Dans une interview accordée, le 15 décembre 2014, au journal électronique en langue arabe, « Noun Post », Lotfi Zitoun, dirigeant au parti Ennahdha, a traité de la situation dans les différents pays ayant été touchés par ce qu'on appelle le « Printemps arabe ». A propos de l'Egypte, M. Zitoun estime que les Frères musulmans ont mal géré leur succès, ce qui avait conduit au coup d'Etat fomenté par l'armée. Le résultat est qu'en Egypte, on se retrouve, aujourd'hui, face à deux « légitimités », la première enfantée par les élections ayant abouti à la consécration du président Mohamed Morsi. La seconde légitimité a été générée par des élections, mais fait face à de nombreuses accusations et critiques, selon ses propres termes. En Syrie, la révolution a commencé selon le même rythme que les autres soulèvements dans le monde arabe, assure Lotfi Zitoun, mais étant donné les spécificités géostratégiques de la Syrie, les affrontements se sont vite transformés en guerre civile avec ses tueries et boucheries. Et d'ajouter qu'on ne peut plus parler de révolution en Syrie, car quel profit peut-on tirer d'une révolution qui détruit le pays et ses citoyens, s'interroge t-il ? Et à M. Zitoun de faire une translation en Libye qui a raté sa révolution, selon lui, après la détérioration de la situation en Syrie. A souligner que Lotfi Zitoun a fait deux révélations de taille dans cette interview. La première est son opposition à la « rupture regrettable des relations diplomatiques de la Tunisie avec la Syrie, qui avait été décidée d'une manière précipitée » La deuxième est qu'il s'était « farouchement opposé à la rupture des relations avec l'Egypte », a-t-il ajouté sans préciser que c'est Moncef Marzouki qui avait pris les deux initiatives de rupture. « On a réussi à éviter l'erreur en ce qui concerne le dossier égyptien après avoir échoué à l'éviter à propos de celui syrien », a-t-il encore affirmé.