« Que la lumière soit, et la lumière fut ». Selon la Genèse, cette phrase a été la première prononcée par Dieu au commencement du monde. C'est dire l'importance de la lumière pour la vie. Quelques millier d'années après, l'homme est parvenu à extraire l'énergie des photons en provenance du soleil pour produire de l'énergie électrique. En Tunisie le procédé est fonctionnel depuis plus d'une décennie mais peine à être efficace et à avoir un impact concret sur la vie des citoyens. Quel en sont les causes ? Focus sur un secteur au point mort. « La maîtrise de l'énergie est considérée comme une des priorités nationales dans la mesure où elle constitue un élément principal du développement durable et qui a une relation étroite avec l'évolution économique et sociale et avec la protection de l'environnement ». Il s'agit là de l'article premier de la loi de 2004-72, relative à la maîtrise de l'énergie en Tunisie. Une loi qui définit la maîtrise de l'énergie comme étant un ensemble d'actions qui doivent être mises en œuvre pour une utilisation rationnelle de l'énergie, la promotion des énergies renouvelables et la substitution de l'énergie. Depuis sa formulation, ce texte a donné naissance à une série de mesures qui visent entre autres choses, à faciliter l'accès de la population à l'énergie solaire (Photovoltaïque : PV). Quelques années plus tard, naissait le projet Prosol Electrique. Lancé en mai 2010, il est destiné à promouvoir les maisons solaires à travers un mécanisme incitatif. Concrètement pour dimensionner une installation photovoltaïque, les paramètres qui interviennent sont : le besoin du client en électricité, la surface disponible et le budget dont il dispose.
En Tunisie, la consommation d'un logement varie en générale de 1200kwh à 5000 Kwh. Selon la législation en vigueur et en application du cahier de charge de Prosol, l'utilisateur a droit à une installation de 1Kwc, soit un ensemble de 5 à 6 panneaux solaires qui peuvent produire un maximum de 1600 Kwh. Coût total de l'opération 10 mille dinars (à l'époque). Une somme considérable accessible à une certaine frange de la population qui voit la chose comme un investissement sur le moyen terme qui permettra d'abattre les coûts de sa consommation. Cette somme, réduite de moitié aujourd'hui (baisse des coûts de production), sera supportée, à hauteur de 30% par l'ANME (Agence National de Maitrise de l'Energie) et de 10% par la MEDREC (coopération Italie en Tunisie). Dans le contrat signé par le client, la STEG, elle, devra fournir, l'onduleur (équipement essentiel à la conversion du courant continue en courant alternatif), d'une valeur de 3000DNT. Les 4000 DNT restants, seront supportés par l'utilisateur au moyen d'un autofinancement et d'un crédit bancaire disponible exclusivement auprès d'Attijari Bank et remboursable dans les facture STEG sur une durée de 5 ans. Pour faire court, celui qui adhérera au projet verra au bout de 5 à 7ans sa facture d'électricité baisser, d'au moins 60%. Si par contre l'adhérant décide de faire une seconde installation pour ne plus avoir rien à payer à la STEG, il ne le pourra pas, la loi l'en empêche.
Aujourd'hui, plus de 7 ans après le lancement du programme, peu de ceux qui y ont adhéré ont vu le bout du tunnel. Pendant plus de 5 ans, ces personnes ont continué à payer des factures exorbitantes, et dans leur grande majorité, ils continuent à payer sans savoir ce qui se passe, étant donné le manque de suivi des entreprises qui ont effectué l'installation. Des problèmes techniques survenant de temps à autre, font aussi, que la production s'arrête pendant de longues périodes. L'effet boule de neige tant espéré par les initiateurs du projet n'a donc jamais eu lieu.
Lorsqu'on accède au site internet de l'Agence Nationale pour la Maîtrise de l'Energie (ANME), l'on nous parle d'un Plan Solaire Tunisien (PST). Il s'agit de la stratégie à long terme des autorités, qui vise à diversifier le « mix » énergétique, actuellement basé à 95% sur le gaz naturel. Y est prévue une réduction de l'utilisation du combustible de l'ordre de 50% à l'horizon 2030, grâce notamment au déploiement massif des systèmes de production d'énergies renouvelables ainsi que le début d'une production à base de charbon. Selon ce plan (PST), la contribution des énergies renouvelables représentera 30% du total de la production électrique à l'horizon 2030 (15% d'éolien, 10% de solaire photovoltaïque (PV) et 5% de solaire à concentration).
Actuellement le cadre réglementaire tunisien pour des installations PV de taille moyenne pour l'autoproduction, est dépourvu d'incitations. De plus, la procédure administrative étant lourde, les installations de ce genre sont rares. Ce qui ressort ici est que pour l'autoproduction et plus généralement l'autonomie, la STEG et l'ANME n'ont pas la même conception. En Tunisie, les coûts des systèmes PV résidentiels ont chuté de 50% depuis 2010. Bien que cela implique une majeur rentabilité des installations, celle-ci reste encore de 25% plus élevée par rapport au marché international et de plus de 40% en comparaison avec des pays comme l'Italie, l'Allemagne ou encore la Chine ou le Japon. D'après l'organisation Bloomberg New Energy Finance, le coût du Watt crête (Wc)* sur le marché international est de : 2,12 €. En Tunisie il s'élève actuellement à : 2,9€, (1,68 €/Wc pour l'Allemagne). l'ANME, évalue le potentiel exploitable du Photovoltaïque en Tunisie à 340-844 GW (une quantité d'énergie absolument pharamineuse). Si tout va bien, en 2030, 10% de l'énergie électrique consommée en Tunisie, sera produite par des panneaux PV.
Un pays comme le Costa Rica produit aujourd'hui 98% de sa consommation à partir d'énergies renouvelables. Il y arrive grâce à une politique claire et une utilisation optimale des ressources à disposition. Entre temps, en Tunisie, le site internet du ministère de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, n'est pas opérationnel, il est « en construction ».
*Wc : Le Watt crête caractérise la puissance d'un panneau photovoltaïque