L'expert en économie, Moez Hadidane a considéré que la mise en danger des équilibres financiers publics a eu lieu à la suite de l'adoption de la loi de finances sans préciser les sources d'une grande partie des emprunts étrangers. « Les chiffres étaient irréels… Il n'y avait pas de solutions… Nous avons opté pour le financement par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) », a-t-il dit. Invité le 11 mars 2024 à « Expresso » de Wassim Ben Larbi sur Express Fm, Moez Hadidane a indiqué que le rapport de Fitch Rating au sujet des besoins de financement était tardif. Il a expliqué que trois milliards de dinars ont été prélevés auprès de la BCT, mais n'ont pas été réinjectés dans l'économie tunisienne. « Ils ont été convertis en devises afin de rembourser un crédit à hauteur de 850 millions d'euros… Nous avons puisé dans nos réserves en devises… Nous allons avoir besoin de plus de financements étrangers », a-t-il ajouté. Moez Hadidane a considéré que la difficulté d'accès aux financements étrangers était à l'origine de la pression exercée sur le secteur bancaire, sur les réserves en devises et sur le dinar tunisien. D'un autre côté et parallèlement à ses difficultés, les choix et la politique de l'Etat tunisien ont conduit à une réduction du déficit budgétaire et à une amélioration d'autres indicateurs économiques. « Nous allons avoir besoin d'au moins 2,5 milliards de dinars provenant de l'étranger… Nous devons œuvrer pour garantir cela… Ils sont indispensables… Nous devons rembourser en janvier 2025 un milliard de dollars… Nous devons nous y préparer maintenant », a-t-il poursuivi.
Moez Hadidane a rappelé que les besoins en financements étrangers de la Tunisie étaient aux alentours de 5,3 milliards de dollars. La Tunisie n'en a perçu qu'une somme inférieure à 400 millions de dollars. L'expert en économie a exprimé ses doutes quant à la collecte de la somme initialement prévue. La Tunisie pourrait, d'après lui, faire appel à la BCT encore une fois et donc réduire encore une fois les réserves en devises du pays. « L'Etat tunisien doit faire tout son possible afin de mobiliser des financements en devises… Ainsi, le remboursement d'un prêt reflétera un effet neutre contrairement à la création de monnaie en dinar puis sa conversion en devise… Le rapport de Fitch est proche de la réalité… Nous devons trouver un terrain d'entente avec certains bailleurs de fonds… 2024, 2025 et 2026 s'annoncent êtres difficiles », a-t-il déclaré. Pour ce qui est de la période 2024-2025, Moez Hadidane a considéré qu'elles seront similaires à 2023 et que l'Etat fera face à des difficultés portant sur le remboursement de prêts ou l'approvisionnement en certains produits de base tels que les combustibles et le carburant. La Tunisie pourra procéder à cela, mais au détriment des réserves en devises. Concernant l'inclusion financière ayant fait l'objet d'un conseil ministériel, Moez Hadidane a indiqué qu'il s'agissait d'une thématique abordée par la Tunisie depuis vingt ans. Il a mis l'accent sur l'importance de cette politique qui facilitera l'accès au financement bancaire et la lutte contre l'économie informelle. « Il s'agit, aussi, de l'un des objectifs du développement durable… Près de 40% des Tunisiens n'ont même pas de compte auprès de La Poste… J'espère que la loi apportera des améliorations… Le secteur bancaire doit être impliqué… Dans certains pays, on a créé des banques régionales », a-t-il dit. Moez Hadidane a expliqué qu'un projet de création d'une banque nationale des régions avait été évoqué, mais qu'il a été abandonné. Il a, également, considéré que La Poste aurait dû être la première institution habilitée à accorder des petits emprunts au lieu de permettre cela au niveau des caisses sociales qui sont déjà en difficulté financière.