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Tunisie - Télévision publique : la descente aux enfers ?
Publié dans Business News le 26 - 08 - 2009

Le changement surprise du directeur de la télévision publique Tunisie 7 a suscité moult interrogations dans les milieux médiatiques tunisiens.
Par son timing, d'abord, mais aussi pour les raisons qui ont motivé ce brusque départ. L'occasion également de s'interroger sur l'avenir de cette télévision publique face à la concurrence actuelle et celle à venir.
Le mois de Ramadan est celui de la consommation … télévisuelle, par excellence. Chaque année, la chaîne de télévision publique concocte ce qu'elle a de mieux pour le mois saint. Seulement voilà, ce qu'elle concocte de mieux ne plait pas, nécessairement, à un audimat de plus en plus exigeant et de plus en plus zappeur.
Il y a quelques années, la télé nationale jouait seule sur le terrain et imposait aux Tunisiens sa propre vision de la télé.
Aujourd'hui, la donne a changé. Le téléspectateur n'est plus le récepteur passif d'hier. Il refuse de consommer sans broncher tout ce qu'on lui donne. Il compare entre les chaînes satellitaires arabes et tunisiennes.
S'il ne sait pas ce qu'il veut, il sait au moins ce qu'il ne veut pas.
Hannibal TV et Nessma TV figurent dans le paysage médiatique et offrent un produit différent. Une ménagère ne regarde pas les mêmes programmes qu'un homme d'affaires, un jeune féru de sport ou un retraité attiré par l'info politique ou l'info religieuse. La façon de traiter cette info est, elle-même, matière à comparaison entre ce que fait notre chaîne publique et ce que font les chaînes étrangères. La nôtre évoque incontestablement les années 1960-1970 où prime la langue de bois des applaudisseurs de service. Il n'y a pas pire qu'une télé qui refuse de se moderniser.
Depuis 2-3 ans, un nouveau venu est arrivé pour imposer cette vision moderne de la télévision et il a réussi. Il s'appelle Sami Fehri et dirige la société de production Cactus. Comment s'est-il imposé ? Quelle a été sa recette ? Pourquoi lui ? Peu importe, mais le résultat est là : l'audimat de Tunisie 7 caracole en tête dès qu'une émission de Sami Fehri est diffusée.
Exemple : en avril dernier, sur la foi des statistiques de Sigma Conseil, Tunisie 7 a un taux de pénétration de 42,5% contre 24,3% pour Hannibal TV et 15,3% pour MBC4. C'était la pleine saison de Cactus avec une série d'émissions.
En décembre 2008 et avant que Cactus n'occupe l'antenne de la chaîne publique, Tunisie 7 était classée 6ème avec un taux de pénétration de 12,8%. Tunisie 21 était 3ème avec 18% et Hannibal TV, 5ème avec 15,8%.
En juillet2009, et après la fin des émissions de Cactus, Tunisie 7 rechute à nouveau et retrouve son classement médiocre, derrière MBC avec 13,6% !
Et puis arrive le mois de Ramadan . « Si une chaîne de télévision réussit son mois du Ramadan, elle peut garantir la réussite de l'année. Le public adhère et les annonceurs derrière », analyse Nabil Karoui, patron de Nessma TV.
Le Ramadan 2009 est justement spécial, car une rude concurrence est annoncée.
Il voit l'entrée de plain pied de Nessma TV dans le paysage médiatique. L'autre concurrent, Hannibal TV, a produit son propre feuilleton et ses propres séries avec une certaine originalité qui plait. L'un et l'autre ont organisé des conférences de presse pour annoncer leurs nouveautés et ont misé sur Internet pour assurer le relais. Signe clair et net d'un respect du public auquel on s'adresse.
Nessma TV compte par milliers les visiteurs sur son site web et son groupe de Facebook. Sur ce même réseau social Facebook, la série 2050 diffusée sur Hannibal TV ne cesse de faire parler d'elle grâce à un extraordinaire plan de communication concocté par des agences jeunes et modernes.
C'est exactement la même stratégie suivie par certaines émissions de Cactus. Ahna Hakka de Nizar Châari compte ses fans par milliers sur Facebook. El Hak mâak de Moez Ben Gharbia a créé son propre site web. Cela s'appelle le buzz. Terme inconnu, parait-il, à la direction du 71, avenue de la Liberté.
En face de cette agressivité marketing, Tunisie 7 continue à faire dans l'old fashion, avec des devinettes et de la caméra cachée qui ont du mal à se renouveler et se moderniser. Résultat : elles ont du mal à convaincre le public qui, forcément, zappe.
«C'était la goutte qui a fait déborder le vase», nous dira un proche bien informé du ministère de tutelle pour expliquer le départ-surprise du directeur de la chaîne et le retrait de l'antenne des émissions de Kouka deux jours après le début du mois saint.
Timing surprenant et encore plus surprenant lorsqu'on sait que l'agence Sigma a présenté d'excellents taux d'audience en ces deux premiers jours : 77% le premier jour et 72% le deuxième jour pour la chaîne publique qui caracole en tête.
« Oui, mais ce taux d'audience est réalisé en bonne partie grâce à Cactus et non pas grâce à la programmation de la chaîne. Pour le Ramadan, une chaine publique se doit de faire nettement mieux que ce qu'elle a présenté au public», répond notre source.
Khemais Khayati, critique de télé, bien réputé par ses analyses de haute qualité, abonde dans le même sens : « Normalement, le mois du Ramadan qui vient toujours à un moment précis et connu du calendrier ne devrait pas surprendre les responsables de la télé publique pour que des productions traînent encore en salle de montage comme le sont les feuilletons et d'autres productions…
Hormis les deux feuilletons de Msellmani et Harbaoui, le Maktoub de Fehri/Fazaa et le sit com « Choufli hal » de Jerbi/Belhaj, l'un dans sa seconde année, l'autre dans sa cinquième, la grille ne brille pas par une imagination délurée et nécessaire en ces temps de concurrence ardue. (…)
La production publique qui devrait assumer sa fonction est plus que sage. Je dirai même soporifique. Peut-être que la raison est à chercher ailleurs qu'à la télé, là où se décide le partage des budgets et où se font les commissions de marché… Une commission de marché avec trois devis pour un programme télévisuel, c'est comme si on allait acheter une benne de ciment ou une tonne de barre de fer… C'est tout comme aux yeux des responsable de l'audiovisuel national ».
En d'autres termes, on ne peut pas gérer la chose culturelle et artistique comme on gère une entreprise ordinaire.
Sous d'autres cieux, la télé publique oublie la course à l'audimat et ne perd jamais du regard sa mission de service public. Il est même interdit à la télé publique de diffuser de la publicité. La nôtre, ses pages publicitaires coupent carrément les émissions et les films ! En clair, ces objectifs et ceux d'une télé privée se doivent obligatoirement d'être différents.
« Il faudrait une sorte de cahier des charges clair et précis avec ses prérogatives, les règles et le budget qui vont avec. Comme toute télévision du service public du 21ème siècle en somme », analyse un enseignant universitaire spécialisé.
On craint cependant que le pire soit à venir. Car celui qui fait actuellement le printemps de la télévision, c'est bel et bien Sami Fehri. Or celui-ci envisage de partir voler de ses propres ailes, en créant sa propre chaine dès novembre 2010 si tout va bien. En théorie, il va emmener ses émissions dans la valise et laisser la chaîne publique dans ses 12% et sa bureaucratie.
En parallèle, Hannibal TV est en train de gagner en expérience et de réduire le nombre de ses émissions ridicules. Nessma TV, forte de l'expérience et du know how de ses actionnaires envisage de "casser la baraque" et on peut faire confiance aux frères Karoui pour assurer la réussite de leurs projets. Ils attaquent d'ailleurs en force le mois saint avec une interview exclusive de Silvio Berlusconi. L'émission même, Ness Nessma, est d'une qualité jamais vue en Tunisie, bien qu'elle ne soit encore qu'à ses débuts. Pendant ce temps-là, et en attendant "choufli hall" (trouvez-moi une solution) prévu pour la seconde quinzaine, Tunisie 7 joue à la caméra cachée...


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