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Malgré la flambée des prix, la consommation d'alcool n'a pas baissé en Tunisie
Publié dans Business News le 24 - 04 - 2013

La consommation de l'alcool en Tunisie n'est guère un phénomène de mode ou de société. Il s'agit, plutôt d'une culture et de tradition de consommation remontant au 7ème siècle avant J.C, qui ne s'apparentent pas à des valeurs sociales, religieuses ou encore moins morales.
Les statistiques relatives aux ventes de la bière et de boissons alcoolisées en général, témoignent de l'attachement du Tunisien à cette culture et cette tradition. Le contexte économique a beau être morose, les islamistes ont beau grimper au pouvoir, cet attachement demeure intact. Et malgré les augmentations de prix (allant jusqu'à 70%) opérées en 2013, la consommation des boissons alcoolisées ne s'est pas réduite en Tunisie.
Benjamin Franklin a dit : «la bière est la preuve que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux. » Et à ce propos, deux chercheurs américains ont révélé récemment que la bière apporte au cerveau de son consommateur une quantité importante de dopamine qui est l'hormone du bien-être. C'est donc scientifique : la bière rend heureux. Et cela n'est pas dû à la sensation de l'ivresse qu'elle peut procurer mais plutôt à son goût…
En Tunisie, du simple citoyen au plus complexe, la consommation de la bière n'a eu de cesse d'évoluer depuis des décennies. A l'arrivée de gouvernants islamistes au pouvoir, ceux du mouvement Ennahdha, mais encore à la montée du salafisme dans le pays, le citoyen tunisien s'est inquiété de perdre son plaisir à consommer de l'alcool. Les producteurs et distributeurs, en l'occurrence la SFBT (Société de Fabrication des Boissons de Tunisie) se sont, quelque peu, fait de la bile. En effet, les ventes risqueraient de chuter entraînant dans le caniveau les chiffres d'affaires et, par ricochet, la régression des emplois et des investissements. Fausse alerte !
En jetant un œil sur les indicateurs d'activités de la SFBT au titre du premier trimestre de l'année 2013, nous constatons d'emblée que les quantités de bière vendues se sont accrues de 2,65% en volume comparativement au premier trimestre 2012.
En termes de chiffre d'affaires, la vente de la bière locale a progressé de 7,53% passant de 21 à 23 millions de dinars. Il faut, cependant, noter que l'évolution du chiffre d'affaires est justifiée par l'ajustement des prix, autrement dit, par les récentes augmentations de taxes opérées dans le cadre de la loi de Finances 2013.
Cela étant, Hamadi Bousbiî, PDG de la SFBT, a déclaré lors de l'assemblée générale ordinaire tenue au mois de juin 2012, que la société n'est plus en mesure de satisfaire la demande de bière en Tunisie. Les prévisions tablaient d'ores et déjà sur une croissance de production de 20 à 25%.
A la fin du mois de mars 2013, l'augmentation de production constatée est de l'ordre de 0,90%, l'investissement, composé essentiellement de l'achat de matériel de bière, s'est établi à près de 3 millions de dinars.
Dans le même chapitre, mais dans les livres de comptes de la société concurrente, la Sonobra en l'occurrence, l'augmentation des taxes a affecté la vente de la bière pour le premier trimestre 2013, contrairement à l'année précédente qui a été de grande production tout en enregistrant une hausse de volume et des revenus. La croissance notée à ce niveau a généré des emplois supplémentaires ainsi que des avantages sociaux dont a profité l'ensemble des 1000 employés dans toutes les activités de la société.
Les augmentations des prix de l'alcool à hauteur de 50 et 70% ont drôlement pénalisé les ventes en la matière. L'opinion publique, consommateurs a priori, pense sérieusement que cette mesure est motivée par des raisons socio-religieuses de nos gouvernants islamistes. Qu'en est-il réellement ? D'un côté, il y a ceux qui rappellent les déclarations de Hamadi Jebali ex-chef du gouvernement sous-entendant l'interdiction de la consommation de l'alcool dans la société tunisienne rebaptisée « islamique ». D'autres disent que les vraies raisons de ces augmentations de taxes ne sont qu'économiques : les caisses de l'Etat sont quasi-vides et ont besoin d'être renflouées.
Toujours est-il que le gouvernement tunisien n'a guère envisagé les effets néfastes d'une pareille mesure. Il s'agit, du recours au marché noir de l'alcool, et de l'alcool fort, en l'occurrence à titre d'exemple. Aujourd'hui, une cartouche de 24 bières Heineken 35 cl coûte environ 54 dinars, alors qu'une bouteille de vodka dans le marché parallèle coûte 60 dinars. Idem pour une bouteille de whisky. Achetée en hors taxes à l'aéroport, le prix de cette bouteille ne dépasse pas l'équivalent de 40 dinars.
Autre conséquence de ces fortes et brusques augmentations : le recours à la fabrication de son propre alcool. Les moins affranchis dans l'incapacité de s'aligner au nouvel ajustement des prix, se mettent à fabriquer des boissons alcoolisées plus connues sous l'appellation « alcool de bois ». Elles sont obtenues à partir de la fermentation de déchets de sucre de bois. D'ailleurs, le ministère de la Santé a publié, récemment, un communiqué dans lequel, il met en garde contre la consommation de cette boisson contenant du méthanol, ce qui peut engendrer une insuffisance rénale, la perte de la vue et des crises d'épilepsie et pouvant même provoquer la mort.
La mise en garde du ministère de la Santé laisse entrevoir la gravité du phénomène de fabrication de boissons alcoolisées artisanales et l'existence d'ateliers spécialisés clandestins dans la production et la commercialisation d'alcool frelaté. Et puis, il y a de même le recours au cannabis plus communément appelé « zatla », car elle coûte bien moins cher, paraît-il.
Le gouvernement tunisien ne s'est pas, cependant, contenté d'accroître vertigineusement les prix de l'alcool. En effet, un article a fait son apparition dans le nouveau Code de l'Investissement s'inscrivant dans la logique de réduire au mieux la propagation de la culture de consommation d'alcool. Cet article stipule, en fait, que pour tout investissement dans le domaine de l'alcool et des munitions (l'on s'étonne déjà de ce type de confusion), nécessite obligatoirement l'octroi d'une autorisation par la Haute Commission des Marchés.
En d'autres termes, et concrètement, seul un Conseil de ministres restreint peut accorder l'autorisation d'ouverture d'un débit d'alcool. Cela peut être un bar ou un restaurant, voire même le bar d'un hôtel ! Bien entendu, inutile de faire allusion à la lourdeur et la lenteur d'une procédure de cette trempe, de quoi abattre les ailes des investisseurs potentiels dans le domaine. Cela pénalise en outre tout le secteur touristique.
En parallèle de ce nouvel obstacle d'octroi des autorisations, les autorités régionales sont en train de procéder à la fermeture de quelques points de vente, sous n'importe quel prétexte. Exemple à Carrefour Market de la Cité Ennasr qui a fermé, du jour au lendemain, son débit d'alcool parce que des voisins se sont plaints de la gêne occasionnée. Le point de vente est pourtant ouvert depuis des années, mais on n'a découvert la gêne qu'avec l'arrivée d'un gouvernement islamiste !
La consommation d'alcool en Tunisie existe depuis le 7ème siècle avant Jésus Christ. Même l'arrivée de l'Islam n'a pas réussi à réduire cette consommation.
Mieux encore, dans les premières années du XXème siècle, un résident français s'est carrément plaint aux autorités françaises coloniales de la surconsommation par les Tunisiens des boissons alcoolisées, surtout dans la région de Gafsa.
C'est ainsi dire que la culture de s'arroser avec de l'alcool, sous nos cieux, est quasi-religieusement ancrée dans les habitudes de consommation du Tunisien.
Bien sûr, mener des campagnes de sensibilisation en vue d'inciter à une consommation modérée de l'alcool vaut bien mieux que d'agir de sorte en cherchant vainement à interdire un des plaisirs encore « accessibles » aux Tunisiens.
Essayer, en revanche, de moraliser une belle frange de la société en imposant des interdits brusques et radicaux, aura tout bonnement un effet contraire à celui escompté.
Chiffres à l'appui, le gouvernement a augmenté les taxes pour (officiellement) augmenter ses revenus, il n'a fait qu'obtenir l'effet contraire. Ceux qui en ont les moyens se sont retournés vers les boissons plus fortes provenant des free-shops, alors que les autres se sont métamorphosés en fabricants artisanaux avec tous les risques sur la santé et les frais qui en découlent. Dans un cas comme dans l'autre, le gouvernement s'est mis dans une relation perdant-perdant. Il n'a pas réussi à obtenir des taxes supplémentaires, il a pénalisé les consommateurs à faible revenu et a donné une piètre image à l'opinion publique.


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