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Il faut savoir quitter la politique lorsque le vote est desservi
Publié dans Business News le 10 - 11 - 2014

A deux semaines du jour J, les profils des vainqueurs se précisent de plus en plus. Une idée certaine se dessine déjà sur celui qui sera premier à la présidentielle du 23 novembre. Béji Caïd Essebsi, de l'avis de tous, passera au second tour. Il est même possible qu'il passe dès le premier tour si son équipe bouge un petit peu plus et si ses poursuivants trébuchent ou se font trébucher entre eux.
Pour la démocratie et pour l'image d'un pays en transition, un Béji Caïd Essebsi passant dès le premier tour est une mauvaise chose. Sauf que voilà, il vaut mieux avoir un BCE passant au premier tour que d'avoir une finale BCE-Riahi, BCE-Marzouki ou BCE-Hamdi. La Tunisie a assez souffert, ces trois dernières années, du populisme extrémiste et de l'amateurisme politique.
Triste constat qu'à deux semaines des élections, on en est à espérer que BCE passe dès le premier tour pour éviter de voir un clown au second.
Pour en arriver là, M. Caïd Essebsi a profité de deux choses. Il a été fort en créant en 2012 un parti de toutes pièces pour le catapulter à la tête du pays exploitant ainsi son expérience. Le deuxième point grâce auquel BCE a vaincu est la faiblesse du camp démocratique. De tout le camp. Sous l'ancien régime, ce camp a été incapable de constituer une force vraiment solide pour contrer Zine El Abidine Ben Ali. L'argument que ce camp brandissait à l'époque était que Ben Ali était dictateur, falsificateur, hégémonique, mafieux, etc. Ce qui n'est certainement pas faux. Mais en partie seulement. Les élections de 2011 et de 2014 ont montré que même dans un climat démocratique et avec des élections totalement transparentes, ce camp a été incapable de réussir quoi que ce soit. L'adversaire est fort, certes, mais il est temps d'admettre que ce camp est faible, très faible. Trop faible même pour faire de la politique.
Les chiffres sont là et ils sont têtus. Dans le camp démocratique élargi, qui était uni sous Ben Ali, il y avait principalement pêle-mêle les actuels Al Joumhouri, Al Massar, Ettakatol, le CPR, Ennahdha et le Front populaire. Les autres partis de l'opposition sous Ben Ali étaient qualifiés d'opposition de carton. Trois ans après, on constate que c'est toute l'opposition à Ben Ali qui était en carton. Passons.
Ennahdha et le Front populaire ont leur propre idéologie et ont constitué leur propre bloc. Le groupe d'Ennahdha est un bloc à part et se suffit tout seul. Les élections de 2014 et de 2011 l'ont prouvé, ce bloc islamiste pèse un bon tiers de l'électorat tunisien. Le deuxième bloc, le Front populaire, est constitué de douze partis qui rôdent dont le chef de file est l'ancien POCT. En 2011, ce dernier a compris la leçon avec 1,38% seulement dans les urnes. Il s'est donc uni pour constituer un front et les dividendes de son union ont été servis cash. Trois ans plus tard, il pèse 3,52% de l'électorat. C'est peu, mais ce n'est pas rien.
Restent les autres, à savoir le CPR, Ettakatol, Al Joumhouri, et Al Massar. Quatre partis qui se prétendent socialistes, républicains et laïcs et que tout unit, en apparence. En réalité, tout les désunit. À cause de quoi ? Je ne crois pas me tromper si je dis que le « désunificateur » premier de ces quatre partis est le chef de chacun d'entre eux. Les égos démesurés des « pères fondateurs » ont fait que ces quatre partis n'ont jamais pu s'unir et constituer un bloc unique et une force solide pour contrer tout projet hégémonique, qu'il soit islamiste ou RCDiste. CPR et Ettakatol ont préféré s'allier avec les premiers, Al Massar a préféré flirter (sans coucher) avec les seconds. Et puis Al Joumhouri a préféré jouer envers et contre tous, croyant qu'il a raison. Résultat des courses, ils se sont tous fracassés. La majorité des membres d'Ettakatol sont allés voir ailleurs chez Nidaa et l'UPT principalement. Idem chez Al Joumhouri dont les membres ont créé un parti (l'Alliance) ou sont partis voir ailleurs. Le CPR a implosé pour sa part pour créer trois autres partis. Triste bilan pour un camp qui se dit moderniste et démocratique.
En chiffres, en 2014, ces quatre partis réunis auraient pu avoir quelque 278.000 voix (Ettakatol 23.000, UPT 27.000, Alliance 38.000, Jomhouri 56.000, Tayyar 66.000, CPR 68.000). En étant unis, réellement démocrates et sans guerre d'égos, Afek se serait joint à eux avec ses 102.000 électeurs. Et toute cette image d'unité et de consensus aurait dégagé un signal rassurant qui aurait généré facilement des dizaines d'électeurs supplémentaires piqués chez Nidaa et même Ennahdha. Au total, ce bloc aurait pu atteindre facilement les 500.000 voix et devenir la troisième force politique du pays.
Le message n'a pas été entendu avant les législatives, ni après. A la veille de la présidentielle, ce bloc n'a toujours pas réussi à faire son autocritique, à se regarder dans un miroir pour comprendre qu'il ne pèse rien et à proposer un candidat unique capable de vaincre. Chacun d'entre eux, avec ses quelques dizaines de milliers de voix, se voit vainqueur ! Un dicton tunisien dit : « Ses pieds sont dans les détritus et il fait l'appel à la prière ». Avec 20.000 voix, Mustapha Ben Jaâfar continue à se la péter en surfant, encore, sur son militantisme passé. Avec 66.000 voix, un bilan calamiteux et une chute drastique dans les chiffres, Moncef Marzouki ne veut pas descendre de sa tour d'ivoire. Quant à Ahmed Néjib Chebbi, le seul à ne pas avoir eu un morceau du « gâteau de la révolution », il s'accroche toujours à ses idéaux, en dépit des 56.000 voix de son parti.
Avec ce constat chiffré et ces données du terrain, Béji Caïd Essebsi se trouve sur une autoroute. A la retraite pendant 20 ans, il a réussi en moins de deux ans à créer un parti et à obtenir 1,28 million de voix. Soit 50 fois plus que Marzouki !
Le message du 26 octobre n'a pas été entendu, le camp qui se dit démocratique continue encore à mépriser le peuple. Les plus polis lui disent qu'il a fait une erreur en votant pour BCE, les autres le traitent carrément d'esclave.
C'est facile, quand on perd, de dénigrer l'Autre en le qualifiant d'hégémonique et de « ghoul ». Il est plus difficile, cependant, de se voir dans un miroir et de se dire qu'on ne pèse rien sur le terrain en étant tout seul! C'est plus confortable de dire qu'on est face à un « ogre » que d'avouer qu'on est un nain. Même leur partenaire Ennahdha ne veut plus d'eux et s'en est démarqué totalement en refusant de cautionner quiconque du groupe. Eux parlent du « taghaouel », alors qu'Ennahdha affirme haut et fort qu'il n'en a pas peur.
Le vote du 26 octobre a desservi ces militants d'hier. Le véritable danger pour la démocratie n'est pas dans Nidaa et Béji Caïd Essebsi. Eux, ce sont des vainqueurs qui ont su gagner dans un jeu où tout était clair dès le départ. Le véritable danger est de continuer à voir des nains faire de la politique en se croyant et en faisant croire à leur pauvre électorat naïf qu'ils sont des « gentils, intègres qui disent la vérité » faisant face à un « ghoul » corrompu dont la grosse machine risque de détruire la démocratie. Le véritable problème, ce sont les Marzouki, Ben Jaâfar et Chebbi qui continuent à s'accrocher à une table où ils n'ont eu que des miettes. Quittez la table en toute dignité, la démocratie tunisienne s'en portera mieux !


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