Le président de la République Béji Caïd Essebsi a accordé ce soir du mardi 22 novembre 2016, une interview spéciale conduite par Myriam Belkadhi et Zyed Krichen, afin de revenir sur les derniers développements de la scène nationale. A propos de son absence lors des séances d'auditions publiques organisée par l'Instance Vérité et Dignité, Béji Caïd Essebsi a indiqué que « le président de la République n'est pas tenu à être présent à tous les évènements. D'ailleurs l'IVD n'est pas une instance constitutionnelle, elle se positionne au dessus de tous », soulignant qu'il reste cependant favorable au processus de la justice transitionnelle. Quant à sa position au sujet de ces séances il a estimé que la justice transitionnelle nécessite une confrontation entre les victimes et les tortionnaires au lieu de passer des témoignages, sans qu'il n'y ait aucun vis-à-vis.
Abordant la polémique déclenchée par le jugement dans l'affaire de Lotfi Nagdh où les accusés ont bénéficié d'un non-lieu, le président Caïd Essebsi s'est dit étonné du verdict rendu, précisant qu'il respecte l'indépendance de la magistrature. Toutefois, ceci ne l'empêche pas d'exprimer son point de vue et dire ce qu'il pense de ce jugement.
Concernant le gouvernement de Youssef Chahed, le président de la République a affirmé que la mise en place de ce gouvernement d'union nationale est dans l'intérêt de la Tunisie. « Cependant, le blocage actuel avec la centrale syndicale ne durera pas. Je suis optimiste, et ce blocage ne sert aucune partie », a-t-il indiqué, soulignant que le FMI n'a pas imposé le report des augmentations salariales, sauf qu'il a exigé une meilleure productivité en contrepartie. Et d'ajouter, que ce gouvernement est celui de tous les Tunisiens et qu'il nécessite tout le soutien, notamment, en ces temps de crise où le pays a besoin de beaucoup de solidarité. « Il faut que les citoyens prennent conscience de la difficulté de la situation, et c'est le rôle des médias », a-t-il noté.
A propos des accusations sur l'existence d'une base militaire américaine en Tunisie et sur les missions effectuées par les drones à partir de bases tunisiennes pour des missions de reconnaissance aux frontières libyennes, Béji Caïd Essebsi a nié, catégoriquement, une telle existence tout en reconnaissant que des drones américains se trouvent en Tunisie et effectuent des missions avec l'aval des autorités tunisiennes. «Les Américains nous aident dans la lutte contre le terrorisme et contribuent à la formation de nos cadres militaires sur l'utilisation des drones qui seront gardés en Tunisie », a précisé BCE en substance.
Interrogé sur la crise au sein de Nidaa Tounes, le président de la République a indiqué qu'elle a démarré depuis les élections de 2014, estimant que Hafedh Caïd Essebsi [ndlr : son fils ] n'en est pas l'unique responsable. « Et là si je le vire, qui dois-je encore virer ? » s'est–il interrogé. Et de poursuivre qu'il n'interviendra pas avant que « ceux qui font semblant de s'intéresser à son intérêt ne reviennent à la raison et fassent preuve d'altruisme », a-t-il affirmé, précisant qu'il est assez mature pour recevoir certaines recommandations, notamment, celles faites par Ridha Belhaj.
Quant à l'éventualité de formation d'un front englobant toutes les forces démocratiques, il a considéré que l'idée n'est pas, vraiment, bonne, dans la mesure où une telle initiative remettra sur scène le concept du parti unique, qui a, longtemps pesé sur la Tunisie.