L'ancien directeur des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) et cinéaste indépendant, Ibrahim Letaief, a dénoncé hier, mardi 15 aout 2017, dans un statut publié sur sa page Facebook, les procédures entourant le projet Tunisia Factory 2018. Selon lui, ce projet artistique« n'obéit ni aux règles d'équité et ni à celles d'égalité entre les producteurs et les réalisateurs tunisiens et est constitutif d'un abus de pouvoir de la part du conseil d'entreprise du Centre national du cinéma et de l'image (CNCI) ». Tunisia Factory 2018 est un projet destiné à la sélection de quatre jeunes réalisateurs tunisiens qui seront appelés à coécrire et coréaliser 4 court-métrages avec 4 jeunes réalisateurs étrangers. Les productions seront par la suite projetées en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes en mai 2018.
Dans une lettre ouverte adressée au ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine et à la directrice générale du CNCI, Chiraz Latiri, Ibrahim Letaief a déploré les dépenses trop onéreuses de ce projet qui n'aura, selon lui, qu'une faible visibilité.Il a aussi exhorté le ministre à réexaminer ce projet.
Brahim Letaief a indiqué que ce projet coutera 320 mille dinars et que le budget global pour la production des 4 court-métrages en question est estimé à 572 mille de dinars. Il a aussi assuré que 28 mille euros seront dépensés au titre de la promotion du cinéma tunisien à l'étranger « sans qu'aucun droit ne soit versé sur les films produits ».Des dépenses qualifiées d'exorbitantes « pour une simple projection qui aura lieu à Midi à Cannes dans une salle de 500 personnes alors que pendant ce temps-là les médias seront occupés par les stars et les projections de la compétition officielle » a dénoncé Ibrahim Letaief soulignant que l'impact médiatique de ce projet ne sera pas assuré à 100%.
Après avoir critiqué ce projet, Ibrahim Letaief a suggéré : « Si on fait un petit calcul selon les coûts des court-métrages en Tunisie, nous remarquerons que 55 mille dinars peuvent permettre de produire entre 10 et 15 court-métrages et cela sachant que la Tunisie possédera la globalité des droits. Cela permettrait à une quinzaine de producteurs de travailler, créer des emplois … cela au lieu des 4 réalisateurs désignés par la partie française et avec l'argent tunisien ».