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Tripoli et Tunis doivent raison garder
Publié dans Business News le 11 - 02 - 2016

L'expulsion toute récente de huit Tunisiens soupçonnés d'être membres de Daech ainsi que les déclarations du ministre des Affaires étrangères du gouvernement de salut national à Tripoli menaçant de fermer les frontières si le gouvernement tunisien ne revient pas sur sa décision d'interdire l'atterrissage des avions en provenance de Libye à l'aéroport de Tunis-Carthage, tout cela indique une montée de la tension entre Tripoli et Tunis qui ne profite à aucun des deux pays.

L'histoire de la Libye depuis l'époque romaine en passant par les conquêtes et les invasions jusqu'aux bombardements de l'OTAN de 2011 et ses conséquences, a toujours été une histoire mouvementée, douloureuse, pleine de souffrance et d'humiliation. Les pouvoirs qui se sont succédés depuis l'indépendance en 1951, celui de la monarchie Sanoussi et de Kadhafi, chacun à sa manière, ont eu pour souci principal d'effacer l'humiliation, de soulager la souffrance et de sortir le peuple libyen de la misère. Tout ce qui a été fait, l'a été dans des conditions d'hostilité des pays occidentaux qui ont fait payer aux Libyens un prix cher pour leur indépendance et un prix encore plus cher pour leur indépendance financière. Les différents embargos dont a souffert la Libye en sont l'illustration.

Quelque soit l'opinion qu'on peut avoir ou le jugement qu'on peut porter sur l'intervention occidentale en Libye de 2011, qui a eu pour conséquence la chute du régime et la mort de Kadhafi, nul ne peut contester le fait qu'elle a eu des résultats inattendus et des conséquences aux effets déstabilisateurs pour la Libye et l'ensemble du Maghreb et de l'Afrique. A elles seules, ces conséquences devraient inciter à une réflexion approfondie sur les modalités du changement politique, surtout quand il est provoqué.

Sans nul doute, la révolte de mars 2011 a créée une situation nouvelle et a ouvert un espace d'espoir, de liberté et de meilleures conditions de vie. Elle a engendré une dynamique et a rendu possible l'émergence de nouvelles forces sociales porteuses d'espoir d'une Libye affranchie des pesanteurs du passé. Mais sans nul doute aussi, cette révolte a déstabilisé gravement un pays en pleine reconstruction.

Trop de défis étaient à relever : instaurer la démocratie et la liberté, reconstruire l'Etat, réorienter l'économie et redonner à la Libye sa place sur la scène internationale, sans oublier la défense de son identité conciliable avec le progrès et l'émancipation des femmes. Ce sont là des défis considérables pour un pays aux structures sociales fragiles et dont les institutions étatiques sont embryonnaires.

La crise dans laquelle la Libye se débat actuellement est à la fois une crise de maturation, de stabilisation mais aussi de reconstruction sociale et politique. Comme c'est le cas dans d'autres systèmes, la crise provoque souvent des replis sur des solidarités traditionnelles qu'elles soient régionales, ethniques ou tribales. C'est une manière pour les Libyens d'affronter les défis en question et leurs conséquences déstabilisatrices. En même temps, ces replis constituent des obstacles supplémentaires qui rendent la situation encore plus conflictuelle. Le conflit actuel entre Tobrouk et Tripoli est en fait la résurgence d'un conflit ancien opposant les deux régions, conflit qui semblait s'être estompé dans le passé mais qui refait surface en raison de la crise que traverse ce pays.
La conjonction de tous ces facteurs explique l'impasse dans laquelle se trouve plongée la Libye. C'est une impasse dangereuse car non seulement elle a pour conséquence la grave dégradation des conditions de vie des Libyens aussi bien sur le plan de la sécurité que de l'alimentation et de la santé. La Libye vit aujourd'hui de l'aide alimentaire extérieure et ses hôpitaux sont dépourvus de matériels de soins et de soignants aussi bien médecins qu'infirmiers. Les Libyens seront bientôt privés de pain par manque de moyens financiers pour s'approvisionner en farine sur le marché. Pendant ce temps, des milliards de dollars sont bloqués dans les banques occidentales en raison des sanctions de l'ONU. La persistance de cette situation porte gravement atteinte aux intérêts du pays et constitue un danger de désintégration.

Il est urgent qu'une autorité nationale soit rétablie et qu'un pouvoir puisse asseoir son autorité sur l'ensemble du territoire afin de sauver le pays et lui permettre de relever les défis considérables qui l'attendent. Dans ce contexte, les autorités à Tripoli doivent prendre la juste mesure des enjeux et savoir assumer leurs responsabilités historiques. Il ne sert à rien de mettre en danger les relations de bon voisinage entre les Libyens et la Tunisie qui ont fait leurs preuves dans le passé et dans le présent. L'ennemi des Libyens est d'abord à l'intérieur mais il est aussi à l'extérieur. S'affranchir d'une longue période de domination n'est pas chose aisée et cela demande du temps, de la patience et de la concorde à l'intérieur du pays, chose qui n'est pas simple à réaliser. Cela demande aussi de la part des responsables libyens de la vigilance, une grande clairvoyance et une capacité de distinguer les vrais amis des vrais ennemis.

La Tunisie a toujours été l'ami des Libyens et a fait preuve d'une grande capacité d'accueil et de soutien. Les mesures prises par les autorités tunisiennes répondent à un souci de sécurité et de rationalité. Ils ne sont l'expression d'aucune hostilité à l'égard d'un peuple voisin qui traverse une nouvelle phase douloureuse de son histoire très mouvementée. Les autorités à Tripoli, comme à Tobrouk, doivent comprendre la signification des mesures décrétées par les autorités tunisiennes, doivent les entendre et savoir garder raison. La Libye a besoin d'un voisin stable et qui soit à même de sauvegarder sa propre sécurité. Quelque soit l'issue de la crise libyenne, la Tunisie sera toujours un voisin respectueux et fiable pour les Libyens.


* Universitaire, spécialiste de la Libye et expert.


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