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Les colombes Dilou et Zitoun face aux faucons Mansar et Daïmi
Publié dans Business News le 08 - 12 - 2013

Le tonitruant « Livre noir » continue à déchaîner les passions. Au-delà de ses retombées politiques, mais aussi juridiques et maintenant sportives, certains des déchirements politiques qu'il a occasionnés étaient certes prévisibles, d'autres dépassaient l'entendement. Entre conseillers de la présidence, cadres du CPR et membres du gouvernement, le Livre noir de Marzouki divise la scène politique et fait ressortir deux tendances. Si Samir Dilou et Lotfi Zitoun tiennent le rôle de colombes, critiquant cette trouvaille rocambolesque, les faucons n'en démordent pas. Adnène Mansar et Imed Daïmi, en fidèles compagnons de fortune de Marzouki, préfèrent jouer les chiens de garde.
« La présidence n'a de comptes à rendre à personne », avait déclaré Adnène Mansar, conseiller de Moncef Marzouki, dans sa première intervention au sujet du Livre noir. Et pourtant, la publication de cet ouvrage aura eu des retombées fâcheuses, aussi bien pour l'image même de la présidence, que pour son intégrité. Les critiques ont fusé de toutes parts, dont certaines, de l'intérieur même de l'équipe présidentielle. Aziz Krichène, pourtant conseiller proche de Marzouki, a qualifié cette publication de « grosse bourde politique », expliquant qu'il n'a pas été au courant quand une telle décision a été prise. Dans cette entreprise, il semblerait donc que Moncef Marzouki se soit entouré de ses plus farouches défenseurs, préférant reléguer au placard les voix des plus pragmatiques d'entre eux.
Adnène Mansar a, à ce niveau, joué le rôle de chien de garde, défendant avec acharnement l'ouvrage présidentiel, non comme « une façon de régler ses comptes », comme nombreux l'ont qualifié, mais comme « un éclairage de l'opinion publique ». Un deuxième tome serait d'ailleurs en cours, devant éclairer davantage l'opinion publique et rattraper l'omission de certains qui n'ont pas vu leur nom accroché au tableau. L'avertissement n'a fait trembler personne.
Alors que la publication d'un tel livre aurait dû se faire dans le cadre du processus de la justice transitionnelle, la présidence a préféré y aller par ses propres moyens arguant que « la présidence de la République n'est pas employée chez Samir Dilou et qu'elle ne demande pas d'autorisation à son département ». Dans l'absence d'un projet de loi concernant la justice transitionnelle, la présidence a souhaité prendre les devants évitant des retards dans la publication d'une telle calamité.
Mais Mansar se défend, le timing de la publication de cet ouvrage n'est que fortuit, selon ses dires. Comment expliquer alors le revirement dans les positions des membres de la présidence qui, quelques mois auparavant, tenaient des discours politiquement corrects en faveur de la sauvegarde des archives et leur divulgation, uniquement, dans le cadre d'une loi qui le permet ? Une loi qui n'a pas encore vu le jour aujourd'hui…
Dans une interview accordée, en juillet 2013 à la chaîne de télévision TNN, le président Marzouki se défend de toute intention de divulguer les archives de Carthage en dehors d'une loi et dans le but de se venger de ses adversaires politiques. Il affirme même que « ceci pose, à la fois, une problématique déontologique et légale » et précise que la Présidence a décidé de se placer au-dessus de toute vile tentation d'exploiter ces archives pour servir « des motivations politiques ou un quelconque règlement de comptes ». « Il en va de la souveraineté de l'Etat, de sa crédibilité ainsi que de la mienne », va-t-il jusqu'à dire. Il semblerait qu'en réalité, les choses soient bien autres et la présidence a réellement décidé de tomber bien bas.
Même Adnène Mansar a tenu le même discours, le 5 octobre sur la chaîne Al Moutawassat. « Les archives sont réglementées par des lois, si la présidence ne les respectait pas, qui le ferait ? », dit-il avant d'expliquer qu'il s'agit d'un « travail minutieux, qui devra être fait lentement et qui nécessitera deux à trois ans ».
Le délai requis a finalement été jugé trop long pour que la présidence puisse attendre et le même Adnène Mansar dira deux mois plus tard « la vérité est plus importante que Samir Dilou ».
Soit ! Mais Samir Dilou, révolté contre un tel bafouage des lois, ne s'est pas arrêté aux condamnations médiatiques. Une table ronde a été organisée samedi 7 décembre, autour du « rôle des archives et de la découverte de la vérité dans la justice transitionnelle ». Une occasion pour rappeler que le retard de la justice transitionnelle n'est pas un argument ou un prétexte pour que chaque institution de l'Etat fasse sa propre justice ». Les archives étant une propriété publique, protégée par une loi impliquant des interdictions de diffusion et de consultation allant de 30 à 100 ans. Samir Dilou n'y est pas allé par quatre chemins pour exprimer son opinion sur le Livre noir qui, selon ses dires, n'est pas un livre documentaire mais un véritable règlement de comptes. Aussi bien du côté moral que juridique et légal, Samir Dilou condamne donc ce Livre noir.
Thèse que soutient également l'ancien conseiller de Hamadi Jebali, Lotfi Zitoun. Le cadre d'Ennahdha, ayant coutume des interventions enflammées et des propos incendiaires, s'est montré pragmatique et sensé face à une telle bourde politique. Réagissant à la polémique déclenchée entre la présidence et le ministère de la Justice transitionnelle, Zitoun a assimilé les propos de Mansar à ceux « formulés du temps de Ben Ali », s'interrogeant « Pourquoi l'institution présidentielle s'immisce-t-elle dans le sujet de la Justice ? ».
Tout en rappelant le parcours militant de Samir Dilou, M. Zitoun a tenu à tacler Adnène Mansar en lui rappelant, subtilement que lorsque la révolution battait son plein, lui se contentait de jouer les mélomanes et de partager les chansons d'Om Kalthoum sur sa page personnelle. En véritable « témoin muet », il ne s'est pas fait connaître que lors des années de braise durant lesquelles M. Dilou a payé chèrement (et dans la chair) son militantisme contre Ben Ali avec une décennie entière d'emprisonnement.
S'en est suivi un véritable clash sans fin entre un Mansar défendant, toutes armes dehors, le Livre chéri de la présidence, et un Zitoun, le remettant dans son contexte de règlement de comptes, hors-la loi.
De ce clash, les témoins verront un Lotfi Zitoun enfilant un costume de défenseur des Droits et de la légalité, coupant totalement avec son image de guerrier, alors que Mansar sort avec celle du têtu borné défendant l'injustice et l'illégalité. Pire, il dévoile son visage de faucon avec cette phrase adressée à M. Zitoun qui en dit très long sur son fond de pensée : "j'ai su que vous avez le mauvais choix depuis, que vous avez mis une colombe sur votre logo."
Mais c'est aussi un Imed Daïmi qui vient ajouter sa pierre à l'édifice. Cet autre conseiller rapproché à la présidence, a été l'un de ceux qui ont dirigé l'élaboration du Livre noir, alors qu'il occupait le poste de directeur du cabinet présidentiel. Daïmi qui s'est dit étonné que des voix s'élèvent contre cette œuvre, qui aura eu « le mérite d'en secouer certains », soutient que l'institution de la présidence de la République est souveraine et qu'elle n'est pas tenue à se conformer aux astreintes de la loi.
L'institution de la présidence, qui semble se contreficher de la peine de prison encourue suite à la publication de ce livre, serait donc « au-dessus des lois » et même « hors-la loi ». Hormis quelques farouches défenseurs des rocambolesques idées présidentielles, tous, même au sein de la présidence, s'accordent à dire que le Livre noir constitue une réelle bourde politique et bafoue les lois tunisiennes. Le comble pour une présidence qui, en période de crise, sort son attirail de guerre des temps durs.
A travers le livre noir, la présidence voulait dévoiler l'image des supposés corrompus. Elle a finalement réussi à dévoiler le vrai visage de ses faucons qui ne cessent de diviser les Tunisiens. Synda TAJINE


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