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Pauvres de nous !
Publié dans Business News le 21 - 01 - 2015

Le récent rapport de l'ONG Oxfam, établi avec la collaboration du Crédit Suisse, devrait tous nous interpeller sur la marche de ce monde. A quelques jours de la grand-messe de Davos, ce rapport établit que, en 2014, 1% de la population mondiale possède 48% des richesses et que 80% de la population vit avec 5,5% des richesses mondiales. Cette tendance ne semble pas s'inverser puisque, en 2016, 1% de la population détiendra plus de richesses que les 99% restants…
Plusieurs critiques ont été émises sur les méthodes de calcul, la définition économique du « pauvre » et du « riche », la projection qui est faite sur une plus longue durée... Toutefois, il est une réalité qui émane de tout cela : les inégalités se creusent un peu partout dans le monde. Comme les faits et les chiffres sont têtus, les notions d'équité, d'égalité et de justice sociale en prennent un sérieux coup. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres.
Et comme il s'agit d'une tendance mondiale, il n'y a pas de raison pour que la Tunisie y échappe. La pauvreté en Tunisie est perçue par l'opinion publique à travers des flashs qui font, parfois, la une des médias. On apprend par exemple qu'un enfant à Kasserine est mort car il a été contaminé par la rage. En fait, un groupe d'enfants a été attaqué par des chiens errants et le pauvre gosse a chopé la rage et en est mort. Ceci a eu lieu en Tunisie, en 2015.
Dans un autre journal télévisé ou émission de radio, on apprend que tel village perdu au fin fond de la Tunisie n'a pas d'électricité ni d'eau potable. On voit également des reportages émouvants sur telle famille qui vit dans un gourbi sans pouvoir manger tous les jours, ou cette mère de famille qui travaille comme un chien pour nourrir ses enfants et son mari etc.
Seulement, l'indignation et la prise de conscience ne dure que l'espace du reportage en question. Après, on zappe, on passe à autre chose, on oublie. Et c'est comme cela que l'on continue à souffler sur les braises de la colère et de la révolte.
Aujourd'hui en Tunisie, la pauvreté se généralise et se banalise. Elle perd graduellement sa charge émotionnelle qui conduit à l'indignation. La pauvreté ne nous émeut plus ou peu. Cette banalisation nous permet de passer tranquillement devant le pauvre gars qui passe ses nuits dehors. Elle nous permet aussi de vite oublier cet enfant laveur de vitres ou vendeur de papier mouchoir. On les toise d'un regard qui varie, selon les personnes, du mépris à la condescendance, puis on passe notre chemin et on les oublie.
Aujourd'hui en Tunisie, il y a des gens qui ont faim. Ils sont travailleurs journaliers, vieux délaissés, parfois même étudiants. Certains diront qu'ils ont aussi connu des difficultés quand ils étaient jeunes et que ça ne les a pas empêchés de se dégoter une place au soleil, que tout le monde doit trimer et travailler pour y arriver même si ça passe par ce type de désagrément. Ce n'est pas totalement faux, mais il faudrait qu'il y est une condition à cela : l'égalité des chances. Il faudrait que tout le monde parte du même point pour que ce soit le travail qui fasse la différence mais on sait bien que ce n'est pas le cas aujourd'hui en Tunisie.
Et puis, que faire de ces pauvres bougres que la faim tenaille ? Peut-on réellement se regarder tranquillement dans un miroir en sachant que certains de nos compatriotes ont faim ? Et après on demande à ces gens d'être des citoyens responsables, de voter, de contribuer et d'agir ?
Cet aspect de la vie sociale tunisienne est, par-dessus le marché, abordé avec une hypocrisie collective affligeante. Dans certaines nouvelles résidences pour foyers surendettés, les promoteurs prévoient une petite chambre de 2 mètres sur 3. Cette chambre se trouve généralement au balcon de l'appartement. De la taille d'une cellule de prison, cette chambre est prévue pour la « bonne », la petite employée de maison tout juste adolescente qui travaille douze heures par jour pour des clopinettes.
Le plus beau c'est que tous, ensuite, se mettent à disserter sur les devoirs citoyens et sont férus des valeurs humanistes de tolérance, d'égalité et de justice. Tout le monde a eu une idée précise sur la manière dont les choses doivent être faites. Pourtant, personne n'est gêné par les vieux délaissés, les personnes qui ont faim aujourd'hui en Tunisie, celles qui meurent de la rage ou des petites malheureuses qui nettoient les grandes maisons. On pourra disserter comme on voudra, mais tant qu'on n'aura pas enlevé nos œillères, on pourrait au moins avoir la décence de nous taire.


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