Dans un entretien accordé, lundi 24 janvier 2011, au mensuel culturel américain "The Atlantic" rapporté par France 24, Ted Sullivan, le responsable de la sécurité au sein de Facebook, revient sur comment, au plus fort de la contestation qui a conduit à la chute du régime de Ben Ali, celui-ci a essayé de mettre la main sur les identifiants des utilisateurs tunisiens sur Facebook. Tout a commencé pendant les fêtes de fin d'année, explique M. Sullivan. Plusieurs utilisateurs tunisiens se plaignent alors d'avoir vu leur compte Facebook effacé. «Nous n'avions jamais rencontré de problème de sécurité de l'ampleur de celui qui a eu lieu en Tunisie», a-t-il souligné. Dans un premier temps, Facebook n'arrive pas à identifier le problème. Ted Sullivan a indiqué qu'il a fallu une dizaine de jours à son équipe pour comprendre ce qui se trame dans le pays. «Le principal fournisseur d'accès à Internet (FAI) [tunisien] avait mis en place un système sans précédent pour récupérer les identifiants et les mots de passe des Tunisiens inscrits sur Facebook», explique celui-ci. Le réseau social accuse, sans la nommer, l'Agence tunisienne d'Internet (ATI) de s'être adonnée au plaisir du piratage informatique. L'organisme a injecté sur la page de connexion à Facebook un mouchard permettant d'enregistrer l'adresse électronique et le mot de passe que les utilisateurs écrivaient en se connectant. Et pour contourner le problème, Facebook a mis en place une page de connexion sécurisée (une adresse "https" au lieu de "http") pour tous les Tunisiens. L'internaute qui voulait accéder à son compte devait en outre confirmer son identité en répondant à une question de sécurité. Deux mesures qui, d'après Ted Sullivan, ont suffi à éviter que le régime de Ben Ali puisse effacer ou modifier leurs comptes Facebook. Ainsi, le 3 janvier, les codes malicieux censés permettre au pouvoir tunisien de contrôler l'accès à Gmail, Yahoo Mail et Facebook ont même été publiés sur Internet. La firme de Mark Zuckerberg s'est donc vue entraînée dans un événement politique majeur. «Nous avons décidé de traiter cela comme un simple problème technique et de garder une posture apolitique», explique cependant Ted Sullivan. C'est pourquoi le groupe américain a attendu que l'ex-président Ben Ali quitte le pouvoir pour révéler l'histoire. Rappelons qu'en juillet 2010, le réseau internet Global Voices s'était ému d'une tentative des autorités tunisiennes à l'époque de récupérer les identifiants des abonnés à Gmail, la messagerie électronique de Google.