Dans sa nouvelle interview, accordée, cette fois-ci, à Al Wataniya 1 et diffusée ce soir du 31 octobre 2013, Béji Caïd Essebsi, leader de Nidaa Tounes et ancien Premier ministre, a réitéré les idées qu'il avait déjà exprimées lors de précédentes rencontres télévisées, tout en précisant, concernant le dialogue national, que « la simultanéité entre les processus gouvernemental et constitutif, n'a jamais été stipulée par la feuille de route ». Commençant par l'actualité brûlante, en l'occurrence les derniers actes terroristes, BCE a reconnu qu'avec les récents attentats-suicides, il s'agit d'une mutation dramatique et regrettable de ce fléau avant d'insister sur deux points essentiels, selon lui. D'abord, mettre un terme aux agissements incitatifs à la violence et bannir le laxisme, dû à l'ignorance et à la négligence des autorités en place afin d'en éradiquer les causes et octroyer aux forces armées et sécuritaires les moyens adéquats pour pouvoir les combattre plus efficacement. Ceux qui accusent Bourguiba d'être à l'origine de la naissance du terrorisme en Tunisie, comme l'a prétendu le Mufti, débitaient des énormités. « D'ailleurs le Mufti qui a sorti cette théorie aberrante n'est pas à sa place », a ajouté en substance M. Caïd Essebsi. A propos du dialogue national, le président de Nidaa a précisé qu'il se trouve sur la bonne voie et qu'il avance lentement, mais sûrement. Quant aux tractations pour le choix du futur chef du gouvernement, BCE estime que les trois noms, encore en lice, à savoir Mustapha Kamel Nabli, Mohamed Ennaceur et Jalloul Ayed, sont des compétences qui se valent et que son parti n'a aucune préférence particulière, sachant que, selon lui, les deux noms qui ne seront pas retenus feraient, probablement partie de la prochaine équipe gouvernementale. Béji Caïd Essebsi a indiqué que l'engagement d'Ali Laârayedh à présenter la démission de son cabinet dans trois semaines est un geste positif, même s'il est parvenu au dernier moment, avant d'insister sur le fait que ce gouvernement a échoué comme son prédécesseur de Hamadi Jebali, comme l'a reconnu ce dernier. « Cet échec est logique et était prévisible dans le sens où ses membres, au nombre pléthorique pour le premier, surtout, n'ont aucune expérience de la gestion des affaires de l'Etat. La plupart d'entre eux ont passé un bon nombre d'années en prison, et nous leur rendons hommage pour leur militantisme contre la dictature, mais on ne peut pas devenir un bon gestionnaire lorsqu'on a passé autant d'années en détention », a-t-il tenu à mentionner. D'ailleurs c'est leur prise du pouvoir qui constitue la plus grave erreur car ils ont été élus pour asseoir les bases constitutives et non pas pour légiférer et gérer sur le long terme, assure t-il encore. Evoquant le poste de président de la République, BCE a rappelé sa position consistant à ce que toutes les institutions doivent être concernées par le changement y compris l'ANC et le poste du président de la République qui fait partie de l'exécutif et qui pourrait causer certaines difficultés au processus du dialogue national, mais tout en assurant qu'il n'y tient pas tellement dans l'état actuel des choses afin de ne pas envenimer l'atmosphère. Traitant de la situation au sein de Nidaa, M. Caïd Essebsi a tenu à rassurer quant à sa bonne santé et à la bonne ambiance qui y règne sans oublier que son programme économique et social est déjà prêt et va surprendre tout le monde. BCE, qui s'est illustré comme à son habitude par sa présence d'esprit, s'est montré, dans l'ensemble et dans sa conclusion, confiant en l'avenir de la Tunisie et en la capacité des Tunisiens à s'en sortir car ils ne se laisseront pas faire par l'injustice et par les mauvais gouvernants. Noureddine HLAOUI