Hamadi Jebali, ancien chef du gouvernement et secrétaire général d'Ennahdha toujours en poste, est sorti de son long mutisme et a accordé, les 6 et 7 août 2013, deux longues interviews, une en langue arabe au quotidien "Echourouq", l'autre chez nos confrères du journal électronique francophone "Leaders". M. Jebali a déclaré à Echourouq que "le pays, la révolution et l'expérience démocratique courent un vrai danger!". Il a précisé: "la légitimité n'est pas uniquement le fruit des urnes, elle doit être également consensuelle". A une question relative à son positionnement sur l'échiquier politique actuel, il a déclaré : "Je me place avec les démocrates qui cherchent à instaurer la démocratie et les libertés. Et loin de tout populisme, mon choix est celui du peuple". M. Jebali a également présenté au même journal sa conception de la démarche à suivre. Il a commencé par mettre en valeur la nécessité "d'unifier les différentes initiatives, en une seule. Il a affirmé, en ce qui concerne la pérennité de l'ANC "qu'en dépit de ses défaillances, la Constituante ne peut disparaître car ceci acheminerait le pays vers l'anarchie". M. Jebali est également d'avis "qu'il n'y aura ni gagnant, ni perdant" dans ce conflit entre le pouvoir et ses opposants. Il a à ce titre affirmé que seul le dialogue tranchera. L'ancien chef du gouvernement a par ailleurs appelé l'ANC à accélérer ses travaux tout en s'acheminant vers un gouvernement consensuel choisi et approuvé par cette même ANC. Quant à son interview accordée à "Leaders", le secrétaire général d'Ennahdha s'est proclamé comme étant le "premier résistant face aux putschistes!", faisant ainsi une analogie délibérée avec le coup d'Etat survenu en août 1991 en Union soviétique perpétré par un groupe de communistes et pendant lequel, les putschistes n'ont pas réussi à destituer Mikhaïl Gorbatchev. Evoquant la crise aigue dans le pays et la responsabilité d'Ennahdha, M. Jebali a affirmé: "Il ne faut pas chercher le bouc émissaire et le diaboliser. On ne s'en sortira pas. Je dirai que nous sommes à un degré ou un autre, politiquement responsables". En ce qui concerne l'issue qu'il recommande, il a affirmé : "Parmi les multiples initiatives et propositions, je me sens plus proche de celle formulée par le parti El Amen … La proposition sépare deux périodes distinctes : celle qui reste pour la finalisation de la constitution avec l'élaboration de la loi électorale et la mise sur pied de l'ISIE, étape incombant à l'ANC … "Ensuite vient la deuxième étape, la formation d'un gouvernement indépendant formé de compétences nationales qui se chargera de la préparation d'élections libres et transparentes ". Il a en outre déclaré: "Aujourd'hui, la situation exige le maintien du gouvernement actuel pour les quelques semaines qui restent". M. Jebali, a soutenu, par ailleurs, que même si son parti l'avait désavoué lors de sa proposition de gouvernement de compétences nationales, en février dernier, il reste optimiste quant à l'impact de sa proposition. "Les choses évoluent. En tous les cas, je fais entendre ma voix. Ici et là", a-t-il conclu.