Mondher Ben Brahim, directeur général au ministère des Finances et Badis Bahri, conseiller fiscal et vice-président de la chambre nationale des conseillers fiscaux étaient les invités de la matinale sur la Radio Nationale ce vendredi 4 novembre 2016 pour un débat en profondeur sur les dispositions de la Loi de finances 2017. Les deux protagonistes ont débattu du fait que de plus en plus de corps de métiers critiquent la LF 2017 et de la question du report ou non de l'augmentation de la masse salariale. Badis Bahri a déclaré : « Au départ, seuls quelque groupes de personnes contestaient la LF 2017, maintenant c'est tout le monde ! ». Sur la rudesse du contexte économique et sur le fait que la LF 2017 a été élaborée dans des conditions spécifiques, ils sont tombés d'accord.
Badis Bahri a déclaré que « parler de la LF 2017 sans que la loi de finances complémentaire de 2016 ne soit prête est une aberration », il a également indiqué qu'une cavalerie avait lieu en Tunisie. Ce processus financier où de nouveaux emprunts servent sans cesse à rembourser les emprunts antérieurs a été dénoncé par le conseiller fiscal. Ce dernier a questionné le directeur général au ministère des Finances sur l'affectation des 6.2 milliards de dinars servant de budget de développement. Il a demandé : « Où est cet argent ? S'il a été dépensé nous voudrions savoir dans quels secteurs, si l'argent est toujours disponible pourquoi avons-nous recours à l'emprunt extérieur ? ». Il a ajouté que la LF 2017 sanctionne les citoyens en prélevant les impôts sur des salaires purement alimentaires et sur les retraites, ce qui est inique selon lui.
A ce propos, Mondher Ben Brahim a répondu qu'à situation exceptionnelle, il fallait des solutions exceptionnelles et que les efforts de tous sont sollicités. A propos des professions libérales qui contestent la LF 2017, principalement les avocats et les médecins, le responsable au ministère des Finances a déclaré : « Lamia Zribi, la ministre des Finances, les a reçus. Je voudrais rappeler que pour les médecins, il n'y a aucune taxe en plus et idem pour les avocats. Ce que nous demandons c'est uniquement d'avoir des factures précises de leurs rentrées d'argent ce qui est tout à fait légitime ». A propos des avocats qui exercent tout en ayant une patente mais dont les revenus sont déclarés de façon erronée, Mondher Ben Brahim a avancé le chiffre de 3200 avocats concernés par cette infraction. Les notions d'impôts libératoires des professions libérales et d'impôts forfaitaires ont été discutées par les deux protagonistes. Le fait que l'administration fiscale n'ait pas les moyens de surveiller tout le monde a mis les deux invités d'accord.
Enfin, à propos de la police fiscale, Badis Bahri a déclaré : « Cela ressemble fortement à de l'inquisition fiscale ! » ce à quoi, Mondher Ben Brahim a répondu : « Cette police fera des procès verbaux et aura les mêmes fonctions qu'un procureur de la République. Après tout, nous parlons d'argent qui appartient à l'Etat. Quoi qu'il en soit : La LF 2017 va nous permettre de passer l'année convenablement ».