L'annonce de la démission de Hamdi Meddeb de la présidence de l'Espérance sportive de Tunis a créé l'évènement la semaine dernière. Les chaines de radio ont interrompu leurs programmes pour faire cette annonce et depuis, les efforts se sont accumulés pour faire renoncer l'homme d'affaires à cette décision. Les interventions sont même venues du plus haut niveau de l'Etat… La nouvelle est tombée le 26 septembre 2017, Hamdi Meddeb a présenté sa démission de la présidence de l'Espérance sportive de Tunis. Le club l'a confirmé dans un communiqué paru sur son site officiel en disant : « Dans un communiqué adressé à l'administration du club, monsieur Hamdi Meddeb a décidé de quitter la présidence de l'Espérance sportive de Tunis ». Pendant trois jours, les supputations et les pronostics se sont succédés pour savoir si oui ou non Hamdi Meddeb irait au bout de sa démarche et abandonnerait réellement la présidence du club. La plus invraisemblable d'entre ces suppositions est sans doute celle qui a bombardé Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes, à la tête de l'Espérance sportive de Tunis. Une promotion que HCE a vite démentie en disant qu'il ne briguait pas cette responsabilité même s'il est un fidèle supporter du club. Il a également exhorté Hamdi Meddeb à rester à son poste en ajoutant qu'il est allé immédiatement le voir chez lui en apprenant la nouvelle.
Ces suppositions sont basées sur le fait que Hamdi Meddeb a injecté des dizaines de millions de dinars dans les finances du club ce qui a permis d'attirer les meilleurs joueurs. En deuxième lieu, le fait que la démission de M. Meddeb ait pour origine une contreperformance sportive. Et pour parachever le tableau, le comité des sages de l'Espérance sportive de Tunis, qui regroupe les anciens présidents du club et quelques uns de ses dirigeants historiques, a pesé de tout son poids pour que Hamdi Meddeb change d'avis.
Mais l'intervention la plus spectaculaire est sans doute celle du président de la République, Béji Caïd Essebsi. Selon plusieurs sources, des contacts téléphoniques ont eu lieu entre les deux hommes suite à l'annonce de la démission. Ses contacts se sont concrétisés ce jour par une rencontre au palais de Carthage. Selon le communiqué de la présidence de la République, Béji Caïd Essebsi a demandé à Hamdi Meddeb, officiellement, de renoncer à sa décision de démissionner du club. Une intervention qui montre, si besoin était, la collusion qu'il peut y avoir entre politique et sport. Les clubs de football en Tunisie, et particulièrement les grands du championnat, sont des relais d'influence bien trop importants pour être épargnés par la politique. On citera dans ce sens l'exemple de Slim Riahi qui a voulu – et réussi dans une certaine mesure- à employer politiquement sa présidence du Club africain.
D'anciens présidents de l'Espérance sportive de Tunis sont montés au créneau, et surtout dans les médias pour prendre la défense de Hamdi Meddeb et pour commenter sa décision de démissionner. Aziz Zouhir est allé sur le plateau de Myriam Belkadhi pour expliquer les pressions auxquelles peut être soumis le président d'un club comme l'EST. Il a également déclaré qu'une petite partie du public de l'Espérance aurait pu avoir des propos virulents envers le président de l'Espérance mais que la majorité connait les sacrifices qu'a fait M. Meddeb pour le compte de l'Espérance. Pour sa part, Slim Chiboub a déclaré que Hamdi Meddeb ne devait pas démissionner de la présidence du club. Il a expliqué que la défaite contre Al Ahly est la responsabilité du staff technique du club et de ses joueurs et qu'en aucun cas Meddeb ne porte une quelconque responsabilité dans une déconvenue sportive. Il a également déclaré que le bureau directeur du club ne pouvait pas décider de convoquer une assemblée générale élective et que c'était au conseil des sages de le faire. Il parait clair que le conseil va explorer toutes les pistes pour essayer de garder Hamdi Meddeb à la tête du club avant d'envisager de le remplacer.
Mais la question récurrente est celle de savoir pourquoi Hamdi Meddeb a-t-il pris une telle décision ? D'après certaines sources, Hamdi Meddeb accumulait, depuis un certain temps, énormément de stress lié à sa double casquette de président de l'Espérance sportive de Tunis et de parton de Délice-Danone. Un stress qui aurait même des effets sur sa santé. En plus de tout cela, la défaite contre Al Ahly à Radés en Champion's League africaine, la plus prestigieuse des compétitions continentales, a beaucoup affecté le président de l'Espérance. D'autant plus que la victoire en Champion's League était l'un des objectifs annoncés de l'Espérance pour cette saison. Tout cela a été agrémenté par un flot d'insultes et de critiques visant le président par une minorité du public de l'Espérance.
Hamdi Meddeb a finalement tranché quant à son éventuel départ de l'Espérance sportive de Tunis. Sa décision est prise, il poursuivra sa mission à la tête du club. Il ne pouvait ignorer toutes les demandes qui lui sont faites pour rester. Quoi qu'il en soit, c'est un feuilleton qui a tenu en haleine le monde sportif et politique en Tunisie vu la rareté de la démarche et le fait qu'elle touche l'un des plus grands clubs de Tunisie, sinon le plus grand.