Le Fonds Monétaire International (FMI) a choisi la Tunisie pour présenter son rapport annuel sur les perspectives économiques régionales de l'Afrique du Nord après avoir présenté celui du Moyen-Orient à Dubaï. La présentation a été faite en présence du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Chedly Ayari, du ministre des Finances et de l'Economie, Hakim Ben Hammouda ainsi que de la représentante du FMI en Tunisie, Giorgia Albertin. Le rapport du FMI fait ressortir dans un cadre général, les enjeux de l'économie mondiale sur fond de croissance à tendance baissière ainsi que les retombées de celle-ci sur l'économie tunisienne. Selon ledit rapport, l'économie nationale se démarque de celle des autres pays de la région. En effet, la Tunisie ne se positionne plus dans la zone des grandes turbulences économiques et a atteint actuellement la zone de stabilité économique. La Tunisie a réalisé un taux de croissance de 2,8% au titre de 2014, proche de celui réalisé par l'Egypte 2,2% et relativement plus élevé que celui enregistré par le Maroc : 1,1%. Quant aux projections pour l'année 2015, le FMI prévoit pour la Tunisie, un taux de croissance à hauteur de 3,7% ce qui marque effectivement la sortie de la zone de turbulences économiques. Pour l'Egypte, le FMI prévoit un taux de croissance de 3,5% et un taux de 2,0% pour le Maroc. Le déficit de la balance commerciale s'inscrira en 2015 dans une tendance légèrement progressive pour la Tunisie passant ainsi de -7,7% en 2014 à -6,6% en 2015. Idem pour le Maroc, une légère amélioration sera notée en 2015 du déficit de la balance commerciale passant de -6,8% à -5,8%. A contrario, l'Egypte accusera une hausse remarquable de son déficit de la balance commerciale en 2015 pour s'établir à -4,0% alors qu'il a atteint -0,4% en 2014. Et c'est aux profondes tensions sociopolitiques qu'est due la faible croissance observée en Tunisie au titre de 2014. Toutefois, le FMI rassure dans son rapport en indiquant que « l'amélioration graduelle de la confiance devrait soutenir la demande intérieure à mesure que l'incertitude politique se dissipera.» Pour autant, ces éléments ne suffiront pas à faire baisser le taux de chômage au demeurant élevé au regard des risques pesant sur les perspectives dont la tendance reste baissière. Le FMI explique à ce titre que : « Les revers des transitions politiques, l'intensification des tensions sociales et sécuritaires et les retombées des conflits régionaux, de même qu'une croissance économique plus faible que prévu chez les principaux partenaires commerciaux sont autant de facteurs qui pourraient compromettre la reprise.» Hakim Ben Hammouda a considéré lors de la séance de présentation du rapport du FMI, que la Tunisie doit entreprendre davantage d'actions dans le but d'améliorer sa situation économique. En effet, le ministre des Finances a indiqué que le déficit de la balance commerciale de la Tunisie est notablement moins élevé que la moyenne dans la région de l'Afrique du Nord selon le rapport du FMI. Aussi, le taux de l'endettement de la Tunisie est-il moins élevé en comparaison aux autres pays de la région arabe. Par ailleurs, le déficit budgétaire de la Tunisie a avoisiné les 5% au titre de l'année 2014 et frôlera, selon les projections du FMI pour 2015, les 6%. En comparaison à l'année 2013, une légère progression a été enregistrée en termes de déficit budgétaire, lequel pourrait être réduit grâce à la mise en place des réformes de subvention et par la même conduire à l'épargne d'un point de PIB en moyenne en 2014-2015. Dans la classe des déséquilibres extérieurs, une amélioration progressive a été notée au niveau des exportations, du tourisme et des investissements directs étrangers (IDE). Cette amélioration est justifiée selon le FMI par la dissipation des incertitudes politiques de manière graduelle. Les déséquilibres extérieurs s'améliorent donc mais demeurent toutefois importants. L'institution internationale indique, dans son rapport, qu'une réduction du prix du pétrole, soit de 10 dollars par rapport au scénario de base, pourrait réduire le déficit budgétaire et extérieur. Néanmoins, interrogé sur la question, Chedly Ayari, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, a expliqué qu'une réduction du prix des carburants en Tunisie n'est pas évidente à opérer. Le fait est que cette baisse impliquera un abaissement des recettes de l'Etat et donc engendrera un trou dans les caisses, auquel il faudra trouver de nouvelles ressources. Dans le registre du chômage, le FMI indique dans son rapport, que la croissance à moyen terme est trop faible pour permettre la réalisation de progrès de haute facture en termes de chômage ainsi que de niveau de vie. Le taux de croissance de référence étant de l'ordre de 5%, le chômage diminue de 1% pour s'établir à 11%. A fin 2014, la Tunisie s'inscrit dans l'espace du 40ème centile inférieur en termes de commerce et de bureaucratie, et dans le 60ème centile inférieur en matière d'éducation, de finance, de cadre juridique, de réglementation ainsi que de corruption. Le FMI rapporte que pour sortir du sentier du 40ème centile inférieur, il faudra opérer nécessairement de vastes réformes structurelles. Par ailleurs, des investissements supplémentaires en infrastructure de l'ordre de 15 milliards de dollars par an pourraient permettre à la Tunisie de gagner de 1 point et demi de croissance. Le FMI recommande, par la même, de continuer à préserver la stabilité macroéconomique, à avancer dans la mise en œuvre des réformes programmées pour générer une croissance plus forte et plus inclusive, des réformes du secteur bancaire, budgétaires ainsi que structurelles.