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Le 14 janvier, rendez-vous insurrectionnel des régions tunisiennes
Publié dans Business News le 15 - 01 - 2017

Le 14 janvier est désormais devenu la période la plus propice aux émeutes, aux heurts avec la police, aux routes coupées et aux occupations de gouvernorats dans les régions. Pour le gouvernement, cette date privilégiée est désormais celle de l'annonce des réformes. Un rendez-vous national mettant en exergue l'ébullition qui règne dans les régions insurrectionnelles tunisiennes par où tout avait commencé en 2011. La version 2017 de cette révolution confirme la discordance existante entre le pouvoir central et les administrés. Le slogan Travail, Liberté et Dignité résonne plus que jamais dans notre pays où peu de consécrations ont été réalisées en faveur des régions.

Alors que Béji Caïd Essebsi a décidé de se rendre à Gafsa pour commémorer la révolution, Youssef Chahed et son équipe gouvernementale ont fait le choix de se réunir à l'Institut préparatoire aux études scientifiques et techniques (IPEST) de Sidi Bou Saïd. Un choix stratégique qui met en avant l'intérêt accordé à la jeunesse tunisienne, ce qu'il a d'ailleurs déclaré lors de son allocution du 14 janvier 2017.
« Fêtons nos martyrs, soyons fier de notre pays qui nous permet de vivre librement, rendons hommage à notre Constitution moderne mais reconnaissons nos échecs cuisants ». Voilà en substance ce qu'a avancé le chef du gouvernement annonçant par la suite une série de mesures en faveur du pays. Sauvetage des médias, loi d'urgence économique, mesures dans le domaine agricole, construction de 13 nouveaux hôpitaux régionaux courant de l'année 2017. De son côté, le président de la République a annoncé le lancement d'une batterie de mesures à Gafsa.
Un projet industriel basé sur les extraits de phosphate d'une valeur de 20 millions de dinars, deux projets agricoles qui seront prochainement inaugurés par le ministre de l'Agriculture, Samir Taïeb, la mise en place de « 1000 petits projets qui fourniront au moins 3000 emplois » selon ses dires, l'attribution d'un train nouvelle génération reliant Gafsa à la capitale et destiné au transport des passagers mais aussi une amélioration de la situation environnementale de la ville, la construction de nouvelles communautés urbaines et la mise en place d'une station de dessalement d'eau de mer pour permettre à la région d'être autosuffisante en eau. Mais qu'en est-il de l'adéquation de ces mesures face aux revendications sociales de nos régions ?

Dans la zone tampon, à Ben Guerdène et Dhehiba, les revendications sont relatives au poste frontalier de Ras Jedir. Ce que demandent les manifestants c'est avant tout la réouverture permanente de la frontière. Les habitants n'ont d'ailleurs pas célébré le sixième anniversaire du 14 janvier, poursuivant leur mouvement de protestation. Quinze jours ont ainsi été accordés au gouvernement pour sortir de sa boite de pandore la solution à ce blocage. Sur le volet emploi, le ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, Abid Briki, et le ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l'Homme, Mehdi Ben Gharbia, se sont engagés à prendre les mesures adéquates lorsqu'ils se sont rendus vendredi 13 janvier dernier au siège de la délégation de Ben Guerdène. Les décisions annoncées sont le démarrage des travaux de la zone industrielle, l'aménagement d'un marché maghrébin, l'octroi de cartes de transport et de cartes de soin gratuites en faveur des familles de victimes de l'opération terroriste de Ben Guerdène de mars 2016.

D'autres revendications cachées qui coïncident avec les mouvements sociaux ont poussé les habitants de la ville à protester. Elles concernent la rupture nationale d'approvisionnement en cannabis dans le pays et le blocage des marchandises de contrebande à la frontière. Le chef du gouvernement y faisait certainement allusion lorsque, le 12 janvier dernier, il avait affirmé que les mouvements de protestation à Ben Guerdène« sont légitimes » quand ils ont pour motivation l'emploi et le développement dans la région mais « inacceptables » lorsque fondés sur d'autres demandes. Les saisies récurrentes de stupéfiants passant de la Libye vers la Tunisie prouvent que cette hypothèse est plausible. 27 avril 2014 : 185 kilos de résine de cannabis ont été saisis, le 11 février 2015 c'est quelques 200 kilos, le 5 février 2016 : 164 kilos de cannabis sont saisis dans une camionnette Libyenne, le 13 juin 2016 : 50 kilos saisis dans une voiture libyenne, le 29 avril 2016 : 49 kilos, 30 avril 2016 : 54 kilos…
Cette zone tampon qui dérange les autorités est en effet un passage privilégié pour les terroristes, le commerce frauduleux, le trafic d'armes et la contrebande, véritables sources de revenus pour les habitants.
Le mouvement de protestation a également atteint la ville de Sbeïtla. Le 12 janvier 2017, les manifestants ont confisqué la voiture du gouverneur et ont attaqué le siège du gouvernorat. Cette action intervient en signe de protestation contre le recours aux forces de l'ordre pour mettre fin à leur sit-in auprès du siège de la délégation mais aussi pour appeler à leur fournir un emploi et à limoger le gouverneur.

A Kasserine, zone tampon avec l'Algérie, c'est le 4 janvier que les manifestations ont commencé. Entre 21h et 22h, la ville a commencé à s'embraser, considérée comme en « état d'urgence à la puissance 10 » par le député Mohamed Troudi. Les manifestations à Kasserine ont également posé de multiples questions. Le délégué de Kasserine, Atef Massi a tenté d'y répondre en indiquant dans une déclaration accordée à l'agence TAP que les revendications nocturnes en cause visaient à perturber la situation sécuritaire et « à camoufler une opération de trafic de drogue ». Mercredi 11 janvier 2017, le ministre de l'Intérieur Hédi Majdoub a confirmé cette hypothèse. Il a ainsi révélé lors de son audition devant la commission de législation générale à l'ARP que des individus avaient tenté de provoquer le chaos à Kasserine pour permettre le passage de marchandises contenant des stupéfiantsen profitant du climat d'anarchie générale. Il avait alors précisé que les forces de sécurité avaient réussi à saisir en 2016 près de 34 kg de cocaïne et plus de 2000 kg de cannabis.Que Kasserine soit une plaque tournante du commerce de stupéfiants est une chose, il est cependant indispensable de mettre en avant les revendications pour l'emploi et le développement dans cette région sensible.

A 57 km de Kasserine, dans la ville enclavée de Thala, le 11 janvier 2017, la situation a également dégénéré. Des manifestants travaillant dans les chantiers ont bloqué la route qui relie le Kef à Kasserine.Suivant le mouvement de protestation, près de 100 protestataires ont appelé le gouvernement à régulariser leurs situations dans une escalade importante de la violence. Un poste de police a été attaqué avec des jets de pierres et les forces de l'ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes. Des responsables gouvernementaux se sont déplacés pour discuter avec les manifestants qui réclamaient plus de moyens pour assurer le développement économique de la ville, sachant que le centre-ouest compte parmi les régions les plus pauvres du pays.
Au berceau de la révolution, à Sidi Bouzid et plus précisément à Meknassi, la situation reste encore instable après les manifestations menées par des jeunes chômeurs réclamant l'emploi et le développement dans la région. Titulaires de diplômes, les manifestants ont revendiqué un emploi dans le secteur du phosphate après avoir réussi un concours de recrutement. Cela faisait déjà quelques jours qu'ils sillonnaient les rues de la ville.Des affrontements avec les forces de l'ordre ont également eu lieu. Une situation qui a amené le syndicat régional, relevant de l'UGTT, et d'autres organismes de la société civile à appeler à une grève générale. Le 12 janvier, toutes les activités commerciales de Meknassi ont ainsi été mises à l'arrêt. Certains autres ont vu dans l'embrasement de Meknassi un complot émanant de milices ayant pour but de semer le chaos.
C'est à Jendouba que le chef du gouvernement a décidé de se rendre jeudi 12 janvier. A Ain Soltane où il a annoncé la construction de 1000 habitations sociales dans la région ainsi que la mise à disposition de 50 autres habitations à El Menjem dans la délégation de Sakiet Sidi Youssef.
Lors d'un point presse organisé à l'arrivée du président de la République à l'aéroport international Gafsa-El ksar, il a annoncé que le décret-loi n° 2011-97 du 24 octobre 2011 portant indemnisation des martyrs et blessés de la révolution de 2011 allait être amendé pour y inclure les martyrs du bassin minier « martyrs de la révolution de la liberté et de la dignité ».Par ailleurs, lors de l'inauguration du nouveau local de la laverie de phosphate à Metlaoui, son convoi a dû changer de direction en raison d'une manifestation observée par des diplômés au chômage qui ont fermé la route et incendié des pneus…
La révolution tunisienne qui fête son 6èmeanniversaire semble être annuelle et répondre à une logique d'inachèvement. L'aspect insurrectionnel de nos régions et les vagues protestataires de ses habitants sont devenus une habitude pour la Tunisie, le 14 janvier étant la date de prise de rendez-vous pour les manifestants comme pour les gouvernants qui ont décidé d'en faire une journée d'annonce des réformes.


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