Mehdi Mahjoub, porte-parole de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles et directeur général de City Cars, concessionnaire de Kia Motors en Tunisie, est revenu, dans une interview accordée à Rim Saaidia dans son émission Eco Mag sur Express Fm vendredi 12 février 2016, sur l'affaire des quotas, la libéralisation du marché, la voiture populaire et la reprise des véhicules d'occasion. Réagissant aux précédentes déclarations du ministre du Commerce, Mohsen Hassen où il avait affirmé qu'il n'y aura pas d'ouverture du marché pour ce secteur durant cette année 2016, en soulignant que la Tunisie a besoin de médicaments, de devises et de plusieurs autres priorités, Mehdi Mahjoub a exprimait la déception des concessionnaires automobile. Il a précisé que l'année précédente, le ministère et la chambre se sont mis d'accord sur l'ouverture graduelle du marché. Il a expliqué que l'année 2015 a été exceptionnelle et qu'aucun concessionnaire n'est resté en rupture de stock. D'ailleurs, alors que chaque année il y a une pénurie en décembre et en janvier, cette année les concessionnaires ont continué leurs activités normalement. «Nous ne voulons plus sentir la pression des quotas», précisant qu'alors que le gouvernement leur a accordé 55.000 véhicules l'année dernière, ils ont importé moins (52.000) mais sans les inconvénients habituels. Ces quotas empêchent les concessionnaires de négocier le prix avec les constructeurs et favorisent le marché parallèle, explique-t-il en réponse à la question.
Positivant, M. Mahjoub a indiqué, que le ministre a quand même émis des signaux positifs : en étant à l'écoute que la transition vers l'ouverture du marché se fera graduellement et que l'Etat favorisera le marché officiel. Il a rappelé que, par la force de la loi, le marché automobile est libre et que les concessionnaires ont attendu un gouvernement élu pour appliquer «avec courage» la loi, en soulignant que les importations de véhicules ne représentent que 1,5% du total d'importation de la Tunisie.
En augmentant ce taux à 1,6 ou 1,7%, l'Etat gagnera plus qu'il ne perdra en impôts et taxes et en employabilité. Il s'est interrogé sur les raisons du fait que les restrictions ne touchent que le secteur des véhicules et ne touchent pas les autres secteurs qui sont libres et ouverts. Il a rappelé que le ministère a sauté le pas avec l'ouverture du marché des camions et qu'il s'est autorégule tout seul. Pour lui, la protection du marché et cette peur est injustifiée. Il a rappelé que ce secteur est exportateur et qu'il participe à 41% du total des exportations du pays. La balance est excédentaire 3,5 fois en plus. M. Mahjoub a expliqué que depuis 6 ans la taille totale du marché est restée la même (77.000 à 80.000 véhicules par an), et que si le marché officiel ne subvenait pas à la demande, elle était couverte par le parallèle, ce qui représente une perte conséquente en terme d'impôts et taxes pour l'Etat, moins d'investissement et moins d'employabilité, notamment dans les régions. Si on ferme les accès au marché officiel et parallèle, il y aura pénurie au pays, note-t-il.
Concernant les voitures populaires (1,2 cylindrée et 4 CV), Mohsen Hassen avait annoncé l'annulation du système de 1994, pour le remplacer par un nouveau. M. Mahjoub a expliqué que ces véhicules existent sur le marché, mais les concessionnaires ne les vendent pas en tant que tel depuis que le ministère a fait des restrictions d'importation après la révolution, étant donné que les procédures sont complexes et fastidieuse, alors que la marge de bénéfice brute sur ce genre de véhicule est de 500 dinars. Ayant le choix, les concessionnaires proposent ces véhicules 4 CV avec des droits de consommation normale 16% (au lieu de 10% pour la voiture populaire) et une TVA de 18% (au lieu de 12% pour la voiture populaire).
Les concessionnaires sont d'accord sur le principe d'importer ce genre de véhicules à condition que le volume importé ne soit pas comptabilisé dans les quotas et que la marge de bénéfice est revue à la hausse, de telle façon qu'elle couvre leurs frais. Le porte-parole de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles a expliqué que le ministre a, donc, proposé un volume hors quota de 4.500 à 5.000 véhicules pour des frais de 1.000 dinars et que la chambre allait étudier le projet avant de lui répondre, pour connaitre qui sont les concessionnaires intéressés. La proposition des concessionnaires est que la marge de bénéfice ne soit plus fixe mais un taux fixe du prix du véhicule.
Concernant le dossier de la reprise des véhicules d'occasion, ils ont proposé au ministre des Finances soit l'abattement de la TVA, soit de l'imposer sur les bénéfices de la vente et non pas l'achat du véhicule. Le ministre a accédé à leur requête et cette dernière mesure (payement de TVA sur bénéfice) est passée dans la Loi de finances 2016. Pour lui, la plus importante problématique est le prix, estimant qu'il faut faire une grille tarifaire.