La chambre syndicale des producteurs des boissons alcoolisées (CSPBA) a tenu une conférence de presse, ce mercredi 10 février 2016, à l'hôtel Africa, pour présenter sa position par rapport aux nouvelles mesures relatives aux droits de consommation tels qu'indiqués dans le cadre du décret N°1768 du 10 novembre 2015 et de la Loi de finances 2016, qui touchent plus précisément la nouvelle taxation sur les alcools forts. En effet, l'Etat tunisien a décidé de baisser la taxe sur les alcools forts (45°) qui est passée de 650% à 50%, de telle sorte que les prix des boissons moins alcoolisées comme les bières et les vins se sont retrouvés dans la même fourchette de prix que celle des alcools forts qui sont en plus en Tunisie non distillés et à base de produits importés. Ce changement de prix a poussé les consommateurs tunisiens vers les alcools forts et à la transformation de leurs habitudes, en deux mois seulement.
La chambre a fustigé, donc, par la voie de son président, Mohamed Ben Cheikh, ces nouvelles mesures qui s'attaquent à la production locale et qui menacent ses 25.000 emplois directs, dont 3.000 agriculteurs et qui causera à long terme des problèmes de dépendance (surtout pour les jeunes), des problèmes de santé et des accidents de la route. Pour eux, ces mesures sans queue ni tête ont été prises sans la moindre concertation avec la chambre et ne répondent à aucune logique : le seul argument du ministère des Finances étant la lutte contre le marché parallèle, or dans ce secteur il ne représente que 5%.
Le ministère compte collecter 70 millions de dinars (MD) en plus, grâce cette mesure. Le hic, c'est qu'en contre partie il devra subir des pertes d'au moins 30% sur les recettes des taxes sur les bières et les vins (qui sont annuellement de l'ordre de 400 MD).
Résultat des courses, les ventes d'alcools forts ont augmenté de 300% à 400%. Par contre, celles des producteurs de vins ont diminué de 20 à 30%, celles des bières ont baissé de 25% pour la SFBT et de plus de 55% pour Sonobra. Cette dernière pense carrément à la mise en place d'un plan social.
La chambre syndicale a envoyé donc un courrier à la présidence du gouvernement, au ministère des Finance et au ministère de l'Agriculture pour les sensibiliser à la question. La chambre syndicale des producteurs des boissons alcoolisées réclame le retrait pur et simple de cette loi ou la révision totale du mode de taxation des produits alcoolisés.
M. Ben Cheikh a précisé que le ministère leur a fixé un rendez-vous pour la semaine prochaine. Si des solutions ne sont pas trouvées au cours de cette entrevue, il a souligné que la chambre va monter d'un cran dans sa pression, notamment en organisant des rassemblements de protestation devant les ministères des Finances et de l'Agriculture.