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La Tunisie au rythme d'une tension bien entretenue
Publié dans Business News le 12 - 10 - 2012

La rentrée politique en Tunisie devait être chaude et elle l'est. Une jeune fille violée par deux policiers et un ministère de l'Intérieur qui cherche à minimiser l'affaire, envahissement de l'ambassade américaine, différends sérieux au sein de l'Assemblée à propos de textes importants de la prochaine Constitution, préparation d'une loi contraire aux règles fondamentales de la démocratie visant à écarter de la vie politique les barons de l'ancien régime, préparation de nouvelles listes de confiscation de biens ayant appartenu à des proches de l'ancien régime, calendrier politique totalement flou, problème de légitimité de la troïka à partir du 23 octobre et double langage du parti au pouvoir.
Comme si tous ces dossiers brûlants ne suffisaient pas, voilà que des « mains mystérieuses » font médiatiser deux vidéos mises en ligne depuis avril dernier, déclenchant une grosse polémique et un début de crise politique, puisque des députés demandent, carrément, la dissolution juridique du parti au pouvoir, Ennahdha. A qui profite toute cette tension, soigneusement entretenue ?
Qui est derrière la fuite des deux vidéos de Rached Ghannouchi discutant avec des Salafistes et dévoilant le véritable fond de ses pensées ?
C'est la question que le tout-Tunis politique se pose actuellement à laquelle il ne trouve pas de réponse. Pour trouver un semblant de réponse, il faudrait savoir à qui profite le « crime » ? Trois possibilités sont exposées, la première est que les vidéos ont été fuitées par les Salafistes eux-mêmes d'autant plus que ce sont eux qui les ont filmées. Le but étant de rappeler à Rached Ghannouchi ses engagements et promesses pour la « cause islamiste ». Il ne s'agirait là que d'un début de bras de fer entre les Salafistes et le leader d'Ennahdha qui pourrait aller jusqu'à des attentats en bonne et due forme. « La patience des jeunes salafistes a des limites », a déclaré l'un d'eux au président de la République, jeudi 11 octobre, tout en rappelant le sanglant scénario algérien des années 90.
Les salafistes estiment qu'Ennahdha, qui détient actuellement le pouvoir, a tourné le dos à l'Islam et mène une véritable guerre contre eux.
Invité chez Naoufel Ouertani sur Mosaïque FM, vendredi 12 octobre, Khamis Mejri un de ces leaders salafistes reçus hier par Marzouki, n'a pas mâché ses mots envers le gouvernent. A l'entendre, il y aurait actuellement 800 salafistes dans les geôles tunisiennes et ils auraient tous été torturés.
Coïncidence, ils ont été reçus par Marzouki et ont commencé à parler dans les médias deux jours à peine après la fuite de la vidéo de Ghannouchi.
A l'origine de la rencontre et de la mise en relation, un patron de presse dont le nom n'a pas été dévoilé. Ceci en dit long sur les relations entre Moncef Marzouki et certains directeurs de journaux, alors que la Troïka n'a de cesse de dénigrer les médias et de les accuser de donner une mauvaise image de son travail.
Deuxième possibilité, c'est un camp au sein même d'Ennahdha qui cherche à déstabiliser Rached Ghannouchi qui serait à l'origine de la fuite des deux vidéos.
Moins probable que la piste salafiste, cette thèse tient cependant la route quand on connaît la bataille interne entre les Nahdhaouis qui a été révélée par Néjib Karoui, homme de confiance de Hamadi Jebali (voir notre article à ce sujet).
L'attaque de l'ambassade américaine a causé énormément de dégâts au gouvernement et à l'image du pays, et il semblerait que Rached Ghannouchi en soit responsable pour partie. L'est-il vraiment ?
En tout cas, ses ingérences régulières dans les affaires de l'Etat ne facilitent pas le débat et embarrassent l'équipe Jebali. Le 14 septembre, le jour même de l'attaque de l'ambassade US, il a été le premier à sortir dans les médias, avant n'importe quel autre membre du gouvernement.
Il a été le premier à parler du calendrier politique et de propositions concrètes à dévoiler le 18 octobre.
La troisième possibilité, répétée un peu partout parmi les proches d'Ennahdha, est que ce soit Nidaa Tounes qui serait à l'origine de la fuite des vidéos.
Le parti principal de l'opposition aurait fort à gagner en dévoilant le véritable programme caché du parti au pouvoir. La date du 23 octobre avançant à grands pas, la question de la légitimité étant posée sérieusement, cela ouvrirait la porte à un gouvernement de compétences pour remplacer un gouvernement en train de tisser sérieusement sa toile dans l'objectif de s'éterniser au pouvoir.
Faute de preuves formelles, il demeure difficile de trouver une réponse. Mais on constate aisément combien Rached Ghannouchi (surnommé le gourou) a d'ennemis et combien ils cherchent à avoir politiquement sa peau.
L'affaire de la vidéo n'est qu'un scandale qui succède et précède d'autres. Pour les médias (premiers accusés d'entretenir la tension), c'est du pain béni pour l'audience, les ventes et les statistiques. Profitant de la liberté d'expression encore de mise, et au nom du sacro-saint droit du public à l'information, aucun scandale touchant le pouvoir n'est passé sous silence.
Les hommes politiques des autres partis en profitent, bien entendu, pour marquer des points et avancer leurs pions dans l'objectif de fragiliser davantage la troïka et montrer ses compétences limitées au grand public.
Il faut dire que les différents membres de la troïka facilitent énormément la tâche à leurs adversaires réels (opposition) et imaginaires (médias) avec le double langage, les contre-vérités, les phrases assassines, l'arrogance et les erreurs monumentales de communication, notamment en communication de crise.
Au lieu de calmer les esprits et d'appeler au dialogue en véritables hommes d'Etat, certains politiciens jettent de l'huile sur le feu, comme s'ils étaient de simples militants.
Additionnés, tous ces éléments font que le pays vit, depuis des mois, sous une tension permanente et de plus en plus croissante, fatale pour l'économie et le climat social.
Pendant ce temps-là, et alors que les politiciens s'entretuent entre eux, le Tunisien lambda souffre de la cherté de la vie et de l'inflation. Et bientôt du manque de certaines denrées (en raison des réserves en devises en chute libre). Finalement, il sera le seul à payer les pots cassés par les guéguerres politico-politiciennes qui s'ajoutent à une conjoncture économique dramatique.
Raouf Ben Hédi
Crédit dessin : Mazhoudi (Le Temps, Tunisie).


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