Non je ne parlerai pas de la fête de la femme cette année. Un sujet usé et abusé que je ressasse chaque année à l'approche du 13 août, du 8 mars et en trouvant des prétextes pour le remettre au goût du jour en différentes autres occasions. Et puis zut… j'arrêterai de parler de la femme lorsqu'il n'y aura plus rien à dire. J'arrêterai de ressasser le même discours lorsqu'on n'aura plus besoin de le faire en Tunisie Lorsqu'on verra autant d'hommes que de femmes à l'hémicycle, au gouvernement, dans les cercles économiques, politiques et d'influence. Lorsque les femmes occupant des postes clés ne seront plus dénigrées pour leur physique, leurs choix personnels, leur vie de famille ou leur manière de s'habiller. Lorsqu'une photo de la porte-parole de Carthage n'affolera plus la toile car on la voit y allumer une cigarette. Lorsqu'on ne rhabillera plus la ministre de la Jeunesse et des Sports, en usant de Photoshop, pour rajouter quelques centimètres de plus à sa jupe jugée trop courte. Lorsqu'on n'entendra plus des phrases comme : « travail non adapté aux femmes », « elle réussit bien pour une femme », « ce n'est pas le rôle d'une femme »,« ce n'est qu'une femme après tout » et qu'on n'aura plus besoin de « discrimination positive ».
Mais l'égalité homme-femme n'est pas l'unique sujet usé et abusé depuis longtemps. L'actualité estivale, morose avouons-le, est aussi marquée par un fait et non des moindres. La reprise des relations tuniso-syriennes…ou plutôt l'espoir d'une reprise. Né sur les décombres du défunt (ou presque) fantasme palestinien, les Tunisiens partent aujourd'hui à la reconquête de la Syrie. Tous les yeux sont braqués sur ce pays en guerre. Entre un dictateur sanguinaire qui assassine son peuple et des groupes terroristes qui les utilisent comme chair à canon, le choix n'est pas facile à faire, si on choisit de simplifier. Mais ce choix semble avoir été fait par la Tunisie, même si aucune position officielle n'a été émise à l'heure actuelle. Dialoguer avec « le dictateur syrien ». Position prise par les parlementaires tunisiens, la centrale syndicale et la ligue des droits de l'Homme. Position qui a aussi l'aval des autorités puisqu'aussi bien le ministère des Affaires étrangères que la présidence de la République ne voient aucun inconvénient à toutes ces visites.
Les personnes faisant partie de ces délégations ont quelque chose en commun. La même idéologie, ou presque. Un nationalisme arabe bien ancré basé sur des principes aussi dépassés que l'unité des nations arabes et prenant comme envol le défunt fantasme palestinien que les Tunisiens rêvent de « libérer » et de « sauver » depuis que le monde est monde. Du côté syrien, la volonté de redonner un coup de fouet aux relations diplomatiques avec la Tunisie n'est pas vraiment là, mais les Tunisiens continuent d'espérer. Ces efforts ont impliqué un défilé de plusieurs délégations aussi bien parlementaires que syndicales. L'idée étant d'aider ce pays à « sortir de la crise » mais aussi et surtout de faire un pur calcul géopolitique en tentant de « réparer » une rupture décidée par l'ancien président de la République Moncef Marzouki il y a de cela 5 ans. Une rupture qui n'a pourtant, dans les faits, jamais été rendue effective. Aujourd'hui, les positions sur la Syrie sont à la fois mitigées et prudentes. Ennahdha préfère jouer la carte de la prudence en préférant ne pas commenter un sujet dans lequel elle pourrait laisser des plumes. L'ancien président Marzouki, toujours aussi téméraire et tête brûlée, se désengage de tout lien avec la ligue des droits de l'Homme, dont il est le président d'honneur, après que celle-ci ait demandé ouvertement à la reprise des relations diplomatiques avec la Syrie au nom des droits de l'Homme.
Avouons-le, la Tunisie a beaucoup plus à gagner que la Syrie de ce « rétablissement » des relations diplomatiques. Le nombre de jihadistes tunisiens combattant en Syrie du côté de Daech ne se calcule plus tellement les données existantes restent rares et contradictoires. Au-delà de tout le brouhaha qui entoure ce dossier, rien de concret n'a vraiment été fait. La coopération syrienne reste timide, la motion pour le rétablissement des relations tuniso-syriennes a été rejetée au parlement et les autorités tunisiennes ne voient pas vraiment l'urgence d'élever le niveau de coopération déjà existant. Toutes les initiatives vers la Syrie demeurent personnelles, rien d'officiel, et les intérêts derrière pourraient l'être tout autant…