Le chef du gouvernement Mehdi Jomâa est revenu, jeudi 15 janvier 2015, sur la grève ouverte des transports publics indiquant que son équipe assumera son entière responsabilité jusqu'au bout de son mandat pour les négociations avec les parties syndicales. Mehdi Jomâa a toutefois souligné qu'il refuse, avec tout le respect dû aux syndicats tunisiens, que des grèves sauvages soient entamées en paralysant le pays. « Je ne voudrais pas parler de pressions politiques, mais en cette période de transition qui connaitra bientôt la passation des pouvoirs, il est délicat d'entamer des grèves. Il est primordial de respecter la loi». Ainsi, M. Jomâa annonce que les agents grévistes seront sanctionnés via des prélèvements sur salaire et qu'il a demandé au ministre de la Défense de faire intervenir les militaires pour assurer le transport des citoyens. Le chef du gouvernement a, par ailleurs, déclaré que les relations avec l'UGTT se passent dans le respect et au sein du dialogue, assurant que les pressions viennent des bases. Concernant les négociations sociales, consécutives aux majorations salariales dans le secteur public, il a précisé qu'elles n'ont pas encore commencé. Il affirme que l'UGTT est conscient que le prochain gouvernement ne pourrait pas entamer les négociations tout de suite : « En fin de mandat on ne veut pas prendre des décisions qui entravent le prochain gouvernement et on croit en la continuité de l'Etat ». D'un autre coté, Mehdi Jomâa a estimé que la situation économique en Tunisie est très délicate : « le positif c'est la réussite de la transition. Une stabilité politique et sécuritaire garantirait le retour des investissements ». Le chef du gouvernement rappelle les réformes fiscales, bancaires ou au niveau des compensations, qui ont été miss en place, et donneront leurs fruits dans les années à venir. « Tous les efforts doivent être maintenus. Il ne faut pas oublier que la Tunisie dispose d'une bonne image à l'extérieur, de même que des ressources humaines compétentes. On peut être, à l'avenir, une plateforme, un hub économique dans la région ». M. Jomâa assure en outre que le déficit commercial a été causé par la dégradation du secteur des énergies et le taux conséquent d'importations. Il considère que l'économie consiste en des cycles et que le travail du gouvernement sortant aura des résultats concrets dans les trois années à venir, évoquant également la question de la rationalisation de la subvention à travers la mise en place de l'identifiant unique. En ce qui se rapporte au dossier sécuritaire, Mehdi Jomâa souligne que son approche consiste en un travail de tous les jours et sur terrain, en essayant d'organiser les différentes équipes sécuritaires et de coordonner entre elles. Il revient sur les différends ayant opposé la présidence de la République et la présidence du Gouvernement, assurant qui n'était pas possible de divulguer certaines informations. Tout de même, M. Jomâa précise qu'après les attentats commis à Châambi, il a eu une approche professionnelle quant aux nominations : « Avec le ministre de la Défense, on a vu qu'il était nécessaire d'appliquer des changements. Dans le cadre de nos prérogatives, on a changé le chef d'Etat major de l'armée et d'autres postes ». Il évoque ainsi, les accusations émises par la présidence de la République, à son encontre attestant qu'il a fomenté un coup d'Etat contre l'institution présidentielle. Le chef du gouvernement conclut en évoquant l'affaire de l'enlèvement des deux journalistes tunisiens, Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari en Libye : « Aucune confirmation n'existe quant à leur exécution, d'autant plus que personne n'a revendiqué clairement un tel acte. Pour l'instant on a établi les contacts avec toutes les parties libyennes, sans pour autant arriver à des informations concluantes ».