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Tunisie - Ces coquilles vides qui se prennent pour des ministres
Publié dans Business News le 19 - 08 - 2013

Le réalisateur de cinéma Nasreddine S'hili, a été convoqué par le ministère public, samedi dernier, 17 août, à se présenter au Tribunal de première instance de Tunis pour avoir lancé un œuf sur le ministre de la Culture la veille.
Cet acte est incontestablement condamnable, mais a suscité des réactions de nos politiques tellement exagérées et a été tellement grossi, que l'affaire en deviendrait burlesque, si ce n'est que la gravité de la situation de la Tunisie la rend tragi-comique.
Pour commencer, quelques minutes après avoir reçu un œuf sur la tête, le ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, s'est empressé d'aller à l'hôpital Charles Nicolle… pour un œuf ! Et a affirmé avoir reçu coup de poing, qu'une vidéo a démenti, avant d'aller porter plainte.
Ensuite, la présidence du gouvernement s'est empressée de publier, le lendemain de l'agression, un communiqué qu'elle a qualifié comme s'inscrivant "dans une logique criminelle privilégiant l'exclusion tout en se plaçant contre la démocratie".
Pour finir, même le photographe, Mourad Meherzi, du journal électronique Astrolabe TV, a été arrêté hier par la brigade criminelle et contraint de passer la nuit au centre de détention de Bouchoucha avant d'être, de nouveau, traduit devant cette même brigade, ce lundi 19 août 2013. On reproche à Mourad Meherzi, qui était présent à ce moment-là, car mandaté par la direction de son journal pour couvrir l'événement culturel, à la Maison de la Culture Ibn Khaldoun, d'avoir filmé la vidéo où l'on voyait le « ministre » de la Culture Mehdi Mabrouk subir un jet d'œuf de la part du réalisateur, Nasreddine S'hili.
Notons que depuis deux ans, nous assistons à d'innombrables agressions que subissent les politiques de la part de citoyens. Ainsi, il y a 3 semaines, Mustapha Ben Jaâfar n'a-t-il pas été dégagé à Hammamet ?
Hamadi Jebali, alors chef du gouvernement n'a-t-il pas été dégagé à Zarzis ?
Les membres du Front Populaire ou encore Rached Ghannouchi, accompagné de leaders du parti islamiste au pouvoir, n'ont-ils pas eux aussi été chassés et leur voiture sauvagement attaquée au point que le pare-brise arrière a été brisé, à Thala?
Le président de la République, lui-même n'a-t-il pas été hué et dégagé à Sidi Bou Saïd ?
Le ministre de l'Agriculture, Mohamed Ben Salem, n'a-t-il pas essuyé des « dégage » de la part de clients présents à un hôtel de Hammamet alors qu'il y était pour un séjour privé, voilà 10 jours. D'après des témoins, le fils de ce dernier, aurait même agressé physiquement l'un des clients qui s'est attaqué verbalement à son père. etc.
Or, nul besoin d'être un grand sociologue ou un fin politicien pour comprendre que ces innombrables agressions spontanées que subissent les membres du gouvernement de la part de la société civile trahissent une profonde déception et une très grande crise sociopolitique.
Loin de nous la pensée d'encenser Nasreddine S'hili, il est de notre devoir de rappeler qu'il est un artiste engagé et militant actif qui n'a cessé, à ses risques et périls, de dénoncer la dictature de Ben Ali, et l'histoire en est le meilleur témoin.
Ce lancer d'œuf à la tête du ministre de la culture n'est que la suite logique des incessantes dénonciations de l'illégitimité du gouvernement islamiste que l'artiste énonce depuis plusieurs semaines. Dénonciation que bon nombre de citoyens approuvent et ont très franchement exprimé à maintes reprises à travers leur soutien inconditionnel au sit-in du Départ, ou encore la gigantesque manifestation du 13 août. Pour preuve pas plus tard qu'hier, puisque « dans un acte de soutien au comédien et réalisateur, un groupe de jeunes s'est dépêché dans la journée du dimanche 18 août pour jeter des œufs sur le mur du ministère de la Culture »
Par ailleurs, si l'on observe du côté des politiques nous dirions que par ces réactions le peuple ne fait que leur rendre la monnaie de leur pièce et le fait de dégager ou de lancer un œuf à la tête d'un gouvernant pourrait devenir un acte militant et quasi révolutionnaire.
Rien que par le non-achèvement de la Constitution et la présence des mêmes gouvernants encore au pouvoir, deux ans après les élections du 23 octobre 2011, la société vit une profonde crise de confiance et a le sentiment de s'être réellement fait confisquer la révolution pour laquelle elle seule s'est battue.
Le peuple angoisse et suffoque face à l'engloutissement de la Tunisie dans la crise économique, dans la violence, dans le terroriste ainsi que dans les appels à la haine et au meurtre lancés dans certains lieux de culte ou même par des politiques, et les exemples, il y en a ! Mais nous n'en citerons que deux, parce qu'ils sont nombreux : ainsi, Chourou n'a-t il pas affirmé que les sit-inneurs ou les manifestants qui « entravant le travail du gouvernement » méritent « qu'on les crucifie, qu'on les tue, ou qu'on leur coupe un bras, une jambe ou qu'on les bannisse ? Moncef Marzouki n'a-t-il pas promis l'échafaud à «ceux qui pensent prendre le pouvoir par un coup d'Etat ou une deuxième révolution».
Le mal-être, la crise économique, l'insécurité, les agressions physiques de la part des milices prétendues Ligues de protection de la révolution (LPR) et de certaines nouvelles recrues de la police, les menaces et les agressions verbales quasi quotidiennes de la part de dirigeants, censés donner l'exemple, appeler à la raison et gérer avec diplomatie et civilité les situations de crise deviennent le quotidien du Tunisien. Celui-ci est réputé pour sa nature pacifiste et conciliante, mais comment ces hauts responsables de l'Etat veulent-ils qu'il réagisse si eux mêmes ne correspondent pas à l'image que leur poste exige ?
Ainsi avant de lancer la pierre à Nasreddine Shili pour un œuf, et à ses semblables, qui sont nombreux, nos dirigeant devraient méditer sur ce qu'a dit un certain Montesquieu dans un son livre, intitulé Lettres Persanes, « Le plus grand mal que fait un ministre n'est pas de ruiner son peuple, il y en a un autre mille fois plus dangereux : c'est le mauvais exemple qu'il donne. »


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