18 octobre 2012, Tataouine, sud de la Tunisie. Un groupe de manifestants proches et appartenant à des partis au pouvoir de l'époque, la troïka, fait le tour de la ville en promettant d'éjecter les RCDistes et les azlem. La manifestation s'arrête devant le local de l'Union régionale des agriculteurs occupé par des membres appartenant au principal parti d'opposition de l'époque, Nidaa Tounes. Les manifestants escaladent les murs, entrent de force au bureau, et font sortir de force ses occupants. Ces derniers sont agressés verbalement et physiquement, violentés et piétinés. L'un d'eux, quadragénaire, meurt. Il s'appelle Lotfi Naguedh, il laisse derrière lui une veuve et six orphelins. Des centaines de manifestants présents, seuls quelques uns sont arrêtés.
14 novembre 2016, le tribunal de première instance de Sousse prononce son verdict : non-lieu pour ces quelques uns traduits devant la cour. Said Chebli, l'un d'eux, prend ici un selfie avec les célèbres membres des Ligues de protection de la révolution. On voit notamment Rached Khiari, directeur du site islamiste radical Assada (auteur de la photo), Imed Deghij des LPR du Kram et Recoba.
Pendant ce temps-là, Lotfi Naguedh se retourne dans sa tombe. La veuve et les six orphelins s'interrogent : qui a tué mon mari ? Qui a tué notre père ? Personne, leur répond la justice ! C'est la volonté de Dieu, leur répondent les islamistes politiques et les membres des Ligues de protection de la révolution qui crient, depuis hier, leur joie et leur victoire que Said Chebli fut innocenté.