Les problèmes de Djezzy en Algérie n'en finissent pas. Au contraire, ils s'accentuent. Le dernier en date est celui de l'interdiction opposée par les autorités algériennes, en début de semaine, de toute carte SIM, indispensable pour la souscription de tout nouvel abonnement. Résultat des courses, Djezzy ne peut même plus payer ses fournisseurs ! Naguib Sawiris, patron d'Orascom, maison mère de Djezzy et de Tunisiana en Tunisie, n'est pas resté inactif et a carrément écrit à Ahmed Ouyahia, premier ministre algérien, ainsi que l'a révélé le journal électronique algérien TSA qui a obtenu une copie de cette lettre envoyée le 21 juillet. Dans cette lettre, Naguib Sawiris exprime ses craintes quant au sort de Djezzy suite aux multiples difficultés que connait actuellement OTA pour opérer en Algérie. « Tout retard dans la conclusion de la vente de Djezzy, dans les conditions d'exploitations actuelles, pourrait avoir des conséquences très préjudiciables pour OTH et ses investisseurs ». Depuis le 15 avril dernier, la Banque Centrale d'Algérie a bloqué toutes les transactions internationales de l'entreprise, l'empêchant ainsi de payer ses fournisseurs ou de rapatrier ses dividendes. « Depuis avril 2010, Djezzy, n'a pu remplir ses obligations de paiement aux fournisseurs pour un montant de plus de 1,524 milliard de dinars ( ) les fournisseurs de Djezzy ( ) ont menacé de suspendre leurs services et même d'intenter des actions en justice pour non-paiement », écrit le PDG d'Orascom. Autre problème, l'impossibilité pour OTA d'importer de nouvelles cartes SIM et autres équipements, bloquées au Douanes algériennes. « Cela expose Djezzy à des ruptures de stocks et pénurie de pièces de rechange », argumente Sawiris. « Djezzy va de plus en plus subir des pannes d'équipement irréparables, qui auront un impact sévère sur la qualité de son réseau ». Dans ce contexte, écrit TSA, le PDG d'Orascom demande au premier ministre algérien de débloquer la situation, notamment en entamant les négociations annoncées depuis avril dernier et toujours au point mort. « Djezzy, OTH et leurs investisseurs espèrent très sincèrement ( ) que vous engagerez des actions rapides afin soit de conduire le Gouvernement Algérien à entamer des négociations avec nous, menant soit à la conclusion de la cession de nos actifs en Algérie ( ), soit de nous permettre de poursuivre notre exploitation en Algérie sans faire face aux difficultés extrêmes actuellement rencontrées. Mais le gouvernement semble pour l'instant jouer la montre dans ce dossier en faisant durer l'évaluation financière d'OTA, commente Hakim Arous, le journaliste de TSA. Le 22 juillet dernier, le ministre de la poste et des TIC, Moussa Benhammadi, et le ministre des Finances, Karim Djoudi, avaient laconiquement déclaré que les négociations commenceraient « bientôt ». Rappelons, de notre côté, qu'Orascom a entamé des pourparlers avancés avec l'opérateur sud-africain MTN en vue de céder la majorité de ses actifs africains, y compris ses parts dans l'opérateur GSM tunisien Tunisiana. Ces pourparlers n'ont cependant pas abouti en raison des réactions des autorités algériennes qui ont fait valoir le droit de préemption et leur volonté d'acquérir la filiale Djezzy.