié dans Business News le 16 - 02 - 2024

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abassi, est arrivé au terme de son mandat. Il part la tête haute, la conscience tranquille, le cœur lourd et le cerveau inquiet. Son successeur est loin de son niveau et risque d'être cannibalisé par le régime de Kaïs Saïed.

À 64 ans, Marouane El Abassi peut être fier de son parcours. Notamment le dernier épisode et ses six ans passés à la tête de la Banque centrale où il a eu à faire avec trois régimes distincts et antinomiques.
Il a commencé en 2017 avec le gouvernement de Youssef Chahed socio-libéral et son ministre des Finances - une vraie pointure - Mohamed Ridha Chalghoum. Quelque temps après les élections de 2019, le gouverneur a composé avec Elyes Fakhfakh, tout aussi socio-libéral, et son ministre des Finances - très talentueux - Nizar Yaïche. C'était bref, à peine six mois, mais ça a coïncidé avec l'énorme crise mondiale du Covid et ses répercussions dramatiques sur les économies nationales. Puis vint le gouvernement de Hichem Mechichi, tout aussi bref, dix mois, et toujours avec un bon ministre des Finances, Ali Koôli. Ici aussi, on suit la même politique, mélange de socialisme, libéralisme et mendicité auprès du FMI et grandes instances internationales. Pendant cette période 2017-2021, la politique gouvernementale était assez constante rendant plus facile le travail du gouverneur. La visibilité était mauvaise, certes mais les remèdes aux maux du pays étaient clairs, même s'ils n'ont pas été administrés.
Là où ça a commencé à débander, c'est avec le gouvernement de Najla Bouden, une des pires locatrices de la Kasbah. Venue après le putsch du 25 juillet 2021, Mme Bouden dirigeait le bateau Tunisie comme un rescapé sur une planche de bois. Elle ne savait pas où aller, ni comment. Alors que son patron Kaïs Saïed lui ordonnait une politique totalement socialiste basée sur le protectionnisme et l'assistanat de l'Etat, Mme Bouden essayait naïvement et sans technicité de suivre le chemin du libéralisme. Alors que son patron lui demandait de tourner radicalement le dos aux politiques de ses prédécesseurs, Mme Bouden ne faisait que les plagier. Son successeur, depuis septembre 2023, Ahmed Hachani n'est pas en train de faire mieux.
Malgré toutes ces politiques divergentes, et en dépit de l'amateurisme affligeant des deux derniers chefs du gouvernement, Marouane El Abassi a maintenu le cap suivant aveuglément une seule et unique politique : juguler l'inflation et maintenir le dinar à flot.
Les analystes et observateurs sont unanimes, sans Marouane El Abassi, l'inflation en Tunisie aurait atteint les 50% et il aurait fallu quatre ou cinq dinars pour acheter un euro.

Avant le putsch du 25 juillet 2021, l'économie tunisienne titubait, mais arrivait, bon gré mal gré, à se maintenir. Le putsch et l'arrivée de piètres gouvernants à la Primature, ont mis à plat cette économie. Les agences internationales de notation étaient les premières à voir venir la catastrophe et ont commencé à dégrader la note tunisienne. Plutôt que d'affronter le problème et de travailler à le résoudre, Kaïs Saïed a tancé ces agences et s'est moqué d'elles. Il a estimé que les différentes politiques libérales suivies à ce jour par les pays développés ont montré leurs limites et qu'il fallait suivre une nouvelle vision.
Cette vision anachronique et stupide de l'économie a laissé de marbre Marouane El Abassi qui a continué à conduire le paquebot de la Banque centrale comme il l'entendait et en toute indépendance. De quoi déplaire au régime putschiste qui a lancé ses « chiens » sur les réseaux sociaux pour attaquer la Banque centrale, son indépendance et son gouverneur. M. El Abassi est resté imperturbable, totalement hermétique aux attaques. Chaque fois que l'inflation montait, il travaillait à la faire descendre. Elle a même franchi les deux chiffres fin 2023, mais il a réussi à la faire replier à 7,8% en janvier 2024. Le dinar est resté stable, malgré la conjoncture et malgré le grand manque de confiance. Il s'agit là d'un exploit, d'un grand exploit que la Tunisie doit à Marouane El Abassi. Il était un des rares hommes d'Etat à garder la tête sur les épaules et à affronter la folie suicidaire du régime.

Mais là où le gouverneur a vraiment freiné la folie du régime, c'est quand il s'agissait de combler le déficit de l'Etat. Aussi bien du côté de Najla Bouden que d'Ahmed Hachani, le gouvernement a été tenté d'emprunter directement à la Banque centrale plutôt qu'aux banques. La tentation de faire marcher la planche à billets est également grande.
Que faire face à un régime putschiste, aveuglé par ses idées et qui met ses opposants en prison à tour de bras ? En dépit du danger qui le guette personnellement, Marouane El Abassi a résisté et a dit non. Tacticien, il a évité les médias et les plateaux de télévision, comme l'aurait fait n'importe quel gouverneur de banque centrale, et a préféré jouer la pédagogie et le lobbying avec le président de la République. Il a beau être injurié à longueur de pages Facebook (notamment celles proches du régime), il n'a jamais répondu aux provocations conduisant calmement sa caravane en laissant les chiens aboyer.
Las, le régime a décidé en janvier 2024 de passer en force en faisant voter une loi lui permettant d'emprunter directement à la Banque centrale quelque sept milliards de dinars sur dix ans, sans intérêts et avec trois ans de délai de grâce. Une opération qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la planche à billets. L'argent perd de sa valeur d'une année à une autre et le fait de rembourser sans prendre en considération les intérêts, revient à dire que l'on est en train de rembourser moins que ce que l'on a emprunté.
Marouane El Abassi n'a plus de voix au chapitre, le régime a décidé de continuer sa fuite en avant et de faire plonger la Banque centrale. Le timing est bien choisi, il coïncide avec la fin du mandat du gouverneur. Soit il accepte les nouvelles règles et son mandat est renouvelé, soit il déguerpit. Il a choisi de ne pas être complice préférant quitter le navire la tête haute.
Parce qu'il a gouverné durant une période des plus dures de l'Histoire économique et financière de la Tunisie et parce qu'il a su résister à un régime anachronique despotique, Marouen El Abassi inscrit indéniablement son nom parmi les meilleurs gouverneurs que la Banque centrale de Tunisie ait connue, après Mustapha Kamel Nabli (limogé en 2012 parce qu'il a résisté au régime de la sinistre troïka), Taoufik Baccar (2004-2011), Mohamed El Beji Hamda (1990-2001) et Hédi Nouira (1958-1970).


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.