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Tunisie - Manifs et contre-manifs sur la Chariâa: Qui est le peuple?
Publié dans Business News le 20 - 03 - 2012

«La Chariâa est une revendication populaire» ! Ce sont là les propos de Sahbi Atig, président du groupe parlementaire d'Ennahdha, suite à la manifestation du vendredi, appelant à l'instauration de la Chariâa. Plusieurs milliers de personnes s'étaient alors rassemblées devant le siège de l'Assemblée constituante, estrades, chaises, micros et cheikhs élevés au rang de Star étaient au rendez-vous. Sur les réseaux sociaux, les pages islamistes dont celle de la Jeunesse d'Ennahdha mettent la pression, photo de profil à l'appui: «Oui à la Chariâa» et le discours qui va avec… toute cette effervescence avait touché certains responsables d'Ennahdha qui, sur la base de ces manifestations, concluront que la Chariâa doit être inscrite dans la Constitution, car il faut répondre à «la volonté du peuple».
Un discours qui aurait pu tenir, si ce n'était les autres manifestations, dont celle qui fait la une des médias aujourd'hui, la manifestation du 20 mars, sur l'Avenue Habib Bourguiba à Tunis et dans toutes les grandes villes du pays, pour fêter l'indépendance, la liberté et, polémique du moment oblige, dire «Non à la Chariâa». Alors que manifs et contre-manifs se multiplient dans le pays… Qui est le peuple?
Aujourd'hui sur l'Avenue Habib Bourguiba, à Tunis, devant le Théâtre municipal ou derrière les barbelés du ministère de l'Intérieur, il faisait bon revivre l'Histoire, d'un début de printemps, sous un soleil de plomb. L'avenue s'est drapée pour l'occasion des couleurs du drapeau national. Des milliers d'exemplaires du drapeau tunisien flottaient sur l'artère principale de la capitale.
Des milliers oui, des dizaines de milliers, il faut en douter! La guerre des chiffres toujours… Sur sa page Facebook officielle, le Mouvement Kolna Tounes, mené par Emna Menif, se prend à rêver, 30 mille, 40 mille, voire même plus de 50 mille personnes présentes lors de la manifestation! Un 14 janvier bis, plus besoin de traficoter les photos, certains se plairont à gonfler les chiffres à leur convenance…
Etaient-ils plus que les salafo-islamistes appelant à la Chariâa? Peut-on comparer avec la manifestation de l'UGTT? Car la question est là… plus le nombre est élevé, plus on se prend pour le peuple! Oui ils étaient des milliers à manifester aujourd'hui 20 mars 2012 à Tunis, pour un Etat civil, pour les libertés, contre l'inscription de la Chariâa dans la Constitution comme source législative… unique? principale? parmi d'autres? où se situe le peuple?
Cette représentation d'une partie du peuple qui manifestait aujourd'hui à Tunis, à Sousse, à Sfax et ailleurs, a peur. Sur plusieurs pancartes, nous pouvons lire : «Non à l'iranisation de la Tunisie»… la Chariâa fait peur et il y a de quoi! Dans les pays où elle est appliquée, la liberté se fait rare, selon les interprétations de courants divers, selon les intérêts changeants des hommes et ce qu'ils disent être la volonté de Dieu, affirment plusieurs manifestants sur place, insistant sur le fait qu'ils sont musulmans et qu'ils n'accepteront pas que des «fanatiques» remettent en cause cette partie de leur identité, au nom d'un Islam obscur.
Partant du Théâtre municipal, les manifestants chantent l'hymne national. Des pancartes cocasses : «Pourquoi réviser si on peut porter le niqab? », d'autres à la gloire d'Habib Bourguiba, le père de l'indépendance, un hommage qui ne sera pas du goût de tous, certains jugeant qu'il n'est pas de bon ton de brandir l'image du premier dictateur de la Tunisie moderne.
Un peu plus loin, en se dirigeant vers le ministère de l'Intérieur, les militants de gauche et les communistes mettent l'ambiance. Un groupe du PCOT, fidèle à ses aspirations « révolutionnaires », scande : «Le peuple veut une nouvelle révolution», d'autres plus loin entonnent des chants de stade revisités, tournant en dérision le gouvernement actuel et, accessoirement, Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste au pouvoir. Des «dégage» répétés font monter la température déjà élevée, devant le ministère: un arrière-goût de 14 janvier, les barbelés en plus, la violence policière en moins. Les policiers, en ce jour de fête, ont effectivement été exemplaires. Youssef, un manifestant sur place, drapeau à la main, nous montre de jeunes policiers souriants: «Regardez ceux-là, ils sont très jeunes, c'est la nouvelle génération de policiers, ils ne sont pas formés pour tabasser».
Les forces de l'ordre, après les bavures de la manifestation de l'UGTT, avaient à cœur de se racheter une conduite. En distribuant des drapeaux aux manifestants, ils leur promettent de défendre la Patrie et le drapeau coûte que coûte. Mais certains restent sceptiques: «Moi je ne pardonne pas et je n'oublie pas», lance un autre manifestant.
Des personnalités politiques étaient également présentes lors de ce grand rendez-vous, PDP, Ettajdid, mouvements citoyens tels que Kolna Tounes ou encore Doustourna, avec son leader, Jaouhar Ben Mbarek, différents mouvements féministes également, appelant à l'égalité entre les sexes.
Politique politicienne oblige, nous nous attardons avec des militants et responsables des partis politiques. Le grand parti dit centriste semble se profiler à l'horizon. Les discours ont changé, le processus est relancé, les négociations sont en bonne voie pour un aboutissement final prévu début avril.
L'optimisme est de rigueur et les différends se sont estompés. Youssef, le jeune manifestant cité plus haut, ne cache pas pour autant sa déception: «Le problème est que ce type de manifestations, de même que les PDP, Ettajdid et alliés, ne touchent pas toutes les couches sociales, ni toutes les franges de la société, il suffit de voir, il n'y a quasiment pas de femmes voilées, pourtant elles devraient être là, avec nous, pour défendre leurs droits».
Et Youssef d'ajouter sur un autre plan: «Il y a des gens autour de moi qui rêveraient de revivre l'époque de Ben Ali, car ils ont peur de quelques barbus… je préfère encore discuter avec ces barbus dont certains sont plus démocrates que ces personnes qui ne voient pas plus loin que leurs petits intérêts! Quant aux Tunisiens qui vivent à l'étranger et qui, par leurs discours, font croire que la Tunisie est devenue l'Afghanistan, ils ne servent à rien d'autre que donner une image biaisée à des touristes ou investisseurs potentiels.
Aujourd'hui nous sommes là, en Tunisie, nous nous battons quotidiennement pour garantir nos droits, et nous sommes optimistes, car nous ne laisserons pas faire, mais que ceux qui ne font que se plaindre et amplifier certains événements comme étant généralisés se taisent, car ils desservent notre cause».
Petite ombre au tableau et comme pour le 14 janvier, aucune décoration ou cérémonie n'ont été organisées pour fêter l'occasion, à part celle, guindée et en petit comité, au Palais de Carthage. La veille, Hamadi Jebali tiendra un discours raisonnable, tourné vers les Tunisiens dans leur ensemble. Il affirmera que la Constitution doit être celle de tous les citoyens tunisiens et non celle d'une partie au détriment de l'autre. Il déclarera, en substance, que la majorité ne doit pas être grisée par une victoire électorale et doit prendre ses responsabilités, en tendant la main à l'opposition, en assurant au peuple tunisien une Constitution pour tous.
Sahbi Atig, quant à lui, a affirmé, après la démonstration de force des islamistes au Bardo, que ces manifestants-là étaient le peuple et qu'ils appelaient à l'application de la Chariâa. Mais qui sont alors les manifestants du 20 mars qui appellent à un Etat civil à travers toute la Tunisie? Des «zéros virgule», dirait «diplomatiquement» notre chef de la diplomatie, gendre de Ghannouchi.
La guerre des chiffres toujours… mais toujours est-il que la Constitution doit englober approximativement 11 millions de Tunisiens, sans discrimination… le seul nombre par lequel il est possible de parler de «peuple» !


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