Chiheb Teliche, secrétaire général du conseil syndical national des imams et des cadres des mosquées, a lancé jeudi 2 juillet en début de soirée un appel aux imams leur suggérant d'inclure différents points importants dans leur prêche hebdomadaire du vendredi 3 juillet 2015. Sept points importants figurent dans cet appel. Le premier d'entre eux est une dénonciation de l'attaque terroriste de Sousse « qui a fait couler du sang innocent ». Le deuxième point dénonce « la campagne hostile contre les mosquées et les imams et leur inclusion inique dans la campagne anti-terroriste ». Dans le troisième point, le syndicat appelle à se scandaliser suite « aux insultes et aux injures de quelques hommes de médias insolents contre les mosquées. L'un d'eux a déclaré ‘'les défauts de nos bars et non les méchancetés de vos mosquées'' et a également déclaré : ‘'j'insulte les mosquées et lieux de culte, la sûreté, les forces de sécurité, le gouverneur, le délégué, le ministre, le ministère, l'Etat et les présidents''. Le quatrième point est un appel au refus de la fermeture des mosquées et le manque de respect de la volonté du peuple dans le choix de ses imams. Le cinquième point est un appel au soutien à tout imam limogé d'une manière injuste et orientée à l'instar de ce qui s'est passé avec l'imam Béchir Ben Hassen. Le sixième point insiste à ce que toutes les manifestations de protestation soient pacifiques et légales et le dernier est un appel à manifester mercredi 8 juillet devant le siège du ministère des Affaires religieuses si le ministre « ne se rétracte pas dans ses décisions injustes et irresponsables ».
Le communiqué a été relayé rapidement par les imams connus par leur radicalisme ou leur proximité avec certains courants politiques, dont notamment l'imam de Sfax, Ridha Jaouadi, réputé proche du CPR. En parallèle, la ville de Msaken a observé hier soir, pour la deuxième nuit consécutive, une manifestation de protestation (photo ci-dessus) contre le limogeage de l'imam Béchir Ben Hassen. Entre 300 et 400 personnes ont protesté dans la ville, sans qu'il n'y ait d'incident quelconque à signaler.
On notera que le communiqué du syndicat des imams comporte plusieurs contrevérités, ce qui est étonnant de la part de chefs religieux d'un islam qui proscrit fermement le mensonge. La première est relative aux attaques ciblant les médias, puisque ces derniers n'ont jamais visé l'islam, les mosquées ou les imams, mais plutôt le radicalisme et les appels au djihad lancés par des imams extrémistes. Par ailleurs, il n'a jamais été établi qu'un journaliste ait insulté ou dénigré une mosquée. Il s'agit là de rumeurs propagées sur les réseaux sociaux, notamment contre notre confrère Mohamed Boughalleb , que les imams relaient sans vérification aucune de l'authenticité. Quant aux imams limogés, et le cas de Béchir Ben Hassen précisément, la décision a été prise par l'ancien ministre des Affaires religieuses de la troïka depuis 2013. L'actuel ministre n'a fait qu'ordonner l'exécution de la décision, d'autant plus que l'imam en question, repris de justice dans des affaires de droit commun en France, est réputé pour son extrémisme et sa haine à l'encontre des laïcs et des actuels gouvernants.