«La prison crée des militants, pas des compétences pour diriger un Etat», a affirmé Brahim Gassas, élu d'Al Aridha, hier 28 mars 2012, sur Nessma TV. L'élu atypique et remarqué de l'Assemblée constituante ne connaît pas la langue de bois, et n'a pas la langue dans sa poche. Il a ainsi émis de virulentes critiques à l'égard du gouvernement affirmant que ce n'est pas parce qu'ils ont subi la répression de l'ancien régime et la prison qu'ils sont capables de gérer convenablement un Etat. Brahim Gassas ajoute que ces militants, anciens prisonniers ou exilés politiques sont à présent sortis de prison ou revenus dans leur pays, alors que beaucoup de Tunisiens souffrent encore d'injustices sociales. Les larmes aux yeux, Brahim Gassas évoquera alors des mutilations physiques perpétrées contre «son fils» (son neveu qu'il considère comme son fils et qu'il a éduqué). Brahim Gassas affirme que ces mutilations ont été commanditées par l'ancien régime pour se venger de lui. «Les opposants d'hier, à présent au pouvoir, jouissent de leur liberté, mais mon fils lui restera toujours mutilé», s'écrie-t-il avec émotion, affirmant que personne n'a plus de mérite qu'un autre et que beaucoup de Tunisiens ont été victimes de toutes sorte d'injustices. Dans la même logique, «si les postes de pouvoir s'octroient par le nombre d'années passées en prison, alors il faudrait sortir le squelette de Bourguiba de Monastir et le mettre au palais de Carthage, parce que c'est celui qui comptabilise le plus de temps passé en prison!», affirme M. Gassas. Brahim Gassas n'épargnera personne dans cette interview, de Mustapha Ben Jaâfar à l'ensemble des élus de la Constituante en passant par les membres du gouvernement qu'il qualifiera de «serpent à sept têtes». Le député considèrera ainsi que personne n'œuvre réellement pour le bien du peuple, et que la plupart des dirigeants actuels ont des discours creux et font des promesses qu'ils ne tiennent pas, pour un semblant de pouvoir.